Crédit visuel : Université d’Ottawa
Par Pascal Vachon – Journaliste
Le rapport sur la santé mentale et le mieux-être de l’Université d’Ottawa (U d’O) juge que le financement des services en santé mentale est insuffisant. Celui-ci indique que « jusqu’à 50 % des ressources de première ligne […] provient de sources de financement extérieures ».
Soumis au Bureau des gouverneurs le 27 janvier dernier, le document est le résultat du Groupe d’action, un comité nommé par le recteur de l’U d’O, Jacques Frémont, en janvier 2018.
Le rapport est chargé de formuler un plan d’action pour la transition vers Transformation 2030. Celui-ci est disponible en ligne et il émet plusieurs recommandations liées au financement.
Des chiffres inquiétants
Le document émet plusieurs constats chiffrés : près de 9 % des étudiant.e.s de l’établissement bilingue ottavien auraient déjà pensé au suicide, contre 10,1 % des étudiant.e.s à travers le pays.
Un peu moins de la moitié des élèves de l’U d’O auraient affirmé que l’anxiété affecte leur rendement scolaire, contrairement à 41,9 % pour les étudiant.e.s à travers le pays.
Il s’agit aussi de 69 % des étudiant.e.s qui auraient jugé leur expérience scolaire universitaire traumatisante, soit 10 % de moins qu’ailleurs au Canada.
Besoins évidents
Il est recommandé, par l’International Association for Counselling, d’avoir un conseiller pour 1 000 à 1 500 étudiant.e.s. À l’U d’O, il y a présentement, un conseiller pour 2 300 étudiant.e.s. Il s’agit d’une augmentation, car, en 2016, un conseiller était offert pour 3 500 étudiant.e.s.
« Une importante partie du financement est ponctuelle ou à court terme : le personnel est donc recruté au moyen de contrats à court terme et la capacité à répondre à la demande de services s’en trouve réduite », décrit le document. Il y ai précisé qu’il s’agirait d’une norme dans le milieu.
Le manque d’investissement serait particulièrement notable dans la communication avec les élèves. Selon le rapport, l’origine de ce manque serait monétaire.
Certaines campagnes de communication, n’ayant pas énormément de ressources financières, laisseraient croire, selon le rapport, que la communauté « ignore l’existence de ce travail et […] que rien ne se passe ».
« Le financement, jusqu’à présent, limité et sporadique […] [a] compromis les efforts du groupe d’action et de d’autres entités en ce qui à trait à la diffusion de communications de sensibilisation. L’U d’O a la taille d’une ville canadienne : le financement et la planification de nos communications devraient refléter ces besoins », tranche le Groupe d’action.
Des actions à venir
Le document, d’une vingtaine de pages, propose de mettre en place un plan. Des universités comme Carleton, Toronto et Calgary ont mis en place des plans d’action à l’échelle universitaire et sont citées en exemple dans ledit rapport.
Le rapport propose qu’« il manque à l’Université d’Ottawa un cadre stratégique cohésif, global, sophistiqué et moderne qui lui permettrait pleinement de mettre en place une culture de mieux-être ».
Pour assurer le bon fonctionnement du projet, le Groupe d’action propose l’ajout d’une infrastructure tel qu’un bureau pour « la mise en œuvre, l’évaluation et le suivi de la santé mentale et du mieux-être à l’Université ».
« Cette infrastructure, plus solide, aiderait l’Université d’Ottawa à coordonner les nouvelles données et pratiques exemplaires ainsi qu’à s’y adapter, à modifier les processus de l’établissement pour qu’ils s’arriment aux nouvelles exigences juridiques », selon le Groupe d’action.
Aucun objectif de financement n’a encore été établi, ce qui rend impossible de connaître l’impact financier de ces nouvelles mesures.
Une mesure nécessaire
Ce rapport survient après la Semaine du mieux-être et quelques jours après une exposition appuyée par l’Église de Scientologie, qui a eu lieu sur le campus, abordant l’effet négatif des médicaments en psychiatrie.
L’établissement universitaire préfère promouvoir son tout nouveau plan d’action qui se déploiera dans les prochaines années. Cela peut partiellement expliquer pourquoi l’U d’O a dissuadé son service des sports de promouvoir la campagne de Bell Cause pour la Cause.