Crédit visuel : Clémence Roy-Darisse
Par Clémence Roy-Darisse – Cheffe de la section Arts et culture
Comment embrasser le mode de vie zéro déchet, au quotidien, et sur une plus longue période ? Quelles sont les principales difficultés ? Afin d’y répondre, La Rotonde a rencontré cinq femmes qui ont adopté le mode de vie zéro déchet.
Il s’agit d’Ariane Harper, Stéphanie Basquin, chargée de projet en montage image. Mais aussi de Zoé Plouffe, étudiante en histoire de l’art à l’Université d’Ottawa (U d’O), Marie-Hélène Sarazin, mère au foyer, et Magalie Lefebvre, étudiante à la maîtrise en sociologie féministe à l’U d’O et dirigeante d’une compagnie de savon zéro déchet.
Le mode de vie zéro déchet n’a pas de frontière et s’incarne de plusieurs façons différentes ; bien que certaines rapportent s’être inspirées de l’extérieur, il n’existe pas de mode d’emploi précis concernant cette pratique.
Gestes concrets
Ariane Harper explique qu’à l’épicerie, elle fait attention d’acheter des contenants qu’elle peut réutiliser par la suite.
Marie-Hélène Sarrazin, elle, décrit qu’elle utilise des couches lavables et des produits de beauté sans emballages en plus de faire son épicerie selon le même mode. Elle fait aussi ses courses à pied lorsque c’est possible, réduit son gaspillage alimentaire et apporte ses contenants quand elle consomme la nourriture d’un restaurant rapide.
Zoé Plouffe, quant à elle, se centre sur la fabrication ; notamment d’aliments, de savons et de cosmétiques. Elle répare aussi les objets et les vêtements. « Il faut être créatif pour leur donner une seconde vie plutôt que de s’en débarrasser », propose Plouffe. Elle reprend aussi les meubles sur le bord de la rue pour les rendre au goût du jour.
Stéphanie Basquin partage faire son propre déodorant et son propre dentifrice, bien qu’elle affirme en riant que « ce n’était pas la meilleure expérience ». Le goût n’était pas comme celui auquel elle était habituée.
Par où commencer ?
Afin d’appliquer ces gestes, au quotidien, Marie-Hélène rapporte avoir fait la liste de ses déchets. Ensuite, elle a réfléchi à des solutions pour éviter chacun d’entre eux. « Mes deux premiers gestes ont été d’adopter le shampoing en barre et de coller un collant pas de circulaires [sur sa boîte aux lettres] », explique-t-elle.
Zoé, de son côté, faisait déjà ses savons et cosmétiques. Elle s’est donc lancée en quête de matières premières en vrac. C’est le cas de Stéphanie aussi qui a débuté par la fabrication de ses propres produits ménagers. « Je suis passée par étape ; cuisine, salle à manger, salle de bain » , précise-t-elle.
Malgré tous ces efforts, les entreprises ne sont pas complètement adaptées à ce mode de vie qui gagne en popularité.
Imperfection : au coeur du zéro déchet
Une épicerie zéro déchet peut exiger de nombreux efforts. Certains produits, pas toujours abordables, sont difficiles à trouver sans emballage ; les pains, le lait, les oeufs, le yogourt. Ils peuvent également être difficiles à trouver, selon l’endroit où l’on habite. « Ça demande beaucoup de temps et d’énergie de faire plusieurs commerces pour pouvoir simplement compléter une épicerie », élabore Zoé Plouffe.
Stéphanie Basquin explique que la provenance des produits poserait aussi un enjeu. Parfois, certains produits qui semblent plus verts viennent de loin. « Faut faire du zéro déchet, mais faut faire local ». Lorsque vient le temps de créer ses propres produits, les ingrédients à acheter seraient souvent emballés dans du plastique, poursuit-elle.
Marie-Hélène énonce que ses enfants portent parfois des couches jetables et qu’elle n’a pas eu l’occasion de faire ses produits de beauté maison. Les mouchoirs et le papier de toilette lavables restent un projet qu’elle souhaite cependant entreprendre. L’épicerie complètement zéro déchet semble encore être un défi pour plusieurs.
Stéphanie ajoute qu’il est aussi difficile de trouver le produit parfait ; parfois, certains produits bio contiennent de l’huile de coco ou d’autres ingrédients qui ne seraient pas écologiques.
Ce que disent les autres
Les réactions de l’extérieur, face au mode de vie, n’entrent pas toujours dans le cadre que l’on souhaite.
Marie-Hélène explique qu’à Noël, il était difficile d’empêcher la famille d’offrir des cadeaux. Ariane Harper raconte que si son fils joue avec des jouets en plastique, elle reçoit souvent des commentaires sarcastiques. « Je leur dis ; on n’est pas parfaits, mais on essaye et c’est normalement des cadeaux ou des jouets usagés ».
Cependant, les commentaires sont parfois positifs ; Magalie partage les réactions de ses client.e.s. « Les gens sont vraiment prêt.e.s à faire le changement », confie-t-elle.
Parce que j’ai un enfant
Les proches semblent être un facteur de motivation pour plusieurs d’entre elles. Ariane Harper rapporte avoir été motivée par le fait d’avoir un fils. Zoé Plouffe et sa famille ont, quant à eux, adopté la démarche suite à l’initiative de sa petite soeur. Marie-Hélène, quant à elle, explique qu’elle sentait la nécessité de « revenir à l’essentiel ».
Si les initiatives citoyennes et individuelles sont à encourager, les participantes s’entendent pour dire que les gouvernements doivent intervenir.
Ariane croit que le gouvernement canadien devrait aider les restaurants, les maisons de retraite et les écoles à devenir zéro déchet. Marie-Hélène, elle, énonce qu’il serait essentiel de réglementer le suremballage. Enfin, Zoé propose l’idée de subventionner les entreprises locales qui offrent un large éventail de produits en vrac.
Défi écolo à l’U d’O
Le Bureau du développement durable de l’U d’O a mis en place un défi zéro déchet du 19 janvier au 4 avril 2020. Les étudiant.e.s inscrit.e.s tentent de produire le moins de déchet possible pendant une période choisie ; entre deux et 10 semaines.
Si vous êtes intéressé.e.s par le défi, il possible de s’y inscrire en contactant le Bureau au durable@uOttawa.ca. Davantage d’informations quant aux actions environnementales du campus sont disponibles sur le site internet de l’organisation de l’U d’O.