Par Miléna Frachebois, journaliste
YouTube ou le moyen de procrastiner et de perdre des heures alors qu’on devrait réviser la veille d’un examen ? On y trouve de tout ! Le divertissement préféré des étudiant.e.s peut-il être considéré comme un nouveau domaine de création voire une nouvelle forme d’art ? Trouve-t-il une voie constructive malgré tout ?
Léa Choue, étudiante toulousaine de 25 ans aux 445 000 abonnés sur sa chaîne YouTube, donne son avis sur la question. Selon elle, tout dépend de ce que l’on veut trouver sur YouTube. Si des chaînes sont plus axées sur les voyages, les prestations artistiques telles que le chant, sont considérées comme un art.
Mais d’autres chaînes un peu moins expressives sont pour Léa des nouvelles créations, faisant de YouTube une « nouvelle ère de création, de partage, très intéressante et variée ». Il s’agit plus d’un « endroit libre » où on parle de nouveaux sujets. Elle mentionne alors les chaînes comme les siennes, qui servent à répondre à des questions sur des thèmes précis, comme elle et les sujets tabous. D’autres chaînes existent simplement pour aider dans les études, d’autres dans le bricolage. Pour résumer, on peut y retrouver de tout, et à tous les goûts, soit pour le côté pratique, soit pour se divertir ou pour les deux sur une plateforme accessible à la plupart du monde.
Être youtubeur, un vrai métier?
La question est discutée, un peu comme tous les autres métiers qui nous font « vivre de notre passion ». Léa insiste sur le fait que ce soit un vrai métier. Le format n’est certes pas traditionnel, mais il reste un emploi. Selon elle, faire des vidéos YouTube, c’est produire quelque chose et rendre service au spectateur.
Si c’est un vrai métier, qui rémunère les youtubeurs? YouTube. La paie est calculée selon le nombre de vues, le temps de visionnage, celui passé sur les pubs. En plus de cela, il y a les placements de produits et les partenariats avec les marques. Léa en a fait quelques-uns, notamment avec Yves Rocher et Undiz. Cependant, elle ne le fait pas très souvent, car elle ne veut pas dénaturer son travail pour une marque.
Ce qu’aime la youtubeuse dans son métier, c’est de se sentir utile. À travers ses vidéos, elle veut apporter aux autres et apprécie le côté humain du concept en soi. Elle veut apporter sa touche, elle qui déplore le fait de retrouver plus de tutoriels de maquillage que de vidéos qui s’expriment sur les sujets tabous dont elle traite dans ses vidéos. Elle souhaite répondre aux questions des spectateurs qu’aucun autre youtubeur ne traite.
Bien que le métier fasse rêver certains, Choue prévient sur les désavantages du métier ; la dépersonnalisation est un des traits qu’elle déplore. Il s’agit toujours d’être exposé, de recevoir des critiques et de devoir accepter et surmonter les attaques et harcèlements.
La concurrence obsessionnelle est aussi très présente dans l’esprit des youtubeurs. Léa avoue que beaucoup de créateurs ont des problèmes psychologiques, de dépression, dû à la dépersonnalisation, mais aussi à la compétition constante.
Des sujets tabous
Avant de se lancer dans YouTube, elle tenait un blogue et c’est là qu’on a commencé à lui demander de faire des vidéos YouTube. C’était alors un moyen de s’extérioriser et pas du tout dans un but de faire carrière. Alors comment explique-t-elle autant de succès en 5 ans ? En devenant la première youtubeuse française spécialisée dans la sexualité et d’autres sujets tabous qui sont souvent peu traités. Poils, règles, contraception en font partie, entre autres. En amont de ses études, elle essaie de publier une vidéo par semaine.
D’autres projets devraient apparaître sous peu. Certains sont secrets, mais elle avoue qu’un de ses projets portera sur les animaux et l’écologie, car elle aimerait sensibiliser ses spectateurs à la cause animale. Récemment, elle essaie d’être un peu plus active sur les réseaux sociaux pour répondre à la demande de son public.