Que quelques jours après les excuses officielles du gouvernement libéral pour le Règlement 17 – excuses qui nous viennent des décennies trop tard – Mme Wynne et ce même gouvernement tournent encore une fois le dos au peuple franco-ontarien. Une main nous offre des miettes; l’autre, une claque dans la face. Et esti que je suis tanné.
Je suis tanné qu’on justifie l’inaction sous la guise de vouloir voir ce que la communauté désire. La communauté a parlé, Mme Wynne. Elle a dit d’une voix claire et haute qu’elle désire une université. Depuis les années 70, on réclame cette institution et, plus concrètement, les trois institutions qui portent le flambeau du progrès (AFO, RÉFO, FESFO) ont trouvé en 2013 lors des États généraux que ce sentiment n’est rendu que plus féroce.
J’en ai marre de prétendants comme Marie-France Lalonde et Madeleine Meilleur, qui justifient leur position d’inaction en pointant à l’Université d’Ottawa comme bastion de la francophonie ontarienne. Cette pensée – partagée par notre cher Alan Rock – est toxique. Elle ne fait que démontrer une chose : que ces élus vivent dans le passé. Pour Mme Meilleur, ce passé inclut une vie étudiante à l’uOttawa lorsque celle-ci avait une population étudiante majoritairement francophone : majorité qui a depuis été érodée à moins qu’un tiers de la population étudiante. Encore plus intéressant est le passé de Mme Lalonde : elle aussi était une Gee-Gee alors que la majorité francophone existait toujours, mais seulement après avoir gradué du Cégep de l’Outaouais.
Ultimement, je ne prétends aucunement que ces femmes ne sont pas qualifiées pour ce dossier. Mais je les implore de considérer la situation actuelle, et non pas celle d’il y a deux décennies. La moitié des diplômés du secondaire franco-ontarien qui poursuivent leurs études les poursuivent en français. La majorité des jeunes pour lesquels cette université est nécessaire grandissent dans un milieu minoritaire : chose que Mme Meilleur (Vanier) et Mme Lalonde (Gatineau*) ne semblent pas comprendre. La route vers l’épanouissement francophone de ces jeunes – et je parle d’expérience personnelle – n’est pas facile. Elle est parsemée d’obstacles : des enseignants qui ne comprennent pas leur réalité, une élite franco-ontarienne qui préfère vivre avec sa tête sous le sable et un gouvernement provincial qui continue d’ignorer le simple fait que l’inaction contribue activement à leur assimilation.
J’en ai marre de me faire crosser quant à l’avenir de mon peuple. Si Mme Wynne, Mme Meilleur et Mme Lalonde veulent réellement s’excuser pour le Règlement 17, elles s’engageraient à des réponses concrètes à l’assimilation des Franco-Ontariens. Parce qu’en ce moment, James Whitney – le premier ministre qui a inauguré le Règlement en 1912 – serait extrêmement fier de la direction de leur gouvernement.
– Lucas Egan
* ndr : Quoique Mme Lalonde ait grandi à Gatineau, elle vit à Orléans et elle siège à l’Assemblée législative de l’Ontario à titre de députée d’Ottawa-Orléans.