
« On n’a pas besoin de vos pensées et prières, il faut vos actions »
Illustration Andrey Gosse
Par Emmanuelle Gingras, cheffe du pupitre arts & culture
Une réunion, un spectacle, une grande discussion (anglophone) se déroulera le 9 février prochain : Artists for Immigrants. C’est à The Origin Arts & Community Centre qu’il sera possible de consommer de la poésie d’envergure politique aussi dévouée que ses rédactrices. L’objectif de la soirée : amasser des fonds pour les frais juridiques et les soins de santé des migrants et des demandeurs d’asile aux frontières des États-Unis.
Alors que United States Customs and Border Protection (CBP), United States Citizenship and Immigration Services et United States Immigration and Customs Enforcement (ICE) ont arrêté plusieurs migrants et demandeurs d’asile avant de les séparer de leurs familles et de les mettre dans des centres de détention aux États-Unis, Maria Demare, organisatrice de Artists for Immigrants, souhaite consolider la conscience de son public face aux événements. Travaillant à temps plein comme enseignante de deuxième année à Kikinamadinan au cœur de la communauté Kitigan Zibi Anishinabeg, le bien-être à l’enfance est au cœur de ses convictions.
Poésie et activisme
Suite à une demande sur les réseaux sociaux, c’est trois poètes de la région que Maria Demare a su recruter : Blue Hunter-Moffatt, Rhube Knox et Elisabeth Clarke. « Il s’avère que chacun.e se soucie des gens et avec un désir commun de démontrer leur solidarité et leur soutien », affirme-t-elle. En entrevue, deux poètes qui seront sur les lieux :
La première, Rhube Knox, est très impliquée dans la communauté de la poésie à Ottawa. Travaillant comme travailleuse du sexe, « spoken word poet » et doula, Knox s’intéresse à la maternité dans la communauté LGBTQ+. Sa vie dévouée aux autres, c’est un grand honneur pour Knox de participer à la soirée : « Il est facile de se sentir impuissant quand on en apprend par rapport à tous les événements horribles qui nous entourent », affirme-t-elle. C’est pourquoi elle croit en la connection que crée l’art dans le but de réunir et confronter les injustices pour mieux les contrer. Knox se considère comme une « poète d’amour », sujet qui l’inspire. C’est d’ailleurs un tout nouveau poème sur son mariage secret qu’elle récitera, en plus d’un sur la SESTA (Stop Enabling Sex Traffickers Act).
Il y a ensuite Elisabeth Clarke (ou HTEBASIŁÉ) de Scarborough et logeant à Ottawa depuis 5 ans qui récitera 5 poèmes. « J’utilise souvent ma poésie comme moyen d’éduquer et c’était la parfaite opportunité de le faire », affirme la poète et rappeuse. En effet, l’art de Clarke se concentre tant sur son vécu personnel que sur les gens l’entourant : celle-ci souhaite réunir les gens et les émouvoir selon des sujets l’affectant : « J’ai tendance à parler des thèmes liés à la société, d’être noir et ses contraintes, les difficultés derrière la beauté et la féminité, ma foi et l’importance de cultiver le potentiel de la jeunesse ».
De tout pour tous
Artists for Immigrants n’est toutefois pas qu’une soirée de poésie. Il sera possible de témoigner de musique d’artistes locaux dont Glyphs, Em(ily) et KoolKamar. Il y aura aussi du live visual art et une enchère silencieuse, un tirage et des bouchées végétaliennes, généreuses donations de Little Jo Berries pour l’événement.