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Arts et culture

Watchers of the Sky, d’Edet Belzberg : « L’amour en dépit de la différence, et, plutôt, à cause d’elle » – Lemkin

29 septembre 2014

– Par Alexandre Millaire –

Histoire de l’acharnement de Raphaël Lemkin, l’homme qui a inventé le mot « génocide » et qui a dédié sa vie à pousser l’idée de la criminalisation des crimes perpétrés par les gouvernements sur leurs propres citoyens.

Le réalisateur Edet Belzberg nous offre un coup de maître avec son documentaire Watchers of the Sky, inspiré du livre récipiendaire du prix Pulitzer de l’essai en 2003, “A Problem From Hell” : America and the Age of Genocide, de Samantha Power.

Le fil conducteur du long métrage est la vie et l’héritage qu’a laissés Raphaël Lemkin, juif polonais qui a cerné, d’après l’extermination des Arméniens, la capacité universelle de l’homme de perpétrer des actes inimaginables contre « l’étranger ». C’est ainsi que commença sa quête pour trouver un mot qui pourra servir d’outil pour motiver les nations à concevoir une loi afin de traiter des crimes perpétrés par les gouvernements sur leur propre peuple. L’application et la ratification de cette loi, étalées pour nous dans leurs détails les plus frustrants, consumeront sa vie alors qu’il se transforma en lobbyiste inlassable. Nous suivons quatre visionnaires de la cause humanitaire durant le film : Samantha Power, ambassadrice des États-Unis aux Nations unies ; Luis Moreno-Ocampo, procureur en chef de la Cour pénale internationale ; Benjamin Ferencz, ancien procureur en chef pour les États-Unis des procès de Nuremberg ; et Emmanuel Uwurukundo, agent de réfugiés à l’ONU. Un portrait de chacun ainsi que des gens qui les entourent sont délicatement dépeints parmi les histoires d’horreur et d’inassouvissement qui forment leur quotidien. Le documentaire est rendu particulièrement poignant par ses choix de sujets d’entrevue, tous des hauts-placés et des experts dans leur champs respectif. L’inclusion du dessin animé donne au documentaire un caractère qui n’est quasiment jamais vu dans ce type de film. Hommes, femmes et enfants sont représentés par de simples traits d’encre de Chine. Ceux-ci apparaissent et disparaissent tout au long du film, nous laissant le sentiment de vide et de perte sans pour autant surcharger le visuel d’images de guerre. La trame sonore et le montage étaient aussi particulièrement bien réussis et donnaient au doc le rythme nécessaire pour garder le spectateur engagé. À fortement recommander pour cinéphiles, amateurs de documentaires et tous ceux qui se penchent sur le sort de l’humain.

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