
Les déplacements dans le hockey junior : un changement s’impose.
Par: Maxime Jolicoeur, chef du pupitre sports
Le rêve de tout enfant qui joue au hockey est d’un jour faire partie d’un alignement de la Ligue nationale de hockey (LNH). Mais avant d’être en mesure de se faufiler dans un vestiaire de la LNH, il y a des étapes à franchir. Au Canada, ce parcours en question passe pour la grande majorité des jeunes par la Ligue canadienne de hockey (LCH).
Cette ligue inclut un total de trois différentes associations à travers le pays ; La Ligue junior majeure du Québec (LHJMQ), la Ligue de hockey de l’Ontario (OHL) et la Ligue de hockey de l’Ouest (WHL). Les jeunes hockeyeurs foulant les patinoires de ces ligues ont toutes une chose en commun : la plupart de leur temps hors de la patinoire est passé dans un autobus, en direction d’un autre aréna.
Une perspective qu’on ne voit pas
Pour un partisan de hockey junior ordinaire, les voyages en équipe sont bien normaux. Quand on allume notre télévision à 19h30, nous ne voyons que notre équipe favorite sur une patinoire adverse et on n’y pense pas deux fois. Pour ceux et celles qui n’ont pas la moindre idée de ce que c’est que de passer une semaine sur la route avec une équipe junior, je vous l’explique. J’ai eu la chance de voyager avec une équipe junior cette semaine et j’ai moi-même été très surpris.
Nous sommes partis de Gatineau à 6h30 du matin mardi dernier pour faire un petit voyage de 10 heures en autobus vers Baie-Comeau pour y affronter le Drakkar. Le lendemain, pratique à 11h30 et match à 19h30. Jeudi, direction Chicoutimi – à 3h30 de Baie-Comeau – pour un match à 19h00. Après la rencontre, un petit voyage de 6h45 vers la maison et l’arrivée à 5h30 du matin vendredi.
Cet horaire devrait être suffisant pour prouver mon point : les déplacements dans le hockey junior sont ridicules. Mais attendez, ce n’est pas tout. Les Olympiques ont aussi des matchs samedi, dimanche et mercredi à domicile pour ensuite retourner dans l’autobus jeudi matin pour Rimouski (7h45 de Gatineau). Ceci ne devrait jamais être une semaine typique pour un club de hockey.
Des statistiques qui font peur
Après avoir calculé la distance totale parcourue par une équipe junior pendant une saison, je me suis amusé à diviser ces nombres par 34, soit le nombre de matchs disputés à l’extérieur par équipe dans une saison. Les résultats m’ont fait très peur. Dans la LHJMQ, l’équipe qui a le plus voyagé l’an dernier était les Screaming Eagles du Cap-Breton. Un total de 29 855 kilomètres de voyage en 34 matchs, pour une moyenne de 878,1 kilomètres de voyage par match. Pour mettre cela en perspective, un voyage entre Ottawa et la ville de New York est de 734 kilomètres. Mais vous allez sûrement vous dire que ce ne sont pas toutes les équipes junior qui voyagent comme ça. Discutons alors des deux équipes de notre région.
Les 67’s d’Ottawa ont voyagé un total de 18 570 kilomètres, pour une moyenne de 546,4 km par match. Du côté des Olympiques de Gatineau, 21 572 kilomètres de parcourus pour une moyenne totale de 634,5 km par rencontre. Ce n’est pas acceptable de demander à des jeunes joueurs âgés de 15 à 20 ans de voyager autant. C’est physiquement et mentalement épuisant.
Une solution simple
Face à tout cela, il y a quelques solutions. La première serait de commencer la saison quelques semaines plus tôt, pour répartir l’horaire des déplacements. Oui, le même nombre de kilomètres parcourus serait le même, mais ça se produirait sur une période allongée. La deuxième solution serait d’enlever 8 matchs au calendrier, soit 4 sur des patinoires adverses. Ceci diminuerait les déplacements de 2 000 kilomètres en moyenne par club, soit un voyage entre Ottawa et la belle ville de Miami. C’est maintenant aux dirigeants et aux haut placés d’agir. Ne regardons pas le côté business, mais pensons aux jeunes qui se battent jour et nuit pour atteindre leur rêve de jouer un jour dans la LNH.