Crédit visuel; Loïc Gauthier Le Coz, photographe
Par Pascal Vachon – Journaliste
Voter pour son député local ou pour le parti ? Voter pour un parti, même s’il n’a aucune chance de l’emporter? Comment se renseigner en vue de faire le bon choix? Voilà plusieurs questions auxquelles feront face les électeurs canadiens en vue des élections fédérales. La Rotonde s’est entretenue avec une politologue de l’Université d’Ottawa (U d’O), Geneviève Tellier, afin de comprendre comment faire le bon choix le 21 octobre prochain.
La Rotonde: Quelles sont les sources d’informations idéales pour cette campagne électorale?
Geneviève Tellier: Le modèle idéal c’est les plateformes des partis, mais les plateformes sont longues, elles font parfois des centaines de pages, alors il faut trouver des raccourcis à ces plateformes. Par exemple, la Boussole électorale à Radio-Canada, c’est un site où l’on nous pose plusieurs questions qui sont basées sur les thèmes des plateformes des partis et, à la fin, on obtient un pointage qui nous indique de quel parti on est le plus près. Il faudrait aussi écouter certains débats pour regarder les idées des candidats.
La Rotonde: Doit-on se fier aux débats électoraux pour faire un choix?
Geneviève Tellier: Ça dépend de comment on voit la politique. Souvent, on n’écoutera pas les débats, mais on va écouter ce que les commentateurs ont à dire des débats. Souvent, les débats, c’est pour aller chercher une information qui n’existe pas dans les plateformes, comme le style de leadership. Il faut comprendre les limites d’un débat, car c’est plus axé sur la personnalité du leader. Ils ne vont pas dire toute leur plateforme, car ils vont essayer de nous cacher certaines choses et ils vont essayer de mettre en avant d’autres choses.
La Rotonde: Les fausses nouvelles (fake news) sont de plus en plus nombreuses lors des campagnes électorales. Comment le citoyen peut-il discerner le vrai et le faux?
Geneviève Tellier: « C’est quoi une bonne source d’information? ». Ça, c’est une question que l’électeur doit se poser. Quand on voit une rumeur sur les médias sociaux, il faut essayer d’aller chercher la source et de savoir d’où ça vient. Les médias traditionnels ou les groupes de recherches sont des sources crédibles et bien établies, car on sait qu’ils ont une politique très rigoureuse. C’est lorsque ce sont des sources anonymes qu’il faut se poser des questions.
La Rotonde: Les médias sociaux sont un moyen pour les partis de propager leurs idées et leurs plateformes. Comment peut-on vérifier si les partis disent la vérité en ligne?
Geneviève Tellier: J’irais vérifier ce que les médias en disent. Par exemple, en ce moment, les Conservateurs font une grosse campagne seulement sur les réseaux sociaux pour dire que Justin Trudeau a augmenté l’impôt de 800$ par année en moyenne, pour les Canadiens. Les médias ont repris ça pour dire qu’ils ne disaient pas toute l’histoire; oui, l’impôt a augmenté, mais en même temps on a donné des crédits pour enfants de plusieurs milliers de dollars par mois. C’est une bonne chose de voir ce que les partis disent, mais après, il faut regarder comment c’est analysé par une source plus indépendante.
La Rotonde: On peut avoir l’impression, avec les médias sociaux et la technologie, qu’il n’y a presque plus de contact humain entre le politicien et le citoyen. Est-ce que les gens devraient faire des efforts pour rencontrer en personne les politiciens?
Geneviève Tellier: Certainement, ils devraient le faire plus souvent, car en ce moment, les politiciens n’ont pas beaucoup de pouvoir. Si les politiciens avaient plus de pression de leur base, peut-être ils iraient voir leur chef en disant, « moi j’entends ça dans mon comté et il faudrait faire quelque chose ».
La Rotonde: Doit-on voter pour le parti politique ou voter pour notre député local?
Geneviève Tellier: Je pense que la plupart des gens votent pour le parti, et étant donné la situation actuelle, c’est un peu ça qu’il faudrait faire. Il ne faut pas avoir d’illusions, notre député ne pourra pas faire grand-chose. Je peux compter sur les doigts d’une main les projets de loi de députés dans les huit dernières années qui ont obtenu la sanction royale. Alors le député n’a pas de pouvoir s’il est seul.
La Rotonde: Prenons l’exemple d’un électeur qui se dit environnementaliste et qui va préférer la politique environnementale du Parti Vert, mais dont les chances d’avoir un gouvernement sont quasi nuls. De quelle façon l’électeur doit-il alors voter?
Geneviève Tellier: La personne doit se demander quelle est sa priorité. On parle beaucoup d’environnement mais es-tu prêt à faire des sacrifices au nom de l’environnement ? Si oui, tu dois voter pour le Parti Vert. Si tu te dis qu’il faut être un peu pragmatique, c’est à dire, c’est bien beau l’environnement, mais il faut que les gens gagnent leur vie, alors là, tu vas plus vers les partis au centre comme le NPD et les libéraux.
La Rotonde: À vos yeux, qu’est-ce qu’un bon électeur?
Geneviève Tellier: C’est un électeur qui va voter et qui sait pourquoi il va voter, il n’est pas obligé de connaître tout en détail, mais avec ces préoccupations et ces moyens, il fait ce qu’il pense être le meilleur choix.