Par: Gabrielle Lemire, Cheffe Arts et culture
Après deux ans de tournée, Iskwé, la chanteuse crie-denée, lançait son album, The Fight Within, le 3 novembre dernier. Ses paroles sur les enjeux qui affectent les Premières Nations la placent comme porte-voix de la culture autochtone: « Je voulais contrer les stéréotypes [et] redonner aux gens qui me tiennent à coeur: nos nouvelles générations. Cet album est pour eux ». La Rotonde a eu la chance de l’interroger en vue de son concert au Centre national des arts le jeudi 23 novembre prochain.
La Rotonde: Quels sont les trois objectifs principaux que vous tentez d’atteindre avec votre musique?
Iskwé: Je veux faire partie du changement que je veux voir arriver. Je veux faire partie de l’impact sur les jeunes. J’ai une vision où je veux rejoindre les gens, où je peux étendre ma portée pour qu’on ait de plus en plus de conversations sur les choses qui ont un impact sur ma communauté. Me rappeler que je peux grandir à travers les gens avec qui j’interagis grâce à la musique. J’ai eu la chance de rencontrer de nouveaux gens autant dans les arts qu’au-delà du monde des arts. Je crois qu’il est important de porter attention à chacun de ces moments et de continuer à apprendre, à grandir et à être une meilleure personne.
LR: Quel est l’impact de la campagne Canada 150 sur vous?
I: Plein de choses formidables font du Canada un endroit unique où vivre. Par exemple, notre ouverture à soutenir les nouveaux arrivants, plus particulièrement ceux en provenance de pays déchirés par la guerre. Mais en même temps, je crois qu’il existe plusieurs moments où les Canadien.ne.s aiment pointer du doigt d’autres pays. Je crois qu’il est important de se regarder soi-même et de se demander qu’est-ce qu’on fait pour que chaque personne dans le pays ait l’expérience d’un même niveau de soins, d’engagement et de compréhension auquel nous nous attendons d’un autre pays.
Ce n’est pas une fête, ni une célébration de nos 150 ans de confédération ou de colonialisme. C’est une réflexion sur les secteurs dans lesquels on peut s’améliorer. Sans vouloir freiner le party, mais d’être réaliste et de réaliser que ce n’est pas tout le monde qui vit ces célébrations, donc on doit être capable de reconnaître et d’honorer ça.
Quels sont les défis que vous avez rencontré durant la production de l’album The Fight Within?
I: Le produire n’était pas un défi. Les conversations abordées dans l’album sont toutes importantes pour moi. Chaque chanson me parlait personnellement et je voulais en parler. Je crois que le seul défi était de trouver le courage de sortir l’album. Quand on parle d’enjeux politiques et de choses qui incluent l’activisme, ce n’est pas toujours facile. Je devais me dire que c’était correct, que les gens que j’allais atteindre étaient ceux que je pouvais atteindre, sans plus. Je me suis dit qu’au lieu de contrôler la portée et le succès de l’album, je vais le sortir et le laisser agir de lui-même.
Présentement étudiante à temps partiel en sciences politiques avec mineure en études autochtones, Iskwé participera à une résidence musicale au Banff Center for Arts and Creativity. Elle sera en spectacle au Centre national des arts le jeudi 23 novembre prochain.