VIOL d’après Titus Andronicus de Shakespeare, de Botho Strauss : Violence, vengeance et désirs
– Par Julie Séguin –
Une scène minimaliste : une plateforme blanche et circulaire à l’image des amphithéâtres romains, scène de sports sanglants et de torture. De longs rideaux blancs qui symbolisent des colonnes romaines servent de décor dynamique, tantôt portes d’entrée, tantôt écran de projection visuelle.
Dès le début de cette réinterprétation de Shakespeare par l’auteur allemand Botho Strauss, le héro, Titus Andronicus, prend une simple décision. Alors qu’elle semble modeste et sans importance, elle sera l’évènement déclencheur qui déchirera sa famille et celle de Tamora, Reine des Goth. Après que les fils de cette dernière violent et mutilent la fille de Titus, le récit sombre dans la tragédie sanglante!
Une mise en abyme soudaine permet aux spectateurs de prendre ses distances face à la brutalité qui se déroule devant leurs yeux. À plusieurs reprises, la réalité de la metteure en scène, Miriam Cusson, se confond à la performance théâtrale dans laquelle elle participe.
Les figurants, tous vêtus de blanc, sont une composante intégrale de la pièce : ils deviennent accessoires de la metteure en scène. L’utilisation d’éléments modernes, tels qu’un aspirateur, des téléphones intelligents et de la musique populaire, suggèrent que la violence transcende le passage du temps. Plusieurs thèmes demeurent fâcheusement pertinents de nos jours, entre autres le silence de la victime suivi du refus de la croire. L’histoire de Titus et de l’empire Romain qui s’effondre fait aussi parallèle avec le déclin graduel de l’empire américain d’aujourd’hui.
Tout au long de cette réinterprétation s’enchaînent des actes de violence, de vengeance, de remord et de désir qui laissent peu de place à l’humour. Mais on découvre dans le deuxième acte une pincée de comédie noire. Toutefois le public, toujours sous le choc, hésite de rire.