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Arts et culture

Villes : Collection particulière

20 octobre 2014

Critique de théâtre

Par  Didier Pilon

Création du Théâtre de la Pire Espèce, Villes réconcilie imaginaire et véracité, montrant que parfois les chimères recèlent les vérités les plus importantes.

De Les Villes invisibles du philosophe-romancier Italo Calvino, Villes en préserve que la prémisse, soit l’exploration de concepts par le biais de villes imaginaires. L’adaptation style théâtre d’objet est le produit d’un dialogue entre Olivier Ducas, auteur et acteur de la pièce, et Julie Vallée-Léger, responsable de la scénographie. La ligne directrice est pourtant simple : un homme nous présente sa collection de villes. Toutefois, la symbolique qui en ressort est puissante.

Comment décrire en quelques mots une expérience si complète, qui se veut à la fois humoristique et émouvante, esthétique et cérébrale. Chaque ville est représentée par un objet, une voix narrative et une ambiance audiovisuelle bien unique. Portant des noms de femmes, il est facile de déceler l’analogie entre les mondes créés et les traces d’échecs amoureux. Toutefois, au-delà de ces thèmes, les villes font ressortir des concepts d’autant plus abstraits.

Mégane, une ville que l’on veut quitter dès qu’on s’y retrouve mais qui nous éblouit par sa beauté lorsqu’on s’y éloigne, présente la problématique du point de vue privilégié. Anastasia, une ville que l’on ne visite que pour trois jours pour y faire la fête, nous fait songer à nos tendances superficielles et au contraste entre l’être et le paraitre. Cathy, une ville si parfaite qu’elle ne peut être matérialisée, même dans l’imaginaire, met en perspective nos attentes et nos ambitions.

Le tout est uni par les objets. Deux caméras, manœuvrées par le collectionneur, offrent au spectateur une double perspective de ces symboles physiques. Pour Anastasia, c’est une boule-miroir qui prend la scène, emblème des nombreuses discothèques que la ville renferme. Toutefois, lorsque la caméra zoom et focus sur un des petits miroirs, on y voit le reflet d’une vie intérieure tridimensionnelle, dissimulée par l’extérieur festif. Les lumières et les effets sonores s’adaptent au visuel et immergent le spectateur. Le résultat : on se perd dans de mondes fictifs où l’on se retrouve et parvient même à mieux se comprendre.

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