PHOTOS : JULIE BEAUCHEMIN
Par Miléna Frachebois, journaliste
Certains choisissent d’être pompiers, d’autres avocats… Et certains prennent l’heureux défi d’être artistes. Défi qui plus est quand il s’accompagne d’un défi parental : élever ses enfants seuls. Est-ce vraiment possible ou est-ce réservé aux Wonder Women ?
Être artiste, employée, mère et devoir élever ses enfants toute seule : voilà la route qu’a empruntée Julie Beauchemin, artiste-peintre originaire de Gatineau. Diplômée de l’UQO, la peintre a toujours eu ce côté artistique, qui s’est défini dans sa vingtaine lorsqu’elle a voyagé au Mexique. Elle a travaillé dans une galerie, et rêvait d’y voir ses œuvres. Quand elle revient, Julie décide de commencer à créer. Plus jeune, elle aimait beaucoup dessiner, mais ne comprenait pas à quel point cela la passionnait jusqu’à ce qu’elle se rende aux études universitaires, après lesquelles elle a décidé de devenir une professionnelle en 2015. Elle est dorénavant représentée à la galerie St-Laurent Hill. Cette amoureuse d’art abstrait considère celui-ci comme un « langage », « un vocabulaire plastique ». L’art est devenu tellement important dans sa vie que c’est « un besoin qui peut faire peur, créer beaucoup d’angoisses ».
Les défis d’une vie d’artiste
Julie Beauchemin est une artiste canadienne qui relève de nombreux défis dans son métier. Elle alterne entre son emploi à temps plein pour la compagnie Hexo et sa passion qu’elle exerce à temps partiel. Anciennement employée pour le gouvernement, Julie avoue ne pas avoir apprécié l’environnement très archaïque que lui imposait sa vie professionnelle. Elle explique tout de même la nécessité d’avoir un emploi en parallèle, crucial pour s’assurer d’avoir un revenu fixe. Si sa passion n’est qu’à temps partiel, cela lui permet toutefois « d’arrondir les fins de mois ». Elle ne touche aucune aide financière. Le métier d’artiste est irrégulier en ce qui concerne les revenus, mais il est également « difficile physiquement et mentalement », selon la peintre. Surtout en tant que femme, être artiste est très difficile et très peu reconnu. Récemment, Julie a vendu 5 tableaux qui lui ont permis de partir en voyage, chose qu’elle n’avait pas faite depuis 15 ans.
Un défi-clé de sa vie d’artiste : se « réinventer constamment, […] se surpasser », être en compétition avec soi-même. Il faut que chaque pièce soit unique et « plus forte que la précédente ». L’artiste avoue avoir peur de ne pas arriver à produire de pièces assez fortes, ou bien de se dire que c’était sa dernière bonne pièce, la fin de sa carrière.
Concilier art et vie familiale
Julie Beauchemin est une artiste et mère de deux enfants. Après avoir vécu 3 ans au Mexique dans sa vingtaine, elle a rencontré le père de ses enfants. Ils ont décidé de venir s’installer au Canada après une visite. Ils se sont séparés et le père est retourné dans son pays natal de manière permanente. À ce moment-là, Julie Beauchemin a dû élever seule ses enfants de 2 et 5 ans. Suite à cela, elle enchaînait une vie rythmée entre couches, cahiers et travail. Au début, il a été extrêmement difficile pour elle d’être une mère monoparentale, artiste et étudiante. Elle a souvent pensé abandonner, car elle était à bout, fatiguée. Les nuits de l’artiste se résumaient à deux ou trois heures, car elle devait finir ses travaux et ses peintures. Elle ne pouvait le faire quand ses enfants étaient éveillés : c’était un sacrifice à faire. « Il fallait trouver le temps en 24 heures d’arriver à accomplir tout ce que je voulais faire », souligne-t-elle.
Enfin, elle a pris 5 ans pour finir ses études qu’elle a menées à temps partiel. Elle a fait de nombreuses concessions afin de pouvoir jongler avec les différents tableaux de sa vie. Elle a notamment dû abandonner la location d’un studio de peinture afin d’être plus présente pour ses enfants. Un autre accomplissement difficile à atteindre : « rester saine d’esprit ». Heureusement, Julie a eu la chance de côtoyer un bon groupe d’amis et a bénéficié du soutien de sa mère.
Avant d’être enceinte de son premier enfant, Julie bougeait beaucoup. Après la naissance de son enfant, elle a dû être plus sédentaire et a ressenti le besoin de voyager, s’évader, mais ne pouvait pas partir de chez elle. Dès lors, elle s’est mise à peindre régulièrement, consciente du talent qu’elle avait. Sans cela, elle n’aurait pas commencé à peindre et n’aurait pas cherché à assouvir sa curiosité artistique à l’université. Sa fille, la plus jeune, l’aide aussi dans son imagination. Elle lui donne des idées, intervient sur ses tableaux. Elle a été très présente avec sa mère aux ateliers.