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Cette année, l’exécutif de la FÉUO a grossi ses rangs avec une nouvelle fonction, celle du vice-présdient en matière d’équité dont se chargera Nicole Desnoyers, ancienne représentante des étudiants de premier cycle au Bureau des gouverneurs. Pour en savoir plus sur son nouveau rôle, La Rotonde s’est entretenue avec l’étudiante élue qui nous a livré les grandes lignes de ce qu’elle veut accomplir en occupant ce poste.
La Rotonde : Quel est ton rôle en tant que vice-présidente en matière d’équité de la Fédération étudiante de l’Université d’Ottawa (FÉUO)?
Nicole Desnoyers : Je dois avant tout m’assurer que les questions en lien avec l’équité soient débattues par tout le monde à la Fédération.[…] Lorsqu’on organise un évènement social, par exemple, il faut toujours garder en tête comment on peut inclure le plus de monde possible. Je travaille avec les cinq services d’équité de la FÉUO : le Centre de bilinguisme, la Maison internationale, le Centre de ressources des femmes, le Centre de la fierté et le Centre des étudiants ayant un handicap. J’aide à la promotion de leurs évènements, soutiens leurs activités et supervise leur fonctionnement.
LR : Quelles sont les campagnes que tu valorises cette année?
NC : Mes deux priorités sont une évaluation du bilinguisme et un groupe de travail contre le racisme. Pendant mes trois années à l’Université d’Ottawa, j’ai entendu beaucoup de critiques sur le bilinguisme : je veux donc avoir l’avis des étudiants sur ce que l’on pourrait améliorer concrètement. Je vais par ailleurs travailler avec les clubs culturels, la Maison internationale et les étudiants sur les questions de discrimination et de racisme sur le campus.
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LR : Comment comptes-tu mettre en place cette évaluation du bilinguisme?
NC : En ce moment, on invite des étudiants à rejoindre des groupes de travail afin de
produire un questionnaire destiné à la communauté universitaire, idéalement au mois de novembre. Je travaille avec les étudiants pour créer ces questions : quels sont les aspects sur lesquels ils souhaitent travailler prioritairement? S’agit-il des événements, de l’accès à des cours en français, des services? Qu’est-ce qu’un évènement bilingue? Le questionnaire nous permettrait ensuite de créer des recommandations pour la FÉUO et les différents services de l’Université afin d’améliorer le bilinguisme.
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LR : Dans la brochure du pow-wow, qui a eu lieu la semaine dernière, il y avait énormément de fautes dans la partie en français. Ton poste intègre-t-il aussi une forme de contrôle des services de traduction de la FÉUO?
NC : Les services de traduction font partie de l’équipe de marketing, qui est sous la responsabilité du vice-président aux services et aux communications. […] Ce sont quand même des erreurs humaines et je pense qu’on ne cesse de s’améliorer à ce niveau.
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LR : Dans le cadre de la lutte contre le racisme et les discriminations, que veux-tu organiser?
NC : J’aimerais avoir une discussion en table ronde au mois de novembre ou à la fin du mois d’octobre qui aboutirait en une campagne sur le semestre. […] Toutefois, le travail contre le racisme n’a pas de fin, c’est un travail continu. Je veux rassembler les différentes communautés qui subissent des discriminations, mais qui n’ont pas forcément les ressources et le soutien nécessaires. Je me vois comme une personne-ressource qui facilite la campagne car, bien que je sois métisse, je suis blanche : ce n’est donc pas moi qui, dans les corridors, vais faire face au racisme quotidien. Je veux vraiment voir se développer le leadership et l’engagement des étudiants touchés, car la campagne doit venir d’eux.
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LR : L’intersectionnalité est le fait de considérer qu’une même personne cumule plusieurs caractéristiques identitaires qui se croisent, cumulant parfois différents systèmes de domination. Une femme noire n’expérimentera pas le racisme de la même manière qu’un homme noir. Vas-tu intégrer cet aspect dans ton travail?
NC : J’essaye du mieux que je peux d’intégrer cette notion : on s’intéresse aux étudiants racialisés qui ont un ou plusieurs handicaps, ce qui est vraiment différent d’un étudiant racialisé qui n’en a pas. De même qu’un étudiant queer et racialisé, versus un étudiant queer et blanc. Ces intersectionnalités vont avoir différentes conséquences sur les interactions quotidiennes sur un campus universitaire, dans une salle de classe… Pour moi, il est très important de garder ça en tête. Pendant ma campagne, j’ai mis l’accent sur mon identité métisse et queer : je ne peux pas être l’un sans l’autre.
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LR : Quels sont les cas de racisme que l’on rencontre sur le campus?
NC : On voit des étudiants qui se font dire qu’ils ne parlent pas assez bien anglais ou français pour poursuivre leurs études ou pour faire carrière. On voit une lacune énorme, surtout en sciences sociales, sur les faits historiques ayant mené à la création du Canada et d’Ottawa. Avoir un cours d’histoire qui ne reconnaît même pas que l’on est sur un territoire non-cédé, pour moi, c’est une lacune. Pour ces étudiants autochtones qui ne voient pas leur identité reflétée dans le programme, dans le cadre d’une éducation qu’ils payent cher, c’est un problème.
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LR : Ma dernière question est à la fois liée au racisme et au bilinguisme : y a-t-il un travail à faire sur les exigences de bilinguisme à l’égard des nations autochtones?
NC : J’ai déjà vu certains systèmes où le bilinguisme était une exigence, à moins que l’on soit autochtone et que l’on parle la langue de sa communauté. J’ai trouvé ce modèle très intéressant. Mais ce serait compliqué d’essayer d’implanter un tel modèle à l’Université d’Ottawa. […] On a beaucoup de travail à faire là-dessus. Les revendications de l’Association des étudiants en études autochtones et canadiennes et de l’Association des étudiants autochtones, qui demandent notamment des cours en algonquin et en mohawk, sont un bon début pour envisager, à terme, la création d’une institution de langues autochtones.