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Arts et culture

Une première pour Mononc’ Serge en sol ontarien | Spectacle et entrevue

28 octobre 2013

– Par Sara Robinson –

Mononc’ Serge au Centre universitaire Jock-Turcot

Après une entrevue plutôt amicale qui impliquait une table de pique-nique et plusieurs cigarettes, j’ai attendu avec une certaine curiosité de voir comment allait se dérouler le spectacle de Mononc’ Serge au Centre universitaire Jock-Turcot, ce mercredi dernier. L’artiste m’avait confié plus tôt que c’était la toute première fois qu’il allait se produire  en Ontario et qu’il ne savait guère à quoi s’attendre.

Organisé par le Carrefour francophone,  ce spectacle gratuit de ce personnage allait-il attirer un bon nombre de gens de l’Ontario? Il faut dire que la musique de Mononc’ Serge est beaucoup plus connue sur le sol québécois que celui ontarien. Comme il me l’a mentionné pendant l’entrevue, les paroles de ses pièces déjà marginales touchent peu l’auditoire anglophone.

Je fus agréablement surprise de constater que, malgré la foule qui n’était constituée que d’une quarantaine de personnes, ceux qui se sont présentés ont su manifester haut et fort leur entrain et leur amour envers le musicien à la fois sublime et grotesque.

Mononc’ Serge ponctue l’univers de la chanson québécoise depuis plus de quinze ans, notamment en mariant vulgarité et littérature à travers des textes abordant autant l’actualité politique que la drogue, le show-business, ou bien « les grosses torches acadiennes ».

La troupe de Mononc’ Serge nous a donné un spectacle  énergique, en revenant à quelques moments à un tempo plus chaleureux en baignant dans l’intimité des sonorités acoustiques.

Sorti en mai dernier, le tout dernier album de Mononc’ Serge, Pourquoi Mononc’ Serge joues-tu du rock’n’roll?, repose sur une ambiance entièrement acoustique.

C’est un retour aux sonorités qui ont marqué le tout début de sa carrière, considérant le style plutôt « Metal » de ses derniers albums. Le public a manifesté son appréciation face à cette ambiance qui rappelait plus la « chanson québécoise » que le « gros Metal sale ». Si les spectateurs se sont montrés plutôt calmes, voire attentifs pendant que le groupe interprétait les chansons moins connues du dernier album, l’ambiance s’est drastiquement réchauffée lorsque Mononc’ a entamé un set qui comprenait les versions acoustiques de plusieurs de ses grands succès. Les spectateurs se sont donnés un plaisir de délier leurs jambes et de chanter à tue-tête ses grands succès, comme Fourrer, Hitler Robert et, en rappel s’il-vous-plait, le classique et oh-combien-trash Chez Frank.

ENTREVUE : Une première à Ottawa pour un Mononc’ en version acoustique

De passage dans la région de la capitale nationale, Serge Robert a bien voulu accorder une entrevue à La Rotonde avant sa performance de mercredi dernier, au Centre universitaire Jock-Turcot de l’Université d’Ottawa.

La Rotonde : Merci infiniment, Mononc’ Serge, de nous accorder cette entrevue avant ce spectacle qui, dis-tu, est le premier que tu feras en Ontario?

Mononc’ Serge : Oui, c’est le premier show que je fais en Ontario en tant que Mononc’ Serge. J’étais venu quelques fois avec Les Colocs, notamment dans le cadre des Francofolies, mais c’est une première pour nous ce soir. C’est ironique, considérant le fait que récemment, j’ai fait des shows en France et même en Angleterre.

LR : On espère que l’expérience sera agréable (rires). En tant qu’artiste québécois, comment vois-tu le marché de la musique québécoise étendre son auditoire hors-province?

M’S : Malheureusement, je dois avouer que mon auditoire canadien se limite pas mal à la province du  Québec. Pas par absence d’intérêt pour les minorités francophones, mais justement, parce que ces minorités sont les seules que ma musique touche réellement. Les anglophones, en général, s’intéressent peu à ma musique dont les paroles et les références renvoient à une réalité plutôt québécoise.

LR : Ton dernier album est entièrement acoustique. Mononc’ va-t-il faire un virage artistique lorsqu’il sera devenu grand-papa, ou restera-t-il toujours un éternel marginal?

M’S : J’ai déjà fait plusieurs virages artistiques, un peu malgré moi, au cours des quinze dernières années. Disons que c’est toujours plutôt inconsciemment que ma musique change en même temps que moi. Par exemple, une amie m’a fait remarquer que les thèmes de mon dernier album étaient plus sérieux, et pourtant, ce n’était pas voulu.

LR : La vulgarité est-elle un moyen de faire rire ou une façon de provoquer?

M’S : Je suis un provocateur. Pour moi, l’humour est une façon d’exprimer les choses tout en m’amusant. J’aime choquer ceux dont ma vulgarité dérange.

LR : Mononc’ Serge serait-il l’alter ego diabolique de Serge Robert?

M’S : C’est une théorie très plausible (rires). Je suis quelqu’un de plutôt réservé dans la vie de tous les jours, et c’est assez thérapeutique de se défouler sur une scène. Je n’ai pas créé délibérément le personnage de Mononc’ Serge, il s’est matérialisé au fil des années et au gré des albums. Ce n’est pas tant un personnage que j’incarne, mais plutôt une partie de moi que j’exagère.

LR : Pour terminer, as-tu, quelque part, des chansons d’amour que tu caches à ton public?

M’S : Ah, ça, non! Je n’en ai même jamais écrite une seule de toute ma vie. J’apprécie celles des autres, mais je suis plutôt inspiré par l’actualité que par mes propres sentiments.

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