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Une livraison qui fait chaud au coeur 

Crédit visuel : Département de géographie de l’Université d’Ottawa

Par Clémence Roy-Darisse – Journaliste 

La banque alimentaire de l’Université d’Ottawa ( U d’O) offre depuis le 6 juin un service de livraison de paniers de nourriture aux étudiant.e.s dans le besoin. Ces dernier.ère.s peuvent également venir récupérer leur panier sur rendez-vous. Dans un contexte de pandémie, quels sont les besoins alimentaires spécifiques des étudiant.e.s ? Comment la banque alimentaire peut-elle les aider ? La Rotonde a rencontré Yves Harry Deslouches, coordonnateur de la banque alimentaire et  Don Kevin Ahimon, coordonnateur de la maison Internationale de l’Université d’Ottawa collaborant avec la banque alimentaire de l’U d’O. 

Les étudiant.e.s qui souhaitent recevoir ce service n’ont qu’à remplir un formulaire directement disponible sur le compte Facebook de la banque alimentaire pour passer leur commande. Habituellement, ils ont droit à une commande par mois, dépendamment de l’offre et de la demande. Cependant, au mois de juin, les étudiant.e.s peuvent exceptionnellement passer deux commandes pour le mois. 

Des produits variés sont listés sur le formulaire et comprennent des fruits  (mangues, bananes, pommes, citrons, framboises, bleuets), des légumes, des pâtes, des pommes de terre, des soupes, différentes viandes, des fromages, des sauces, des oeufs, des condiments et bien d’autres choses. La banque alimentaire offre également des produits hygiéniques et ménagers tels que des couches, du papier de toilette, des serviettes hygiéniques ou du shampoing

Le choix des aliments revient entièrement aux étudiant.e.s, mais les quantités sont quant à elles standardisées pour favoriser un accès équitable à tous et toutes. Ahimon affirme toutefois qu’ils « [s’efforcent] d’avoir de la flexibilité pour réajuster les paniers dans la mesure du possible de sorte que ça puisse durer le plus longtemps possible » pour les étudiant.e.s. 

Le panier reçu couvre généralement un mois de nourriture. 

La banque alimentaire d’Ottawa, principal fournisseur 

Depuis la pandémie, la nourriture distribuée ne provient plus des dons de particuliers mais plutôt de la banque alimentaire d’Ottawa. Les dons de ces dernier.ère.s devenaient très difficiles à recevoir car le groupe de la banque alimentaire de l’U d’O n’avait pas accès au bâtiment pour les recevoir. La banque alimentaire d’Ottawa répond toutefois très bien à la demande selon Deslouches et Ahimon. « On s’est rendu compte […] qu’on pouvait même donner plus », affirme ce dernier.

D’une part, Deslouches explique que la demande a diminué vu le contexte de la pandémie. Habituellement, ils servent 30 étudiant.e.s par semaine ; ces temps-ci ils en servent de dix à douze hebdomadairement. D’autre part, l’offre de la banque alimentaire d’Ottawa est plus importante que le cumul des dons de particuliers en temps normal. 

Elle a augmenté particulièrement en ces temps troubles. « Lorsqu’il y a des pandémies, des catastrophes, c’est sûr que les gens sont touchés et qu’ils ont envie de partager avec le public », partage Deslouches. 

Bien que les dons en général soient à la hausse, l’offre de produits non périssables se fait plus rare. Quelquesfois, les produits arrivent périmés : « [la viande] est le plus souvent périmée lorsqu’elle arrive à la banque alimentaire », confie-il. Dans ce cas-là, les employé.e.s de la banque alimentaire de l’Université doivent aller en acheter eux-mêmes dans les supermarchés. 

Deslouches affirme cependant qu’il souhaite que la collaboration avec la banque alimentaire d’Ottawa se poursuive l’an prochain. 

Ascenseur en panne et autres bémols 

La banque alimentaire de l’U d’O est un des services chapeautés par le syndicat étudiant de l’Université d’Ottawa (SÉUO) et reçoit donc son financement des frais de scolarité des étudiant.e.s. 

Cet argent leur permet de bien effectuer leur service essentiel de livraison d’aliments et de cueillette sur place mais ne leur permet pas d’organiser toutes les activités possibles sur le campus. 

Afin de bien mener leurs services, les deux coordonnateurs avouent avoir besoin de deux choses. D’une part, l’ascenseur donnant sur la rue du Café Nostalgica est en panne depuis quelques semaines : « ça rallonge le processus du vendredi », affirme Ahimon. Il ajoute que cette réparation pourrait leur permettre de servir plus d’étudiant.e.s. 

Aussi, « l’un des principaux problèmes maintenant c’est le stockage », enchérit Deslouches. « La banque alimentaire nous offre beaucoup plus d’aliments qui pourraient nous permettre de servir beaucoup plus d’étudiants […] on a aura besoin d’un espace de stockage qui pourra contenir tous ces aliments »,  exprime-il. 

Lutter contre l’insécurité alimentaire 

La banque alimentaire de l’Université d’Ottawa cumule les raisons qui motivent les étudiant.e.s à utiliser ses services. Parmi ces dernières la perte d’emploi, le coût élevé de la nourriture, la peur de se faire contaminer dans une épicerie ou encore la difficulté d’accessibilité aux épiceries figurent en tête de liste. 

Souvent, les étudiant.e.s habitent seul.e et n’ont pas assez d’argent pour acheter de la nourriture, même s’ils ont un travail. Parfois ils sont malades et ne peuvent pas sortir. 

Peu importe la raison, la livraison fait chaud au coeur. « Ce que j’apprécie le plus dans ce service c’est le sourire qu’ils abordent lorsqu’ils reçoivent la livraison », confie Ahimon. Le service est reçu comme un soulagement explique-il, en soulignant que la situation actuelle augmente l’incertitude financière et alimentaire. Deslouches affirme quant à lui qu’il existe un réel tabou, mais également une méconnaissance des services. 

« Même si c’est pas énorme ce que l’on fait, ça a un impact social » ; le « sourire [des étudiant.e.s] agit comme de l’essence concrètement [pour poursuivre notre travail] », conclut Ahimon. Deslouches souligne l’importance de parler du service et de ne pas avoir peur d’aller chercher de l’aide.

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