– Par Dider Pilon –
En l’absence d’hebdomadaires des arts à Ottawa, la section « Arts et culture » de La Rotonde s’est donné comme mission de couvrir la scène culturelle de la région. Toutefois, après avoir exploré parfois même les moindres recoins de l’univers artistique de la capitale nationale, deux formations ont été volontairement négligées : Moonfruits et Big Balade. Alors que Moonfruits présente Alexandre Millaire, chef de pupitre « Arts et culture », notre chef web, Gabrielle Dubois, prête sa voix au groupe Big Balade. Dans un entretien avec La Rotonde, les deux musiciens partagent leurs expériences et leurs conseils à la relève musicale.
La Rotonde : Pouvez-vous pré- senter votre band et le type de musique que vous jouez?
Alexandre Millaire : Moonfruits joue du folk-pop terrestro-céleste. C’est un duo avec Kaitlyn Milroy. Kaitlyn, qui a passé plus d’une douzaine d’années dans des chorales, chante et joue de plus en plus d’autoharp et de percussions à mains. Moi, j’ai aussi passé pas mal de temps en chorale, mais j’ai surtout fait un baccalauréat et une maîtrise en guitare classique ainsi qu’une seconde maîtrise en composition, tout en jouant dans des bands rock, expérimentaux et bien d’autres. Nous allons peut-être aussi inclure d’autres membres un jour.
Gabrielle Dubois : Big Balade est un groupe groovey-pop francophone avec un twist funky. On est six musiciens : Don Charrette à la batterie, Jean-Emil Ventrillon à la basse, Mathieu Gautier à la guitare et voix, Julie Séguin au clavier et à la voix, Sarah-Anne LaCombe à la voix et moi-même aussi à la voix. On a des backgrounds différents autant en tant que formation que d’influences. Alors que Sarah écoute du soul (Lauryn Hill, Lhasa de Sela), Don adore les Funk Brothers, Mathieu c’est du Motown et du Jean Leloup, Jean-Emil écoute du gros rock style Primus, Julie baigne dans le pop, le jazz et le théâtre musical, et moi j’écoute beaucoup les classiques du jazz (Billie Holiday, Ella Fitzgerald, Sarah Vaughan).
LR : Quels sont les grands moments de vos groupes?
GD : Big Balade a commencé deux ans passés dans une autre formule. La voix de Sarah-Anne et la mienne se sont rajoutées un an plus tard et ça a vraiment fait symbiose. Le tout a vraiment commencé lorsque nous avons lancé notre candidature à Rond Point, anciennement Ontario Pop. Sur une période de six mois, on a participé à plein de formations et de résidences – deux à Ottawa et une à Sudbury. On a aussi gagné plusieurs prix, dont le prix du Festival franco-ontarien, le prix Francofête de Toronto et même le prix du Festival international de la chanson de Granby 2015. Depuis, il y a d’autres transformations, dont un changement de chanteur et l’ajout de Julie et de Jean-Emil. Ensuite, on a gagné le prix de la chanson du 400e de la présence francophone en Ontario. Maintenant six, on s’épanouit ensemble plus que jamais.
AM : Notre parcours est un peu plus organique. Après trois mois ensemble, on a enregistré notre premier album. Après six mois ensemble en tant que band et que couple, on est partis faire de la performance de rue en France et en Espagne et on s’est fiancés. En deux ans, on a joué plus de cent spectacles. Présentement, on enregistre notre deuxième album et on vient d’appliquer à Rond Point. À partir de cet été, on essaie de vivre de notre musique à plein temps : tournées, mariages, etc.
LR : Qu’aimez-vous le plus du groupe de votre collègue?
AM : Ce que j’aime beaucoup de Big Balade, surtout dans ses développements les plus récents, c’est qu’il n’a pas une vedette. Un peu comme Hypnotic Brass Ensemble ou Fleetwood Mac, tout le monde contribue et se partage les chansons. C’est une formule très humble, tout en étant si énergétique. Ça donne des performances dynamiques et éclectiques qui peuvent durer très longtemps.
GB : Ce qui vient me chercher le plus de Moonfruits, c’est que c’est très romantique comme spectacle. La façon que vous partagez votre vie en tant que couple reflète dans la manière que vous partagez la musique : vous êtes si ouverts et généreux. La voix d’Alex est bien sûr comme du velours et la voix de Kaitlyn flatte le velours de l’autre bord et ça se complémente si bien.
LR : Quels conseils donnerez-vous aux étudiants musiciens?
AM : Sortez! Il faut vraiment tâter le pouls de la communauté. C’est vraiment important d’avoir une vision, mais Ottawa est un lieu fleurissant et l’on peut apprendre énormément l’un de l’autre. Les institutions apportent un genre d’intelligence, mais ce n’est vraiment que la pointe de l’iceberg.
GD : Montre ce que tu as à montrer, mais, encore plus important, implique-toi dans la scène. Les gens autour de toi fleurissent en même temps que toi. Pour vraiment s’épanouir, c’est essentiel de participer à bâtir la communauté artistique. Collabore, partage!
AM : Lorsqu’on regarde Ottawa maintenant, on voit que toutes les pièces sont mises en place. Plusieurs nouveaux lieux de musique live apparaissent : House of Targ, Gabba Hey, même A Thing of Chocolate et Tea Store acceuillent maintenant de la musique. Le « Boom » commence et j’ai l’impression que ça va partir et ça va partir vite. C’est important de se tenir par la main et d’y aller ensemble.
GD : Justement, en tant qu’artiste, tu peux souvent te sentir seul ou comme si tu n’es pas écouté ou pas compris. De vraiment rentrer dans la communauté offre un soutien incroyable. Ce partage de passions est tellement beau.