Par Miléna Frachebois, journaliste
Le bien-être et la santé mentale sont de plus en plus importants dans notre société. Les maladies telles que l’anxiété et la dépression touchent de nombreuses personnes. L’Université se doit donc de leur offrir des services, mais l’accès y est difficile.
Alors que l’année scolaire n’a débuté qu’il y a 3 mois, l’accès aux psychiatres des services de santé se bloque.
Anna*, étudiante de 1ère année en sciences biopharmaceutiques, est victime de ce problème d’accès aux services de santé mentale à l’Université. Diagnostiquée avec de l’anxiété et de la dépression en 2015, elle était suivie chez elle. En résidence depuis la rentrée universitaire, elle avait besoin d’être suivie par un autre professionnel. « Je savais que cela allait être un gros stress de commencer l’université donc je voulais vraiment quelqu’un pour me suivre comme continuation des services que j’avais déjà chez moi », espérait-elle en arrivant ici.
Fin août, une semaine avant la rentrée, elle s’est renseignée et on lui a dit qu’elle avait besoin de souscrire à un médecin de famille avant de pouvoir bénéficier du service de psychiatrie au service de santé de l’Université, ce qu’elle a fait immédiatement. Cependant, la demande pour un médecin de famille a pris deux mois, n’aboutissant que fin octobre. « Aucun service pendant deux mois a été très difficile », ajoute-elle. Elle a essayé d’avoir recours à d’autres services, notamment en résidence, mais on lui a dit qu’au vu de son problème, il serait être difficile de l’aider. En tout, Anna a attendu presque 3 mois pour un psychiatre, et n’a eu de réponse qu’à la suite d’un événement tragique.
Anna n’est pas la seule concernée par cette histoire. Marie* est elle aussi en attente pour un psychiatre. Comme Anna, elle a entrepris les démarches dès le début de la session et attend toujours désespérément un suivi médical, alors qu’elle a également diagnostiquée avec de l’anxiété et de la dépression.
Des conséquences dangereuses
Les médicaments doivent être changés de temps en temps dans la plupart des cas, et cela ne peut se faire que par le biais d’un médecin ou d’un psychiatre. Les difficultés reliées à l’accès à un professionnel de la santé mentale peuvent être à la source de conséquences qui peuvent s’avérer graves.
Avant même qu’elle ne puisse faire la demande pour un psychiatre via son docteur de famille, Anna était déjà en période de crise. Cette attente interminable l’a conduite à tenter de s’ôter la vie le soir de l’Halloween, alors que tout le monde faisait la fête.
Après des inquiétudes de la part d’un ami, elle a été retrouvée dans sa chambre de résidence et a directement été conduite à l’hôpital où elle y est restée deux semaines. Bien qu’Anna dise se sentir mieux, elle regrette cette situation par laquelle elle a dû passer.
Non seulement ce manque de service a presqu’été fatal pour Anna, mais il lui cause en plus des problèmes au niveau académique. Elle a été forcée d’abandonner 2 cours pour son bien-être, ce qui signifie aussi qu’elle doit reprendre ces cours lors d’un trimestre supplémentaire en été, ou durant l’année scolaire régulière, en augmentant sa charge de cours. Cela implique donc de payer encore plus.
Bizarrement, après un appel de l’hôpital à l’Université qui attestait de l’urgence de la situation, Anna a enfin pu recevoir les services d’un psychiatre.
Cette histoire ressemble à celle de Marie. Elle qui avait besoin de changer de médicaments et qui n’avait aucun moyen d’accéder à un médecin sur le campus a fini par elle aussi rencontrer une période de crise. Elle s’est mutilée dans la salle de bain et a été retrouvée inconsciente par un ami ; elle est restée à l’hôpital quelques jours. Pour elle, être loin de ses proches sans aide est très difficile. En conséquence, elle a décidé de changer d’université l’année prochaine, afin de se rapprocher de ses proches, mais aussi pour trouver une université qui pourra répondre à ses besoins en termes de santé mentale.
* NDLR : Noms fictifs