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Arts et culture

Une 12e saison des Contes nomades pour honorer des artistes immortalisant la tradition orale

21 octobre 2013

 

 

 

 

 

 

– Par Marie-Claude Charron –

La Quatrième Salle du Centre national des Arts nous conviait, vendredi passé, à célébrer le lancement de la douzième saison des Contes nomades avec un spectacle digne de sa réputation décennale. Nous voilà mal amanchés, présenté par le « chanteur de veillées » Gérald Côté et son guitariste Paul Marchand, donnait le ton à une programmation variée, s’harmonisant aux attentes du public.

La « Vraie » histoire acadienne

Les spectateurs avaient droit en première partie à la verve et à l’imaginaire sans borne d’une conteuse vétérane : Cécile Boudreau-Pagé. C’est à travers l’histoire de ses ancêtres acadiens que celle que l’on surnomme affectueusement Mme Cécile a transmis la tradition orale des Chiacs et des Brayons, le tout savamment entremêlé de références aux Micmacs et au vieux parlé canadiens-français.

C’est aussi par l’humour que la conteuse nous fait voyager dans le temps jusqu’à nous émouvoir. Du défrichage des terres à l’arrivée des premiers bateaux d’Angleterre, de la déportation à la reprise des terres, elle réussit tout de même à pousser le public au fou rire avec les anecdotes savoureuses des rituels de sa ferme familiale.

Autrefois, elle cachait ses contes dans le plancher; on la croyait rêveuse, toujours dans la lune. Du haut de ses 77 ans, Mme Cécile invite maintenant les jeunes à se laisser porter par une transe, s’il le faut : « tu peux rêver, t’éveiller l’esprit ». Elle nous confie en terminant sa prose acadienne qu’elle a maintenant accompli son rêve, celui de performer au Centre national des Arts.

L’amour révolutionnaire de La Bolduc

Gérald Côté, également membre du Cercle des conteurs et conteuses de l’Est de l’Ontario, a retenu l’attention avec son ami, guitariste et accordéoniste, Paul Marchand. La chimie du duo se sentait aussi bien que le tremblement créé par son « tapage de pieds ». Artistes complets débordants d’énergie, ils ont présenté les portraits mémorables de la société d’hier, le tout influencé par les chansons de La Bolduc qui transcendent jusqu’à nos jours. « C’est la collectivité qui se raconte à travers ses chansons. La Bolduc s’adresse aux gens et reste pertinente soixante-dix ans plus tard », précise M. Côté.

Cette ferveur des deux musiciens se traduit bien dans leurs thèmes variés : la pauvreté au Québec, les valeurs religieuses, la nature, le tout ponctué de personnages comme l’hilarant ministre en visite dans ses comtés. Vers la fin, la foule était même appelée à voter à main levée les couplets d’une chanson. Il n’est pas peu dire que les spectateurs furent complètement charmés.

Construire des ponts intergénérationnels

Bien qu’il se présente comme un chanteur plutôt qu’un conteur traditionnel, M. Côté est d’avis que ses récits de vie engagés correspondent à un spectacle de variétés qui se prête à tout. M. Marchand et lui ont rodé cette performance depuis un an. « Elle l’est toujours, théâtralement parlant. Par exemple, un metteur en scène nous a appris comment pousser un personnage à son plein potentiel », renchérit le chanteur multidisciplinaire. Avec un regard complice, ils admettent sans retenue que c’est un bonheur de travailler en duo. Comme l’explique M. Marchand, il est plus facile de transmettre cette affinité à deux tel un « passe-partout ».

Prochainement, ces artistes prévoient mettre en branle une tournée et se lanceront dans la promotion qui sera susceptible de réunir un public de toutes générations, pour éventuellement s’installer dans un théâtre durant quelques semaines. Outre leurs spectacles, M. Côté, M. Marchand et Mme Boudreau-Pagé se retrouvent dans la nouvelle émission Viens… que j’te raconte!, tous les mercredis à Rogers TV.

Un prix d’honneur du public et le retour en force du slam

Danièle Vallée, directrice artistique à la barre de sa sixième saison des Contes nomades et elle-même conteuse, est particulièrement fière de l’évolution des programmes. D’abord, depuis l’année dernière, l’Hiboux d’or est remis au coup de cœur du public. Le conteur Albert Millaire, premier récipiendaire du trophée, a accepté de le remettre pour que cette tradition constructive prenne forme. Les commentaires qui servent à déterminer le gagnant servent à cerner leurs attentes. « Le public aime la variété, le changement de style. C’est pourquoi M. Millaire, qui racontera en novembre les poètes des années 50, sera introduit par une slameuse [Annie St-Jean] qui porte à travers ses mots l’image des poètes d’aujourd’hui ». En cette série de six spectacles, Mme Vallée suggère à nos lecteurs de ne pas manquer le spectacle d’Éric Robitaille, Honte à rien, avec en première partie le Gatinois David Dufour, alias D-Track, champion 2013 du slam québécois.

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