– Par Paola Boué –

Mercredi dernier, dans le cadre des Soirées Insolites à Gatineau, était présenté le vernissage où les artistes Malou, Yugz et Dinorah Catzalco exposaient leurs œuvres.

Dès le premier coup d’œil sur l’exposition, le spectateur était assailli par une variété de couleurs, de styles, propres à chacun des artistes présents sur les lieux.

La première était Malou, artiste, graphiste et illustratrice proposant aux regards des curieux quelques-uns de ses tableaux. Questionnée sur les origines de son inspiration, elle répond : « Je m’intéresse beaucoup au corps. Ce qui m’attire le plus sont les détails du corps, les poils, les ombres, les rides, toutes les « imperfections » si l’on veut, et j’essaie de représenter cela d’une façon drôle et ludique ». Malou avait par ailleurs apporté à l’exposition une de ses sculptures, un petit personnage amusant aux poils en fil de fer. À ce propos, l’artiste s’explique : « Je suis dans un processus de changement dans ma création, je me dirige vers la sculpture et le modelage ».

Le deuxième peintre présent était Yugz, dont le parcours est des plus atypiques. En effet, il est à l’origine musicien. Son entrée dans le monde de la peinture s’est fait plutôt tardivement, en 2007, lorsqu’il a suivi un cours sur l’utilisation de la peinture à la spatule, ce que lui-même appelle un « coup de foudre » pour cette pratique. Son style, qu’il qualifie par des adjectifs relevant du monde musical tels que « funky, très libre, rythmé, coloré, équilibré », se caractérise par la presque inévitable présence d’oiseaux. « Je fais beaucoup d’oiseaux depuis 2011. J’étais en voyage avec mon frère au début de cette année et des milliers d’oiseaux sont morts en Arkansas, environ 5000 sont tombés, d’un seul coup. […] Cela m’a vraiment affecté et quand je suis revenu au Québec, j’avais le goût d’exprimer ce que cela m’avait fait. Je me questionnais beaucoup sur ma façon de traiter l’environnement, de consommer ».

Enfin, la troisième artiste à présenter ses œuvres était Dinorah Catzalco. Ses tableaux aux couleurs éclatantes, aux formes géométriques diversifiées et aux personnages dont la tête s’échappe du tableau, rappellent l’art populaire mexicain. Dinorah est en effet originaire du Mexique et vit au Québec depuis huit ans : « Mon inspiration vient de l’art mexicain, mon identité. Dans certains des tableaux, on a aussi un mélange d’humain et d’animal : je m’inspire des liens que l’on a avec l’animal ainsi qu’avec notre instinct animal ».

Par ailleurs, la présence d’une telle explosion de couleurs trouve une autre explication : « Quand j’ai terminé l’université, j’avais toujours peur de la couleur ; je travaillais beaucoup avec le café instantané. Je faisais des expériences entre le café et l’acrylique et ça me limitait au niveau de la couleur. Puis, j’ai accouché, j’ai eu un garçon et cela a vraiment changé ma vie. La fantaisie qu’il a de regarder le monde m’inspire énormément : il peut regarder juste un insecte et pour lui, c’est déjà immense! ». Ainsi à travers ses œuvres, Dinorah Catzalco rend possible un voyage non seulement vers l’Amérique latine, mais aussi vers notre propre imaginaire enfantin.