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Arts et culture

Un voyage artistique à travers l’Île de la Tortue et au-delà

5 octobre 2021

Crédit visuel :  Nisrine Nail – Directrice artistique

Article rédigé par Nouha Chaouati – Journaliste

Et danse la terre est un projet qui a été lancé par le Théâtre autochtone du Centre national des Arts (CNA), le premier département national de théâtre autochtone au monde. Il s’agit d’un espace virtuel dans lequel les danseur.euse.s autochtones ont été invité.e.s à concevoir de brèves œuvres numériques inspirées par leurs relations avec la Terre. 

Renouer un lien ancestral 

« Nous avons demandé aux artistes de se laisser danser par la terre », explique Kevin Loring, le directeur artistique du département de Théâtre autochtone du CNA. Il souligne que, entre danses rituelles et traditionnelles aux expérimentations contemporaines, les projets de Et danse la terre se proposent de renouer un lien, de faire valoir une identité et de célébrer la relation sacrée avec la Terre et la nature. Loring précise également que chaque œuvre prend racine dans une communauté différente. Sur son site web, le CNA a fait la présentation de toutes les créations présentées dans le cadre du projet.

Parmi les vidéos actuellement disponibles, SMUDGE est un film de danse de la réalisatrice mohawk et abénaquise Pepper O’Bomsawin, dans lequel Barbara Diabo danse aux côtés de sa fille Emily Kahente Diabo. D’après Diabo, le projet aspire à connecter le passé au futur, la tradition au monde moderne. C’est un hommage à tous les éléments de la nature inspirés par Ohèn:ton Karihwatéhkwen, l’allocution de l’Action de grâce mohawk, révèle Diabo. « Je suis toujours à la recherche de créer une meilleure entente entre les humains et tout ce qui nous entoure dans la nature », soutient-elle. « Chacun sur Terre est [la] nature. Cependant, la société moderne a tendance à nous en séparer », poursuit-elle. 

Selon le site web du CNA, dans Spirit and Tradition, la troupe des Dancers of Damelahamid présente un tableau traditionnel qui porte sur le thème de la durabilité écologique. La performance a été réalisée sur le territoire traditionnel des peuples Shíshálh, sur la côte ouest, d’après la page du CNA.

Le site web du CNA stipule aussi que le collectif féminin Ikumagialiit, dont le nom signifie « celles qui ont besoin de feu », a produit l’oeuvre Aatooq. Cette œuvre s’articule autour de leur rapport au sang et de ce qu’il représente comme force vitale, d’un point de vue matriarcal.

La danseuse et conteuse algonquine anichinabée Christine Friday s’est, quant à elle, lancée dans une quête de sagesse ancestrale et de connexion entre terre et esprit. Son projet, intitulé Awakened Revolution, a été tourné sur ses terres d’origine près de Temagami dans le nord de l’Ontario.

Entre numérisation et retour vers la nature

Loring explique que le projet sera diffusé au cours de l’année sur toutes les plateformes numériques du CNA. La divulgation des œuvres se fera en lots de quatre ou cinq vidéos, en suivant approximativement les cycles solaires des solstices et des équinoxes.

Selon le site web du CNA, le format sous lequel le centre a choisi de présenter ce projet permet au public d’y avoir accès depuis le confort de son canapé. Les artistes assurent que cette relation peut très bien se transmettre à travers un médium numérique. « L’art peut s’exprimer de diverses manières. La numérisation n’est qu’un moyen de partage parmi d’autres », souligne Diabo.

Le directeur artistique précise pour sa part que le support numérique peut tout de même avoir un impact sur l’expérience dans sa totalité et qu’il reconnaît avoir une prédilection pour l’expérience directe et concrète. Cependant, les moyens numériques permettent aussi d’explorer quelques formes d’expressions artistiques qui sont accessibles en direct. « Cela permet aussi de disséminer plus facilement notre travail à un auditoire mondial », renchérit-il.

Art et réconciliation

Alors que le Canada a célébré la première Journée nationale de la vérité et de la réconciliation, la question du rôle que pourrait jouer l’art autochtone dans ce processus peut se poser, précisent les artistes.

Diabo rappelle que, « nous sommes dans un pays où existent de vastes territoires, incluant celui de la Capitale-Nationale ici à Ottawa, qui ne sont pas cédés mais volés et occupés. Toutes les chorégraphies de ce projet représentent l’interaction des artistes autochtones avec les terres dont ils.elles sont issu.e.s ou sur lesquelles ils.elles vivent ». L’artiste croit que l’art autochtone pourrait inspirer, pousser la communication et renseigner sur la beauté, les forces, les malheurs et la vérité chez chaque individu.e.

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