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« Un vote pour le Non est un vote pour se faire entendre » – Alex Boettger

10 février 2014

– Par David Beaudin Hyppia et Marc-André Bonneau –

Le porte-parole du camp du Non, Alex Boettger, s’est entretenu avec la Rotonde des raisons de l’opposition à cette éventuelle nouvelle institution à la Fédération étudiante de l’Université d’Ottawa. M. Boettger s’est en particulier attardé sur des questions de représentativité et des aspects plutôt techniques et logistiques

La Rotonde : Pourquoi êtes-vous contre la création des assemblées générales?

Alex Boettger : Je pense vraiment que les AG, telles qu’elles sont présentées, soient la mauvaise manière de s’y prendre. Une des difficultés rencontrées, c’est le quorum proposé. Une autre, c’est les facteurs financiers qu’on devra, en théorie, non seulement admettre, mais aussi bien délimiter les coûts. Comme ça, on permet des discussions et une décision informée. Et c’est pour cela que je me présente pour le Non : simplement pour qu’il y ait cette discussion et que cela soit fait de façon informée.
Dans les points logistiques, une des difficultés, c’est la représentation ou la démocratie directe. En théorie, pour moi, ce n’est pas une représentation directe si elle privilégie un groupe d’étudiants. Un des problèmes, c’est que, même si c’est planifié quatre semaines d’avance, il y a beaucoup d’étudiants qui ne peuvent pas s’y rendre. Plusieurs étudiants ont des emplois à temps partiel, ou d’autres, par exemple, qui travaillent à temps plein. Ils ne peuvent pas nécessairement se mobiliser pour être présents aux réunions.

LR : Quels problèmes voyez-vous se produire avec la mise en place des assemblées générales ?

AB : Seulement ceux qui vont être présents aux AG vont avoir quelque chose à dire et ils vont constituer la majorité, même si elle n’est pas représentative de l’Université. Les gens du Oui n’ont pas présenté de points de contre balance pour s’assurer que de telles choses ne se passent pas. De ce que j’ai vu de la proposition, il n’y a vraiment rien qui balance le pouvoir, parce que c’est une simple majorité qui va gagner. C’est aussi un problème pour les minorités, puisque les groupes ou les clubs qui regroupent beaucoup de personnes peuvent facilement se mobiliser, même si en théorie ils ne représentent qu’une minorité. Pour d’autres groupes, telles les études autochtones, qui regroupent 50 ou 60 étudiants, c’est impossible qu’ils constituent la majorité. Ainsi, ils vont toujours être mis à l’écart.
En plus, si on rajoute qu’ils veulent que cela soit bilingue, en tant que francophone, je trouve généralement que lorsque que c’est bilingue, que ce soit une classe ou un événement, c’est surtout anglophone. Généralement, ont fait fi des francophones. Aussi, en français, avec l’interprétation, il y a un laps de temps qu’on manque à chaque fois. Moi, personnellement, je ne me sentirais pas confortable aux AG. En tant que personne introvertie, même le nombre de personnes qui sont au CA, cela me gêne. Je n’aime pas cela. Je présume que tous les étudiants qui sont comme moi préféreraient beaucoup des petits groupes. Je pense que plus les étudiants n’ont de façons de s’exprimer, mieux c’est. Un autre problème est le fait qu’on n’ait pas le droit de voir les finances (reliées aux coûts des AG), ce qui m’énerve un peu. Mais c’est environ 500 dollars pour deux heures de traduction. Si la rencontre dure huit heures, il faut payer pour les traducteurs. Aussitôt qu’on dépasse une certaine marge de temps, il faut plus de traducteurs. Il faut trouver l’argent pour cela et ce sont encore les étudiants qui vont devoir payer.

LR : Pensez-vous que les assemblées générales représenteraient mieux les étudiants?

AB : Si l l’AG ne se présentait pas comme une instance décisionnelle suprême, je serais pour. Au début de l’année passée, on ne nous disait jamais que c’était pour le corps décisionnel suprême. La question était seulement : est-ce que tu serais pour des AG qui vont informer et susciter l’intérêt? Mais là, donner aux gens le devoir de s’occuper des finances, cela va demander tellement de temps d’étude. Donner cette responsabilité à tous, c’est irréaliste. Beaucoup de monde ont d’autres priorités, et il faut accepter que ce ne soit pas la priorité de tous les étudiants. Beaucoup d’étudiants en génie et science n’ont pas le temps de participer. Maintenant, au moins, on a des représentants de toutes les Facultés. Maintenant, avec mon nombre de votes, je représente environ 1 % de la population étudiante, soit ceux qui ont voté pour moi. Ceux-ci ont choisi que je puisse prendre des décisions à leur place.

Un vote pour le Non est un vote pour se faire entendre. Pour qu’on respecte ton opinion, vote Non. C’est possible qu’il y ait un groupe extrémiste et que tu ne te fasses pas entendre. Une personne contre 300, cela veut dire très peu. Pour qu’on respecte ton opinion, il faut dire Non, et ensuite entamer les démarches pour trouver une autre façon.

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