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Arts et culture

« Un roman initiatique » – Michel Gardaz

24 février 2014

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– Par Ghassen Athmni –

Professeur d’histoire des religions à l’Université d’Ottawa, Michel Gardaz est le récipiendaire de l’édition 2014 du prix Jacques-Poirier. Le premier des trois tomes d’Histoire d’une réincarnation, sous-titré Sur la route des derviches, serait, selon l’auteur, « le premier roman historique à recevoir ce prix ». La Rotonde s’en est entretenue avec lui.

La Rotonde : D’abord, pouvez-vous nous parler de la genèse de cette œuvre?

Michel Gardaz : Je me suis toujours intéressé à la civilisation islamique et en particulier aux confréries soufies. Au début, je prévoyais faire un livre universitaire sur l’histoire de l’Asie centrale. C’est au cours d’un séminaire d’études postdoctorales que j’ai suivi à Paris avec le célèbre Umberto Eco que j’ai décidé d’avoir une approche romanesque. J’y ai intégré des personnages fictifs qui interagissent avec des personnages historiques. C’est, à ma connaissance et je peux évidemment me tromper, le premier roman historique qui a Tamerlan pour personnage central.

LR : Pensez-vous qu’un historien est mieux armé pour réussir ce genre de roman que les autres auteurs?

MG : Je pense que oui. Le facteur important, c’est la rigueur historique qui va y être. Par contre ce qui risque de ne pas y être c’est la dimension plus romanesque, le développement des personnages etc.

LR : Comment avez-vous approché la dimension romanesque de ce premier tome?

MG : Je n’ai pas eu de difficulté particulière à développer ma trame. Je pense que dans chaque bon roman, il y a une histoire d’amour. C’est aussi le cas d’Histoire d’une réincarnation. Les évaluateurs du prix Jacques-Poirier m’ont d’ailleurs notifié qu’un des aspects marquants de ce livre c’est le fait que la trame ne soit pas traditionnelle. Pour résumer, je pense que c’est un roman initiatique. L’histoire commence avec un médecin montpelliérain qui se déplace à Gênes, Smyrne, puis se retrouve à Samarkand pour y découvrir un grand brassage ethnique et religieux.

LR : Sur la route des derviches fait-il référence à la route de la soie? Pensez-vous que ces routes se superposent?

MG : Effectivement, je pense que toutes les grandes civilisations ont emprunté cette voie, aussi bien l’islamique que la bouddhiste, la juive, ou la taoïste, même les chrétiens étaient présents dans cette région, les nestoriens en particulier. Je dirais que la route de la soie était une sorte d’autoroute spirituelle que ces religions ont empruntée et où elles se sont mutuellement influencées.

LR : C’est le premier roman que vous mettez en vente. Comment appréhendez-vous la question pécuniaire et la pression du retour sur investissement?

MG : La première constatation, c’est qu’il y a peu de manuscrits qui finissent par être publiés. Il y a beaucoup d’appelés mais il y a très peu d’élus. Deuxièmement, il faut vraiment être pris en charge par une maison d’édition. Dans mon cas, il s’agit d’un éditeur montréalais qui distribue partout dans la francophonie. Pour finir, il y a très peu d’auteurs qui gagnent leur vie avec la littérature. J’exagérerais si je disais qu’une vingtaine d’auteurs présents au Salon du livre sont dans cette situation. Ce sont des gens qui sont souvent dans les médias. La preuve en est que vous ne seriez pas venus me voir si vous n’aviez pas su par voie de communiqué de presse que j’avais gagné ce prix. Évidemment, pour le roman historique, on ne s’attend pas au grand succès. Cela reste un certain produit qui plait à certaines catégories de gens.

LR : Pensez-vous que cet ouvrage s’inscrit dans le débat sur la Charte des valeurs québécoises?

MG : Absolument. Le livre s’articule autour de l’islam. Le lecteur peut y retrouver les grandes lignes de la civilisation islamique et son rôle dans la diffusion des connaissances à cette époque. C’est une perspective assez positive qui permet d’expliquer plusieurs éléments inconnus du grand public.

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