– Ghassen Athmni –
L’oléoduc Énergie Est, d’une longueur de 4500 km, permettra de transporter 1,1 million de barils par jour d’or noir albertain et saskatchewannais vers les villes portuaires de l’est du pays. Énergie Est est supposé passer à travers la rivière Rideau, entre les villages de Kemptville et d’Osgoode, à 50 km du centre-ville d’Ottawa. Des terminaux seront construits à Québec et à Saint-John au Nouveau-Brunswick.
Un projet de grande envergure
Le projet s’inscrit dans une politique gouvernementale dont l’objectif est de « faire du Canada l’un des principaux fournisseurs mondiaux d’énergie », déclaration faite le 17 septembre dernier en conférence de presse par Joe Oliver, ministre fédéral des Ressources naturelles du Canada. Pour assurer la réalisation de ce projet, des compartiments devront être construits dans différentes provinces, dont à l’est de l’Ontario. De plus, Énergie Est prévoit convertir le gazoduc déjà en place, entre Burstall en Saskatchewan et Cornwall en Ontario, en un oléoduc de transport. C’est l’entreprise TransCanada qui devrait réaliser le projet. La firme, basée à Calgary, diffuse à travers son site officiel des estimations selon lesquelles la construction d’Énergie Est apporterait plus de 35 milliards de dollars au PIB canadien sur une quarantaine d’années. En outre, il donnerait la possibilité de créer 10 000 emplois pendant la phase de conception et de construction.
Protestation à l’Hôtel de ville
L’organisation environnementaliste Écologie Ottawa s’oppose pourtant farouchement à une telle entreprise. Le groupe a organisé une manifestation pour la protection de la rivière Rideau et des résidents d’Ottawa dimanche dernier. La population était invitée à venir marcher ou à pagayer pour protester. Les départs ont eu lieu au parc Massey pour les marcheurs et au parc Brewer pour les pagayeurs. La manifestation s’est terminée devant l’Hôtel de ville en début d’après-midi où différentes personnes ont pris la parole et où des musiciens se sont produits pour exprimer leur soutien à la cause écologiste. Une pétition a aussi circulé durant l’évènement.
Le coordonnateur d’information du public du mouvement, Ben Powless, considère que les méfaits d’un tel oléoduc sont déjà avérés. « Les études scientifiques prouvent que le pétrole des sables bitumineux est plus nocif que les autres types de pétrole. Il y a des fuites à plus d’un endroit dans les oléoducs déjà existants, dont certaines se trouvent en contact direct avec des points d’eau. Le projet Énergie Est ne déroge pas à la règle. TransCanada voudrait faire passer le pétrole sous la rivière Rideau. Nous comprenons qu’il s’agit d’une compagnie pétrolière et qu’elle présente de hautes garanties, mais pour nous le risque est trop important et nous ne pouvons pas fermer les yeux », a martelé monsieur Powless. La construction de l’oléoduc doit d’abord recevoir l’approbation de l’Office national de l’énergie, l’échéance se situe en 2015. En cas de feu vert, Énergie Est sera mis en service entre 2017 et 2018.