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Un manque de cuisines communautaires sur le campus de l’U d’O ?

– Par Claire Delattre et Élise Vaillancourt – 

En décembre dernier, La Rotonde apprenait que de nouvelles mesures restrictives venaient réserver l’accès à la cuisine du 90 Université aux résidents, par l’entremise d’un lecteur de carte électronique installé à l’entrée de la pièce. Cette cuisine constituait l’unique lieu sur le campus accessible aux étudiants pour cuisiner.

La cuisine des résidences, aux résidents

Cette mesure a été prise afin de « redonner le plein usage aux clients des résidences du 90 Université », annonçait Pierre La Roche, agent d’information et de communication du Service du logement de l’Université, en décembre dernier. Le discours est le même chez Michel Guilbeault, directeur du Service du logement qui raconte que les cuisines sont d’abord faites pour les résidents puisqu’ils vivent sur le campus et ont besoin d’y avoir le plein accès. « Le problème c’était qu’on avait autant de résidents que de gens de l’extérieur qui utilisaient la cuisine », renchérit-il.

L’équipe de vie en résidence, Rez Life, justifiait cette nouvelle limitation par des plaintes qui auraient été formulées par les résidents. D’après eux, qui paient pour avoir accès à ces installations, l’activité de certains groupes dans ces cuisines les intimidait, eux. « Je n’ai pas vu les plaintes », laisse entendre Nicholas Cherlet, gérant des communications au Centre de développement durable.

Le cas de la République populaire du délice

La nouvelle règlementation a fait en sorte que la République populaire du délice (RPD), un club universitaire cuisinant des repas végétaliens et le distribuant gratuitement sur le campus tous les mercredis midis, a perdu l’accès à la cuisine qu’elle utilisait depuis sept ans, est essentielle pour la poursuite de ses activités. « L’objectif n’était pas de mettre la RPD à la porte avec la nouvelle régulation », insiste M. Guilbeault. C’est pourquoi, après quelques semaines de négociations, un contrat a été signé entre les deux parties, permettant ainsi à la RPD d’accéder temporairement à la cuisine de la résidence Marchand pour continuer ses activités.

« On a voulu rencontrer la RPD pour mieux comprendre leurs besoins et par l’entremise de cette rencontre, on leur a offert l’accès à une autre cuisine, qui n’est pas utilisée de façon régulière », explique M. Guilbeault. Ce dernier insiste sur le fait qu’il est sensible au bien-être de la communauté universitaire et qu’il est en accord avec la mission de RPD, ce qui explique pourquoi le Service du logement a fait un investissement dans la cuisine de Marchand pour accommoder le club.

Ceci laisse à RPD quelques mois afin de trouver une solution permanente. « On a des pistes [de solutions] et des idées pour avril. On continuera, d’une manière ou d’une autre », assure M. Cherlet.

Cuisine communautaire et sécurité alimentaire

 « Il y a un manque de cuisines communautaires sur le campus », déclare Chris Hynes, coordonnateur de la Banque alimentaire de la FÉUO. Ces cuisines permettraient de combattre l’insécurité alimentaire et de donner la capacité aux étudiants d’apprendre à cuisinier santé pour un moindre coût.

Son avis est partagé par Anne-Marie Roy, actuelle vice-présidente aux communications de la Fédération étudiante de l’U d’O et prochaine présidente de celle-ci. Elle dénonce l’absence de cuisine communautaire qui est inhérent au manque d’espace sur le campus : « On est passé de 20 000 étudiants en 2000 à 40 000 étudiants en 2010. Les infrastructures ne sont pas adaptées à la démographie actuelle en général ».

La demande pour une cuisine est présente et manifeste, estiment Mme Roy et M. Hynes. La nécessité de construire une cuisine accessible se fait d’ailleurs sentir auprès du Service des logements : « Je reçois beaucoup de demandes mais je n’ai pas l’infrastructure pour y répondre […] J’encourage les gens à discuter avec le Service alimentaire », explique M. Guilbault.

Le monopole Chartwells

En plus de dénoncer l’absence d’une cuisine étudiante, M. Hynes insiste sur le fait que l’organisation actuelle des services alimentaires ne sert pas les intérêts étudiants, mais celui du diktat économique du profit, car « l’intérêt de Chartwells est de vendre, pas d’assurer une sécurité alimentaire ».

Interrogée sur le lien possible entre l’absence de cuisine communautaire et la présence de Chartwells, Mme Roy déclare que  « Chartwells a une tendance à essayer de monopoliser l’ensemble de la distribution de nourriture sur le campus [sans comprendre que] leur bouffe n’est pas toujours santé, pas toujours accessible et pas du tout abordable ».

 

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