Inscrire un terme

Retour
Ombres sur escalier
Arts et culture

Un feu dans le placard : les fréquentations amoureuses en tant qu’homme queer

Jacob Hotte
20 septembre 2023

Crédit visuel : Jürgen Hoth — Photographe

Chronique rédigée par Jacob Hotte — Journaliste

Dans un univers où la grande majorité des contes de fées se reposent uniquement sur des histoires de couples cishétérosexuels, les enfants queers trouvent difficilement leur place. En considérant ce manque de représentation au cinéma, l’exploration romantique et sexuelle des jeunes de la communauté 2ELGBTQI+ peut rapidement devenir compliquée et déroutante, sans modèle de relation saine dont on peut s’inspirer.

En tant que personne blanche, assignée «homme» à la naissance et qui est «cispassing», j’ai quand même certains privilèges en ce qui concerne mes expériences de rencontres au sein de la communauté. Tout de même, j’ai pu vivre plusieurs obstacles liés à mon poids et à mon identité de genre qui m’ont souvent rendu «indésirable» aux yeux de mes confrères et consœurs.

Hypersexualisation et discriminations

L’hypersexualité présente parmi la communauté 2ELGBTQI+ semble être fréquemment un sujet de discussion. Certaines personnes refusent et nient la position centrale de la sexualité chez les personnes queers. ChatGPT, notamment, se range dans ce camp. En lui posant une question à ce sujet, le logiciel explique entre autres qu’il est nécessaire d’éviter les généralisations comme celles-ci puisque la sexualité humaine est complexe et qu’il s’agit d’une question qui varie selon l’identité de la personne. 

À cet égard, je peux comprendre les points soulevés par l’opposition dans la mesure où il est vrai que la réalité amoureuse et sexuelle d’une personne diffère d’un individu à un autre, surtout chez les personnes aromantiques ou asexuelles. En abordant mon vécu personnel, cependant, je peux affirmer que la scène de rencontres des hommes gais s’oriente en majorité vers les relations sexuelles et les hook-ups. Pour certain.e.s, cela n’est pas source de problème. La situation se complique toutefois lorsque les seules plateformes de rencontre existantes ne servent qu’à ces fins. 

Les applications de rencontres populaires, dont Grindr et Tinder, ne permettent généralement pas selon moi une véritable quête de l’amour et d’amitié pour les hommes queers. Ceux.celles qui ont des cibles à plus long terme deviennent à mainte reprise la cible de blagues de cette communauté d’hommes. Il arrive quand même à quelques chanceux de parvenir à trouver plus que des amourettes d’une soirée. Cela peut être plus difficile à accomplir, en revanche, si nous ne satisfaisions pas aux standards de beauté présents sur cette scène de rencontre, soit être blanc, mince et masculin.

La communauté 2ELGBTQI+ est souvent synonyme d’inclusion et de diversité. Toutefois, il est important de reconnaître que différentes formes de haines, dont le racisme, la misogynie et la grossophobie, et autres y règnent quand même. 

Histoire d’amour pas comme les autres

Pour la communauté 2ELGBTQI+, surtout les hommes queers, la majorité d’entre nous ne trouveront l’amour qu’après avoir quitté le secondaire, contrairement à ce qu’illustrent plusieurs œuvres cinématographiques, dont Love, Simon et Heartstopper. En plus d’être en situation minoritaire, les personnes queers sont exposées à l’homophobie et à la misogynie intériorisées. Cela peut donc prendre plus longtemps pour ces personnes afin d’atteindre une certaine acceptation de soi et s’assumer en tant que personne queer. La proportion de personnes queers à l’intérieur des écoles secondaires est alors diminuée davantage.

En réalité, j’ai observé un plus grand nombre de couples hétérosexuels former par des personnes de la communauté 2ELGBTQI+ que de couples queers lors de cette étape de notre parcours scolaire. Certain.e.s s’intégraient simplement aux standards et aux normes qui nous avaient été transmises dès un très jeune âge. 

Mon expérience personnelle

En tant que personne qui ne répond pas aux standards physiques et de genre imposés aux hommes, naviguer des espaces qui favorisent l’hypermasculinité et la minceur est souvent une lutte acharnée. Toutes personnes qui ne sont pas minces, blanches, masculines, cisgenres, qui ne sont pas en situation de handicap et qui sont à la recherche d’un.e partenaire se font généralement rejeter par la communauté. Il arrive d’y trouver quelques individus qui ne semblent pas être dérangés par ces différences. Néanmoins, ce signe d’acceptation est souvent communiqué sous forme de fétichisation. 

En raison du fait que je n’étais pas aussi ouvert avec ma sexualité au secondaire et que je pouvais compter sur mes doigts le nombre de garçons de mon âge soupçonnés d’être queer, je ne crois pas que les chances étaient de mon côté à cet instant de ma vie pour entamer une relation amoureuse. À la suite à ma fête de 18 ans, j’ai installé des applications de rencontres, voulant savoir où cela m’amènerait. Malheureusement, cette tentative ne m’a encore une fois mené nulle part en raison de mon poids et de ma masculinité, qui a toujours été deux de mes plus grandes insécurités.

Je n’ai jamais eu une bonne image de soi et mon temps dans ses espaces de rencontres n’a fait qu’aggraver cette idée. À certains moments, j’ai vécu un manque complet de confiance en soi en raison de ces expériences. J’ai toutefois appris rapidement que contrairement à ce qui est attendu de nous par la société, les relations amoureuses ne devraient pas définir notre mérite. Notamment, on peut retrouver plusieurs des éléments que l’on recherche dans ces relations au sein de nos amitiés, ainsi qu’au sein de notre relation avec soi-même. Même si j’étais ravi de trouver le Nick à mon Charlie, je réalise avec chaque année sur Terre que ce n’est pas un besoin à mon existence.

Inscrivez-vous à La Rotonde gratuitement !

S'inscrire