
Université Franco-Ontarienne : L’Université d’Ottawa change son fusil d’épaule
Actualités
UNIVERSITÉ FRANCO-ONTARIENNE
Par Nicolas Hubert
Porté par la communauté franco-ontarienne depuis plus d’une décennie, le projet d’une nouvelle université francophone en Ontario a pris une envergure inédite depuis que le Regroupement étudiant franco-ontarien (RÉFO), l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) et la Fédération de la jeunesse franco-ontarienne (FESFO) ont demandé au gouvernement ontarien, le 10 février 2015, de s’engager à créer une université francophone. Longtemps opposée au projet, l’Université d’Ottawa (U d’O) a manifestement changé de position le 23 juin dernier. Décryptage.
Une nouvelle orientation politique…
Contre toute attente, l’ancien recteur de l’Université d’Ottawa, Allan Rock, a déclaré à Radio-Canada le 23 juin dernier que l’U d’O était désormais prête à collaborer avec le gouvernement « pour contribuer, avec [son] expertise, […] [à] créer une université francophone dans le sud de la province ».
Dans le cadre d’une rencontre entre l’administration de l’Université et les représentants de ses étudiants francophones, le nouveau recteur, Jacques Frémont, a réitéré les propos tenus par son prédécesseur auprès de la direction du RÉFO.
Enthousiasmée par la nomination d’un francophone expert en droit des minorités à la tête de l’U d’O, la vice-présidente du RÉFO, Myriam Vigneault a appelé à une collaboration plus étroite sur ce projet avec les universités bilingues de la province. « Pour l’U d’O, collaborer à la création d’une université franco-ontarienne pourrait avoir des effets bénéfiques à moyen et à long terme », a-t-elle confié à La Rotonde.
Ou un repositionnement stratégique?
Isabelle Mailloux-Pulkinghorn, responsable des relations avec les médias de l’U d’O, nuance néanmoins cette ouverture et souligne que « la position de l’U d’O sur cet enjeu demeure la même : nous croyons fermement que l’U d’O demeure l’option de choix pour les francophones […] en Ontario ».
Pour répondre aux besoins croissants des étudiants francophones dans la province, l’U d’O avait proposé au gouvernement de créer un nouveau campus à Woodstock. Suite aux recommandations du Comité consultatif de l’éducation postsecondaire en langue française dans le Centre et le Sud-Ouest de l’Ontario, le gouvernement ontarien a cependant fait savoir que cette alternative a été rejetée au profit de la constitution d’une nouvelle structure universitaire.
Contrainte de composer avec la décision prise par le gouvernement provincial, l’U d’O a par conséquent « indiqué [son] désir de collaborer à la réalisation du projet », explique Mme Mailloux-Pulkinghorn tout en soulignant que l’U d’O poursuivra « ses offres pour bonifier ses propres programmes et services. »
Les propos récemment tenus par Rock et Frémont ne traduiraient ainsi pas une réorientation politique en faveur d’une nouvelle université franco-ontarienne, mais plutôt une réadaptation stratégique destinée à garder l’U d’O au plus près du projet de loi provinciale, après s’être fait distancer par les associations de défense des droits franco-ontariens.