Par: Gabrielle Lemire, Cheffe du pupitre Actualités
Outre le diplôme, le parcours universitaire mène à comprendre que de prioriser la rapidité, quitte à délaisser la validité d’une recherche, peut s’avérer néfaste pour la récolte de données fiables. Dans le cas du gouvernement ontarien, certains doutent de la validité du sondage portant sur les politiques provinciales touchant la vente d’alcool ouvert aux citoyens depuis le 13 décembre dernier.
Ce sont certains professeurs d’université ainsi que le parti néo-démocrate, soit l’opposition du gouvernement progressiste-conservateur, qui questionnent la validité de ce sondage mené par les progressistes-conservateurs. Le sondage, qui est toujours accessible en ligne, peut être rempli par n’importe quel individu de plus de 19 ans, sans restriction sur le nombre de participations par usager. Bien que le gouvernement attribue cette lacune aux normes d’accessibilité auxquelles doit se soumettre le sondage, cela ne semble pas être un obstacle selon des chercheurs du milieu.
Pour Sarah Roberton, vice-présidente aux Affaires corporatives et publiques de la firme de recherche Environics, ce ne sont pas les moyens qui manquent pour assurer l’accessibilité des outils en recherche. « En employant une firme externe, le gouvernement aurait accès à la technologie de pointe en matière d’accessibilité, à des outils qui sont développés par des experts, déjà prêts et disponibles », affirme-t-elle.
Rapido presto
Même si le gouvernement souligne la problématique de l’accessibilité quand vient le temps de justifier par voie de communiqué, les lacunes du sondage seraient plutôt dues à une volonté d’économiser du temps. Pour le professeur Simon Beaudry, gestionnaire principal du laboratoire INSPIRE à l’Université d’Ottawa, le temps requis pour la vérification par les pairs dans le cadre du système de recherche académique est un obstacle pour les gouvernements. « C’est plus long, c’est plus demandant. Je comprends qu’en tant que gouvernement on n’ait pas le temps de passer par là, mais il y a un coût associé à ça. On a des instruments qui sont biaisés, par exemple », explique-t-il.
Roberton abonde en ce sens, en soulignant l’emploi d’une tierce partie pour mener le sondage. « Surtout s’ils ne sont pas experts en sondages, ils peuvent se fier à un expert en la matière et à la fin, obtenir un produit sur lequel ils peuvent se fier. Ça pourrait leur éviter des situations comme celle-ci où des parties prenantes questionnent la valeur et la validité des résultats », explique Roberton. « À la fin, engager une firme externe pourrait leur faire gagner du temps », conclut-elle.
Concilier fiabilité, accessibilité et rapidité
Pour ce qui est de la recherche universitaire revue par les pairs, professeur Beaudry réfléchit à une solution. « Présentement, il n’y a pas de lien qui se fait entre les recherches scientifiques et le public. Il n’y a pas de poste de vulgarisation scientifique à l’Université, mais il devrait y en avoir un », suggère Beaudry. De cette manière, la durée du processus de transmission des échelles de mesure et des résultats des études serait réduite et les résultats seraient valides.