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Arts et culture

Trois vernissages en trois jours

4 Décembre 2017

Par: Gabrielle Lemire, Cheffe Arts et culture

 

Si vous voulez la preuve qu’Ottawa est non seulement la capitale du Canada, mais également celle de l’art contemporain, vous n’avez qu’à vous tenir près des nombreuses galeries d’art qu’a à vous offrir le centre-ville. Du mardi 28 novembre au vendredi 1er décembre, La Rotonde a assisté à trois vernissages en trois jours dans le confort de sa ville. En voici un aperçu.

 

Mardi: Worry Strings

Située sur la rue Wellington ouest à un autobus du campus universitaire, la Galerie Fritzi propose une expérience qui marie le travail des artistes visuels à des pièces de théâtre. Le visiteur qui monte au deuxième étage pour le théâtre peut aussi admirer les oeuvres exposées dans l’entrée.

Jusqu’au 14 janvier 2018, c’est le travail de Kathryn E. Ehret, étudiante de 3e et dernière année à l’École d’Arts d’Ottawa, qui est exposé à la Fritzi. « J’ai toujours utilisé des fibres dans mon art, surtout la corde, que j’associe avec les intestins. C’est là que je ressens mon anxiété », élabore-t-elle. Ehret souligne la prédominance du fusain dans ses oeuvres : « Avec le fusain en poudre, on ne s’engage jamais à ce qu’on a dessiné. Pour moi, c’est très profond : les gens sont toujours en train de changer, il n’y a rien de final ».

L’oeuvre Two Negatives représente pour Ehret la souffrance qu’ont en commun deux êtres. « Quand on rencontre quelqu’un qui fait l’expérience de luttes similaires aux nôtres, il y a une sorte de connexion », explique-t-elle. Dans son œuvre, on peut voir deux rectangles qui se chevauchent, « unis par les mêmes cicatrices ». Malgré la profondeur de cette exposition, elle ne comporte que cinq oeuvres. Le visiteur risque donc de rester sur sa faim.

Mercredi: Working Space

Au coeur même du campus universitaire de l’U d’O se trouve la Galerie 115 dans le département d’Arts visuels. Cette minuscule galerie prête son espace jusqu’au 7 décembre prochain à un groupe d’étudiants du cours ART 4119. Ce cours, qui regroupe des étudiants d’Histoire de l’art et des Beaux-Arts, se concentre sur la dimension curatoriale des arts visuels et valorise la collaboration. Alexander Muise, étudiant de 4e année en Arts visuels se dit apprécier « comprendre comment installer [s]es oeuvres, mais aussi de savoir comment bien travailler avec les autres ».

Sa collègue Christa Nemnom, étudiante de 3e année en Histoire de l’art, abonde en ce sens en indiquant que  « c’est intéressant […] de travailler avec des étudiants en arts visuels, c’est intéressant de voir comment ils pratiquent leur art ». La collaboration était alors au coeur de l’organisation de cette exposition, permettant un produit final tissé plus serré au niveau des théories. Selon Muise, « tout le monde travaille avec différentes théories. On identifie ces théories et […] comment celles-ci se rencontrent ».

Malgré l’aspect théorique de Working Space, Lindsey Wilson, une artiste diplômée de la Maîtrise en arts visuels de l’Université d’Ottawa, veut donner une caractéristique plus accessible à son art. Elle s’adresse à La Rotonde accroupie devant son installation de lainage tout en continuant son processus de teinture. Pour elle, la commercialisation de ses œuvres ne constitue pas une priorité. « L’art est devenu de moins en moins par rapport au produit final et plus d’avoir quelque chose qui change, qui n’existe pas sans l’espace », explique-t-elle. Un panel dirigé par Adam Barbu et Sam Loewen aura lieu à la Galerie 115 dans le cadre de Working Space le mardi 5 décembre à 12h30.

Jeudi: ARTICULATIONS

Le Studio Sixty Six est situé dans le Glebe, dissimulé dans un bloc appartement. Depuis 2013, cette galerie présente les oeuvres contemporaines d’artistes émergents et est administrée uniquement par des femmes. L’exposition ARTICULATIONS présentait 39 oeuvres dont les styles différaient autant que le style vestimentaire des 39 femmes dont les oeuvres étaient exposées. Environ une centaine d’amateurs d’art, tout emmitouflés, ont déambulé dans le Studio ce jeudi 30 novembre.

Au début de l’exposition, le visiteur entrait dans une cabine insonorisée pour écouter une bande sonore rassemblant les témoignages des artistes sur leur art par rapport à leur identification en tant que femme. Anne Wanda Tessier, une artiste spécialisée dans l’imprimerie, affirme : « Oui, je suis une artiste. Je suis aussi une femme. Je suis une directrice de production. Je suis une enseignante de yoga. Je ne suis pas qu’une seule chose ». D’autres abondaient en ce sens en indiquant que les artistes exposées étaient talentueuses et qu’elles soient des femmes ou non, ce sont les œuvres qu’il faut valoriser.

Alexandre Aimée Rivet parle de la réalité des femmes en disant : « Il faut se lever en tant que femme. Si on ne s’entraide pas, qui est-ce qui va nous aider ? » La jeune artiste métisse affirme ne jamais avoir vraiment trouvé une place pour son art. Les visages aux yeux clos ou à demi ouverts sont caractéristiques de ses peintures qui évoquent sa réalité en tant que femme ainsi que celle de sa mère, de sa grand-mère et de toutes les femmes. Pour elle, « chaque pièce est une évolution de la pièce précédente ».

L’exposition sera tenue jusqu’au 6 janvier 2018.

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