Inscrire un terme

Retour
Actualités

Trois questions pour comprendre : FARC

3 octobre 2016

Actualités

Par Yasmine Mehdi

Trois questions pour comprendre, avec professeure Marie-Christine Doran

La signature de l’accord de paix avec les FARC

  1. Comment expliquer le conflit entre l’État colombien et les FARC ?

Les racines du conflit remontent à très loin. Il est causé, structurellement, par une accaparement des terres par une minorité de grands propriétaires depuis la colonisation. En 1948, un grand leader de centre-gauche nommé Jorge Gaitán se présentait aux élections avec l’appui des populations paysannes. Il fut toutefois assassiné par des adversaires politiques et ce fut le début d’une terrible guerre civile. Déconcertés et déçus, des paysans organisés en mouvements sociaux optèrent pour la voie de la violence politique, et des guérillas de type marxistes-guévaristes sont apparues, dont les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) en 1964. Avec le temps, le pays s’est enlisé dans une guerre entre l’armée colombienne, les paramilitaires [souvent des anciens militaires estimant que l’armée ne luttait pas assez fortement] et les FARC.

  1. Comment a-t-on procédé pour trouver une issue à la plus longue guerre civile d’Amérique latine ? 

Durant les décennies précédentes, il y a eu de nombreuses tentatives de négociations de paix entre différents gouvernements colombiens et les FARC. Parfois c’est le gouvernement qui a rompu les négociations, parfois ce sont les groupes de guérilla. Certains gouvernements se sont montrés plus durs à l’égard des guérilleros, comme celui d’Alvaro Uribe (2002-2010), qui avait promis d’anéantir les FARC par la force. Élu en 2010, le président Santos changea de stratégie en nommant une commission nationale chargée d’établir la vérité à partir des témoignages de victimes de tous les belligérants, ce qui mena à la nécessité d’accords de paix. Avec l’aide de pays tiers, le gouvernement Santos commença des négociations de paix avec les FARC pour arriver à un accord de plus de 257 pages que tous les Colombiens peuvent lire.

  1. Certains ne donnent toujours pas leur soutien à l’accord, ratifié dimanche dernier. Pourquoi ?

Durant plus de cinq décennies, les FARC ont été dépeintes comme les ennemis de la nation colombienne. Si cette image négative est une des raisons du rejet de la paix par de nombreux Colombiens, il faut aussi comprendre que les FARC ont commis de nombreux actes de violence : enlèvements, assassinats ciblés, violences sexuelles, etc., malgré le fait que, selon le rapport de la Commission nationale de mémoire historique, les actes majeurs de violence ont plutôt été commis par les paramilitaires. Il faut aussi comprendre que les FARC portent en grande partie la responsabilité d’avoir favorisé l’immense pouvoir des narcotrafiquants en Colombie, en les protégeant sur les territoires qu’elles contrôlaient, en échange « d’impôts révolutionnaires ». Ces raisons expliquent que de nombreux Colombiens hésitent à faire confiance aux FARC, même si une majorité des citoyens semblent opter pour la paix.

Lecture recommandée pour plus d’informations sur les processus de réconciliation en Amérique latine : « Le réveil démocratique du Chili. Une histoire politique de l’exigence de justice 1990-2016 » par la professeure Doran (disponible à la bibliothèque de l’Université d’Ottawa).

Inscrivez-vous à La Rotonde gratuitement !

S'inscrire