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Par Yasmine Mehdi
Trois questions pour comprendre, avec professeur Jabeur Fathally
- Que se passe-t-il à Mossoul en ce moment?
Depuis le 17 octobre, après de longues préparations, on assiste à une large opération militaire pour reprendre Mossoul, la deuxième plus grande ville d’Irak, des mains de Daech. La bataille de Mossoul est devenue le lieu de collaboration entre plusieurs forces internationales y compris entre celles qui ont des rapports conflictuels sur d’autres dossiers. C’est seulement à Mossoul que des intervenants irakiens, américains, iraniens, français, canadiens, sunnites, ou encore des peshmergas kurdes, combattent ensemble un même ennemi. C’est un tableau presque surréaliste! On estime que 50 000 militaires participent à ce combat, sans compter le contingent militaire turc se trouvant dans la région. Le Canada est impliqué dans cette bataille et mène des frappes aériennes. Environ 900 militaires canadiens sont aussi chargés de former les forces de sécurité irakiennes.
- Combien de temps la bataille de Mossoul pourrait-elle durer?
Personne ne peut prévoir une date précise pour la libération de Mossoul. Personnellement, je pense que cela prendra quelques semaines, à en juger par les moyens déployés pour faire sortir les combattants de Daech. Il est aussi à noter que ce groupe, quoi qu’on en dise, n’a pas véritablement d’assise populaire dans cette ville. Aujourd’hui, Daech fait face aussi bien au mécontentement chiite qu’au mécontentement sunnite. Le groupe a été grandement affaibli financièrement et militairement, surtout depuis la rupture de son alliance implicite avec le pouvoir turc.
- Quelles sont ses implications pour la lutte contre le groupe armé État islamique?
C’est la question! Je suis convaincu que les forces armées sur le terrain réussiront à libérer Mossoul, mais je ne suis pas sûr que cela mettra fin à la capacité de nuisance de Daech. À mon avis, ce groupe subira le même sort qu’Al-Qaïda : il va se métastaser sous forme de petits groupes qui mèneront des attaques terroristes sans demander l’autorisation d’un quelconque supérieur. À cela s’ajoute bien sûr l’évolution de la situation en Syrie. Qui va mener à la libération de Raqqah, fief principal de Daech? Ce qui est sûr, c’est que l’éradication de Daech n’est pas pour demain…