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Arts et culture

Traverser Ottawa en solidarité musicale

16 février 2018

Par: Adèle Demers, contributrice bénévole

Le 10 février dernier, l’Espace urbain du Centre National des Arts s’est rempli de musiciens locaux, producteurs, professeurs et d’adeptes de la musique pour le lancement officiel de l’application mobile Sonicity.

Créée par la compagnie locale Artengine qui unifie l’art, la musique et la technologie dans ses services, cette application gratuite et novatrice veut exposer la musique locale par l’écoute de pièces originales composées pour un trajet d’autobus de l’OC Transpo. Les artistes présentés conceptualisent le paysage et l’architecture de la ville d’Ottawa par des sons qui sont inspirés plus particulièrement par leur trajet d’autobus préféré. Les circuits 6, 11, 14, 44, 86, 95 et 97 se retrouvent alors incarnés par des chansons instrumentales diversifiées. Bref, ce lancement faisait partie du festival et de la conférence MEGAPHONO à Ottawa-Hull qui a eu lieu du 8 au 10 février dernier. Pendant l’inauguration, La Rotonde s’est tenue auprès de Remco Volmer, directeur général d’Artengine.

Saisir l’instant présent 

Chez Artengine, les projets combinant la musique et la ville ne sont que tout récents. Sonicity devient la trilogie d’une série de projets favorisant la traduction de l’architecture et du peuple ottavien dans la musique. L’axe de ce dernier projet est alors la conscience du présent : « Nous utilisons tous les autobus OC Transpo ici à Artengine, et nous reconnaissons que les gens portent des écouteurs pour se retirer de l’expérience. Nous voulions trouver le moyen de ramener les gens à l’expérience d’être conscients de l’endroit où ils se trouvent et où ils s’en vont », expliquer Volmer. C’est par leur alliance avec les musiciens locaux, ayant une résonance personnelle avec certains circuits d’autobus, que l’application prend enfin la route.

Avant le lancement, le titre de l’application résulte de plusieurs brouillons d’idées. « Au début, nous étions remorqués par le titre Sonic-city », admet Volmer. Le titre n’avait tout simplement pas la fluidité sonore qu’ils recherchaient chez Artengine. Il faut dire que ce sont plus de 1200 artistes, professionnels de l’industrie et adeptes de musique qui ont participé au processus d’élaboration de l’application. Pour ce qui est du titre, la solution résidait dans l’amalgame de ces deux mots pour représenter les multiples facettes de la ville d’Ottawa et l’activité sonique qu’elle génère. Cette idée se rapporte au concept de traverser la ville par un son unique à chaque emplacement. Voilà donc Sonicity.

La créativité et ses défis

Pour Jean-Nicolas Richardson, musicien local originaire de l’Est ontarien, l’implémentation de l’application mobile dans la région donne de l’espoir, mais à une seule condition : si le projet est bien promu à l’extérieur de la communauté d’artistes. Ayant à cœur son expérience comme ancien guitariste du groupe Xil, il connaît le défi de promouvoir un produit. « On a appris c’est quoi vendre des billets, et comment difficile c’est de faire participer les gens à nos spectacles », atteste-t-il. D’ailleurs, l’artiste de 20 ans voit le bénéfice de visibilité qu’apporte l’application en sachant que OC Transpo sert une très grande population à Ottawa. Mais, seuls ceux qui ont téléchargé l’application pourront réellement apprécier l’initiative musico-spatiale, et cela vient à l’appui de ses inquiétudes de promotion en lien avec Sonicity. Un plan réussi pourrait très bien « inciter le public général à apprécier la musique locale davantage », espère Richardson.

Il s’intéresse activement à contribuer à Sonicity dans l’avenir, en s’imaginant le parcours de l’autobus 91, qui l’apportait du travail de ses parents jusqu’au collège. « Le charme de cette route » alimenterait sa composition, qui serait basée sur « le paysage comme source d’inspiration et de créativité », dit-il. En caractérisant le concept d’excitant, il se contente de savoir que sa ville s’efforce d’en devenir une globalement reconnue pour sa musique.

#Ottmusic

Continuer à encourager les artistes musicaux locaux semble faire partie de la stratégie de la ville d’Ottawa. Le maire Jim Watson affirme qu’en mettant sur pied des projets comme celui de Sonicity, « nous développons la stratégie musicale d’Ottawa pour souligner l’importance de la musique dans une économie forte et diversifiée ». Pour ajouter à la célébration musicale, des contributeurs à l’application, dont Ben Globerman, Nathanaël Larochette, Adam Saikaley et Boyhood, ont pris d’assaut la scène au CNA. En complémentarité avec la réception, les musiciens ont su capter la curiosité de l’auditoire de tout âge, qui s’est réjoui d’un spectacle simpliste avec un arrière-plan reflétant en direct la cohue de la ville. La douce tombée de neige apportait ainsi un sentiment de sérénité dans la salle, alors que la musique expérimentale et conceptuelle hypnotisait les esprits. L’auditoire est invité à télécharger Sonicity sur l’Apple Store ou Google Play, si un voyage énergisant en autobus lui chante. Peut-être entendrons-nous un éventail plus large de musiciens représentant fidèlement la scène musicale d’Ottawa et peut-être de nouvelles chansons pour l’O-Train dans l’évolution de Sonicity? Volmer en est confiant.

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