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COVID-19 et travail : y retourner ou pas ? 

Crédit visuel : Pixabay

Par Clémence Roy-Darisse – Journaliste 

Revenir ou pas au travail ? La question se pose. Alors que plus de 7,8 millions de canadien.nes reçoivent la prestation canadienne d’urgence (PCU), quel est l’avenir du retour au travail ? Tour d’horizon sur le contexte bien particulier de cette réinsertion dans la vie professionnelle. 

Le déconfinement progressif est maintenant passé à l’étape deux en Ontario et le Québec vient tout juste d’autoriser les rassemblements intérieurs jusqu’à 50 personnes avec mesures de distanciation sociale. Commerces, restaurants, services de soins peuvent maintenant rouvrir sous certaines conditions. Chaque secteur comprend son propre guide de la commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité au travail (CNESST) au Québec et des recommandations du site web gouvernemental de l’Ontario.

Par exemple, les mesures sanitaires telles que le lavage de mains, la désinfection des lieux, la distanciation sociale sont nécessaires et seront contrôlées. Certain.e.s employeur.euse.s prendront également la température des employé.e.s au moyen d’une caméra thermique. 

Bien que certain.e.s patron.nne.s soient enchanté.e.s de ce retour au travail, il n’en est pas de même pour tous les employé.e.s. Le personnel de plus de 60 ans pourra refuser de retourner au travail, tout comme ceux qui souffrent des problèmes médicaux les mettant à risque par rapport à la COVID-19. Avec le billet d’un médecin l’attestant, les employé.e.s peuvent refuser formellement ce retour, sans craindre de représailles. 

Droits des travailleurs 

La peur du coronavirus n’est toutefois pas un motif nécessaire pour s’absenter du travail. En effet, les risques pour la santé doivent être prouvés par l’employé.e comme étant réels et non imaginés. L’article 12 du code du travail, évoquant le droit au refus, peut être invoqué seulement si la tâche met en danger sa vie ou celle d’un.e collègue. 

Si les mesures provinciales de la santé publique sont mises en place dans le lieu de travail, le risque ne peut être prouvé. Toutefois, si l’employeur.euse feint de mettre en place la distanciation sociale, le port du masque, ou encore le lavage de mains, ce droit pourrait être invoqué pour justifier une absence de retour au travail. 

Dans ce cas-là, le ou la travailleur.se doit appeler la CNESST pour autoriser la visite d’un.e inspecteur.rice. Ce dernier émettra le jugement final à savoir si le risque est réel et justifié. Pour l’instant, selon un article de Radio-Canada, le ministre du travail du Québec affirme qu’il « n’y a pas de droits de refus qui ont été acceptés spécifiquement en raison de la COVID-19. »

Si l’employeur.euse exige un retour au travail et que l’employé.e refuse de se rendre physiquement à son emploi et qu’il n’y a pas de risque réel et important pour ce ou dernier.ère, son refus compte pour une démission et le rend inadmissible à la PCU ou l’assurance emploi. 

Le télétravail reste favorisé selon les mesures du gouvernement, mais il est à la responsabilité de l’employeur.euse de s’assurer de la quantité et de la qualité du travail effectué. 

Les complications de la PCU

La PCU ou la prestation canadienne d’urgence pour les étudiant.e.s (PCUE) change toutefois la donne. Un.e employé.e qui touchait déjà à ce type de prestation car il ou elle avait perdu son emploi à cause de la COVID-19 se trouve désormais dans le droit de refuser un retour au travail et de continuer à empocher la PCU. 

« Si vous pensez que ce n’est pas sécuritaire de travailler, que vous ne travaillez pas pour des raisons en lien avec la COVID-19 et que vous vous qualifiez autrement à la PCU, vous êtes admissibles », a affirmé au Devoir, la ministre fédérale de l’emploi Carla Qualtrough. 

Toutefois, si l’employé.e ne touchait pas ce type de prestation auparavant et qu’il ou elle n’est pas compris.e dans les personnes à risques, son refus de travail ne le ou la rend pas admissible à la PCU. 

La prestation canadienne d’urgence a cependant fait bien des élu.e.s : plus de 7 millions de canadien.ne.s l’ont demandée, et plus de 22,4 milliards $ ont été versés par le gouvernement fédéral. Chaque canadien.ne recevant cette prestation se voit verser 2000$ par mois dans son compte. 

La PCUE est quant à elle offert à toutes celles et ceux qui sont inscrit.e.s dans un établissement postsecondaire ou qui ont arrêté leurs études en décembre 2019 ou plus tard, qui n’ont pas demandé la PCU ou l’assurance emploi, qui sont citoyen.ne inscrit.e, résident.e indien.ne, résident.e permanent.e ou personne protégée et qui n’ont pas d’emploi en raison de la COVID-19 ou que leur revenu indépendant ne dépasse pas 1000$ par mois.

Cette dernière donne droit à 1250$ par mois, et, selon des données publiées par Ottawa à la fin du mois de mai, près d’un demi million d’étudiant.e.s en bénéficiait.

Qui retournera au travail ? 

Baisse des revenus des entreprises, PCU et PCUE avantageuses ; qui retournera au travail ? Si certain.e.s ont peur d’y retourner par crainte d’une exposition non justifiée, leur droit de refus pourrait être écarté.

Si d’autres détestent simplement leur emploi et ne souhaitent pas y retourner, s’ils touchaient à la PCU ils pourraient justifier leur absentéisme. S’ils ne touchaient pas à la PCU, leur seul recours serait une démission.

Certain.e.s sont aussi anxieux.se au volant et n’ont pas eu à faire face à leur trajet depuis quelques mois, d’autres sont considéré.e.s comme des travailleur.euse.s essentiel.le.s qui veulent changer de carrière.

Peu importe les raisons, l’arrêt de travail provoqué par la pandémie pousse à une réflexion sur les motivations personnelles au travail, les intérêts réels pour ce dernier et la possibilité d’un changement de carrière. Reste à savoir s’il restera des emplois. Entre anxiété et risque réel, il est important de connaître ses recours de santé et sécurité au travail et les prestations qui s’appliquent selon sa situation. 

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