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Par : Myriam Bourdeau-Potvin – Rédactrice en chef
Travailler le bois dans un espace minimaliste, avec le moins d’outils possible : voilà l’objectif fixé par Vic Tesolin, conférencier à la bibliothèque d’outils d’Ottawa (BOO) lundi dernier 24 juillet. Il a partagé à cette occasion ses secrets d’ébéniste minimaliste.
Chaque semaine, la BOO organise une soirée communautaire et démonstration avec des thématiques passant du jardinage au travail du bois et aux es conserves. L’idée est de rendre les travaux manuels accessibles en permettant à tous d’utiliser des outils communs. « Nous avons été surpris de la résonance que notre idée a eu », admet Bettina Vollmerhausen, co-fondatrice de la branche ottavienne de la librairie. « Nous avons plus de 2000 outils en inventaires, variant entre outils manuels, outils électriques et outils de jardinage. »
Maintenant, c’est plus de 800 membres d’Ottawa qui animent cette communauté, un soulagement pour Vollmerhaussen : « Nous vivons si isolés maintenant, ici c’est un petit havre de communauté. Tout ici est basé sur les échanges, sur l’apprentissage et l’acquisition de nouvelles connaissances. » Pour elle, cette initiative renvoie à la tradition d’échange et de partage qui animait autrefois nos villages et qui tend à se perdre avec l’urbanisation : « Dans les centres urbains et particulièrement dans les appartements, tu ne sais pas nécessairement qui vit dans l’appartement d’en haut. »
Travailler avec le minimum
Vic Tesolin, auteur du livre The Mminimalist Woodworker et auteur pour diverses revues d’ébénisterie, a d’abord commencé à travailler le bois comme passe-temps dans un espace restreint. « J’ai commencé dans un atelier qui ne faisait que 40 pieds carrés, littéralement l’équivalent d’un petit banc de travail. J’avais mes outils dans un bac en-dessous, c’est comme ça que j’ai fonctionné pour plusieurs années », explique-t-il. Les techniques qu’il a trouvé au fil des années s’appliquent facilement à tous les étudiant.e.s qui se retrouvent dans une chambre ou une résidence le temps de leurs études, affirme-t-il. Tesolin a depuis longtemps compris que le secret était de revenir un peu en arrière. « Il y a un mur de l’histoire des outils, dans la bibliothèque d’outils. Je riais un peu, parce qu’en réalité j’utilise 80% de ces outils quotidiennement », sourit-il. Vollmerhausen ajoute également que comme tous les outils de la BOO sont des dons, ils se seraient probablement retrouvés dans des décharges ou des sites d’enfouissement.
Apprendre du passé
Pendant son atelier, Tesolin déplore les connaissances perdues de la fabrication traditionnelle des scies. D’ailleurs, la fabrication de sa scie remonterait à la période de la seconde guerre mondiale. Il explique que plusieurs outils fabriqués durant ces années peuvent être simplement aiguisés pour retrouver leur vigueur originale. Il dévoile fièrement être en train de se débarrasser de ses meubles IKEA et de combattre l’obsolescence programmée de plusieurs outils. « Cette idée que la table de la salle à manger appartenant aux grands-parents soit passée aux enfants et par la suite aux petits enfants est plutôt perdue », déplore-t-il.
La base
Tesolin présente notamment un outil indispensable pour le travail du bois en petit espace, le rabot. « Le design du corps n’a pas changé depuis environ deux, trois mille ans. Probablement plus, peut-être plus près de six mille ans, parce que les japonais l’utilisaient déjà depuis longtemps », estime-t-il. Cet outil, en réalité une lame sur une monture de bois ou de métal, permet d’aplanir le bois ou y creuser des moulures et des rainures.
Ainsi, Tesolin affirme que le fait de vivre dans un appartement, un condo ou un espace restreint ne rend pas impossible le travail manuel du bois. » Si vous voulez créer quelque chose, vous le pouvez.»