Par Khady Konaté
Tranches de vie de hausse
La rentrée 2016-2017 n’échappe pas à la tendance formidablement maintenue par l’Université d’Ottawa durant la dernière décennie : pour une onzième année consécutive, les étudiant.e.s auront l’obligation d’acquitter des frais de scolarité en hausse. Un aperçu de ce qui se trame chez les acteurs concernés par cette énième hausse s’impose.
L’administration universitaire : « Le cœur dans la balance »
Au conseil du Bureau des gouverneurs, la décision tombe : l’année 2016-2017 se fera sous le signe d’une hausse des frais de scolarité. C’est peu de choses : il s’agit d’une augmentation de 3% seulement. Cela suit la moyenne provinciale, et la hausse des années précédentes. Surtout, ce n’est pas de gaieté de cœur. Simplement, le contexte actuel des finances de l’Université demande de garder la tête froide et la main, peu dépensière.
Oui, revenons-en à ces dépenses. Parce que pendant que l’administration se félicite d’avoir une aide financière plus que jamais bonifiée pour compenser ses éternelles hausses, elle ne lésine pas sur les dépenses pour « faire de l’Université d’Ottawa l’une des grandes universités de notre temps, forte d’une réputation à la hauteur de [se]s réalisations, » comme le traduit l’ambitieuse vision de son plan stratégique Destination 2020.
Alors qu’en 2014-2015, le budget allouait 9,3% aux bourses et à l’aide financière, en 2016-2017, c’est seulement 8,4% du budget annuel qui contribuera à cette même enveloppe. Soit, une dégringolade d’à peine un centième sur des millions de dollars. Mais le bât blesse, car de tous les principaux secteurs de dépenses de l’U d’O pendant la période 2014-2017, seul celui des bourses et de l’aide financière a connu une telle réduction des dépenses, les autres connaissant une hausse ou une stabilisation.
Décidément, l’U d’O a à cœur les intérêts de ses étudiants… Quand il s’agit de ceux encourus par l’octroi de prêts pour les frais de scolarité.
Les gouvernements
En Ontario, où les études sont les plus chères au pays, le gouvernement Wynne a résolu en mars dernier la création d’une Subvention ontarienne d’études (SEO), qui prendra effet dès l’année 2017-2018. Cette dernière ouvre la porte de la gratuité scolaire à près de 150 000 étudiants à faible et moyen revenu, en plus de réduire les frais pour d’autres étudiants admissibles.
Dans la même veine, le gouvernement Trudeau a récemment fait l’annonce d’une bonification de 50% des bourses d’études postsecondaires canadiennes. C’est une première depuis 2009, qui s’accompagne d’une modification importante au Programme d’aide au remboursement : désormais, les diplômés endettés n’auront pas à rembourser leur prêt d’études canadien avant d’avoir un revenu annuel d’au moins 25 000$.
C’est toujours ça de gagné.
Les étudiants : « Endette-toi et tais-toi »
D’après la Fédération canadienne des étudiantes et étudiants (FCÉÉ) section Ontario, une fois diplômé, l’étudiant moyen aura une dette s’élevant à 28 000$. En mars dernier, face aux élus de Queen’s Park, la FCÉÉ-Ontario a sonné l’alarme, et incité le gouvernement à en faire davantage pour garantir une juste accessibilité aux études. Parmi une vaste gamme de recommandations, la FCÉÉ-Ontario a notamment proposé que les prêts soient remplacés par des bourses accordées selon le besoin, et que les frais de scolarité soient réduits de 50%, y compris pour les étudiants internationaux.
Que ça ne tombe pas dans l’oreille d’un sourd : tant et aussi longtemps que l’accès aux études postsecondaires sera un chemin de croix, les étudiants décrieront la chose avec force. C’est dit.