Crédit visuel : Andrey Gosse – Directeur artistique
Par Miléna Frachebois – Journaliste
Les poils sont à l’honneur au mois de janvier. Le mouvement Januhairy se popularise sur les réseaux sociaux. En quoi consiste-t-il ? La Rotonde a mené l’enquête pour vous !
Januhairy est un jeux de mots qui se décompose en deux : « janu » pour janvier, et « hairy » pour poilu. Il s’agit de mettre en avant la présence des poils dans notre société.
Selon Amélie, créatrice du compte Instagram Feminism is Humanism qui se définit comme une militante féministe, la création de ce mouvement a été initiée par Laura Jackson, en 2018.
Jackson est une étudiante britannique à l’origine du compte Instagram Januhairy. La biographie du compte indique que « Januhairy est un défi pour que les femmes se rassemblent, se soutiennent les unes et les autres et fassent pousser leurs poils lors du mois de janvier, tout cela afin de collecter des fonds pour des œuvres de charité ! ».
Aïcha Ducharme-Leblanc, étudiante en deuxième année en étude des femmes et en espagnol, définit la campagne comme un défi lancé aux femmes, mais qui peut aussi concerner les autres genres. Ce serait aussi un défi « pour remettre en question certaines normes et attentes qui existent dans nos sociétés au niveau des poils », ajoute-t-elle.
Rôles de genres et standards de beauté
Aïcha et Amélie se sont toutes les deux lancées dans le défi. Pour Amélie, la campagne représente un moyen efficace de lutter contre le patriarcat car elle lui permet de « déconstruire les rôles de genres et de rejeter les injonctions et standards de beauté imposés aux femmes ». Elle considère que c’est un instrument patriarcal puisqu’il impose aux femmes de s’épiler. L’épilation est une pratique qu’elle n’adopte pas souvent car elle la perçoit comme douloureuse, coûteuse, polluante, et chronophage.
Aïcha suit ce défi pour contrer l’idéal de la beauté qui est représenté sans poils. Elle veut lutter contre le tabou de cette construction sociale afin de montrer qu’on peut se sentir confortable et confiante avec des poils.
Cette pratique a pour but de renverser les standards et d’apprendre à se réapproprier son corps. Selon Ducharme-Leblanc, afficher sur les réseaux sociaux des images de femmes avec des poils peut faire réaliser à d’autres que ne pas s’épiler est une option légitime. Pour elle, le choix de l’épilation n’est pas dans les mains de la société, mais il représente un choix strictement personnel, auquel personne n’a son mot à dire.
Selon les deux femmes, cette pratique est utile puisque l’existence de ce mouvement serait déjà une action pour lutter contre des normes sociales. Il n’y aurait pas besoin que ce soit un grand événement pour avoir de l’impact.
Aïcha confie qu’elle a très longtemps été vexée par ses poils et qu’elle avait besoin de se réapproprier son propre corps. C’est, pour elle, un mouvement militant mais aussi un moyen de renouer et de faire la paix avec son corps.
Ce qui ressort du défi Januhairy, selon Amélie, c’est son caractère évolutif. Elle parle d’un activisme moderne, d’une quatrième vague féministe.