
Tirs de barrage : Retour sous les projecteurs pour Tania Bambi
Sports
Par Philippe Marceau-Loranger – Chef de pupitre Sports
ENTREVUE
Après avoir pris une pause de la compétition pendant environ deux ans et demi, Tania Bambi a réussi son grand retour avec les Gee-Gees en se méritant la médaille de bronze au 60 m haies au championnat canadien d’athlétisme en salle U Sports, présenté à Edmonton. Cette semaine, La Rotonde a réussi à s’entretenir avec l’athlète, qui s’entraine actuellement à Grenade en vue de la saison extérieure.
La Rotonde : Après ta première saison avec les Gee-Gees en 2012-2013, tu as pris une pause de la compétition. Est-ce qu’à ce point-là dans ta tête, tu mettais une croix sur ta carrière d’athlète?
Tania Bambi : À la base, ce n’était pas censé être une si longue pause, je voulais prendre environ une année à l’écart, et revenir par la suite. Finalement, ma pause aura duré deux ans et demi, presque trois. Quand tu arrêtes et que tu développes un rythme de vie, avec un travail, les études et d’autres responsabilités, c’est un peu dur de revenir. Surtout que lorsque je faisais partie de l’équipe auparavant, j’avais plusieurs bénéfices et du soutien financier. En revenant à l’action, je ne pouvais plus compter sur celui-ci, il fallait alors que je défraie moi-même les couts.
LR : Tu as assisté aux Jeux olympiques de Rio l’été dernier, comme observatrice. Comment a été l’expérience pour toi, et qu’est-ce que tu as retenu de ton séjour à côtoyer les athlètes olympiques?
TB : C’était une superbe expérience, car moi et d’autres espoirs canadiens avons vraiment eu le traitement d’athlète. Ils nous ont remis l’uniforme de l’équipe canadienne, et on a pu faire une tournée de toutes les installations, dont le village olympique. C’était vraiment une chance rare, car contrairement au grand public, on avait accès aux coulisses de ce grand évènement. Comme ça, si je participe aux jeux de Tokyo en 2020, j’aurai déjà un aperçu de la dynamique, j’aurai pu voir comment les athlètes se préparent, se réchauffent, ce qu’ils mangent et à quel moment ils mangent. C’était vraiment une expérience qui en valait la peine.
LR : En début d’année, tu as annoncé que l’un de tes objectifs de la saison était de te qualifier pour le championnat universitaire canadien à Edmonton. Tu y as même remporté la médaille de bronze au 60 m haies. As-tu surpassé tes propres attentes?
TB : Oui, je me suis vraiment surpassée. Je me souviens, lorsque j’ai entamé ma saison à New York, j’avais eu un temps de 8,80 secondes, qui est un temps plutôt médiocre dans les hautes sphères de l’athlétisme au Canada. J’éprouvais beaucoup de difficulté à briser la barre des 8,70-8,80 secondes au début, et je crois que j’ai stagné pendant quelques courses. Donc, je me disais que je voulais au moins réaliser un temps de 8,60 secondes, qui m’aurait placée dans la moyenne du circuit canadien. Lorsque j’ai réalisé un temps de 8,30 secondes aux provinciaux et un temps de 8,40 aux nationaux, c’est sur que je ne m’attendais pas à courir si vite si tôt.
LR : À quel point est-ce que ça nécessite une force mentale pour bien terminer une course après avoir heurté un obstacle, comme il t’est arrivé en finale?
TB : Après la course, mon entraineur Andy McInnis m’a dit : « Une chose avec toi Tania, c’est que tu cours avec du cœur. Quand tu veux vraiment quelque chose, tu vas te donner à 100 % pour l’obtenir. Ça se voyait que tu voulais vraiment être sur le podium et que tu voulais aller chercher une médaille. » En sortant des blocs, j’avais vraiment connu un super départ, et j’étais au premier rang après la première haie. En cognant la deuxième haie, j’ai été reléguée au cinquième rang. J’ai l’ai vraiment rabattue sur le plancher. Mais comme mon entraineur l’a dit, je voulais tellement gagner la médaille, que j’ai tout donné ce que j’avais en moi pour terminer en force.
LR : Deux de tes objectifs sont de participer aux Jeux de la Francophonie en Côte d’Ivoire et aux championnats du monde à Londres. Parle-moi un peu de ces prochaines étapes pour toi.
TB : En fait, il y a deux championnats du monde, l’autre étant le championnat mondial universitaire FISU à Taipei. Celui à Londres sera un bon défi, car c’est un grand championnat, comparativement aux Jeux de la Francophonie et au championnat FISU qui regroupent surtout des athlètes en développement d’athlétisme Canada. Pour me qualifier pour Londres, il me faudra faire face aux Olympiennes canadiennes. Alors dès que je termine mon camp d’entraînement, mon objectif c’est d’arriver à faire de bons temps pour me qualifier au sein de ces diverses équipes nationales.
LR : Tu as mentionné que la réalité de la compétition de haut niveau en athlétisme présente des défis importants sur le plan financier. Peux-tu nous donner une idée générale de ce que ça représente?
TB : Côté budget, c’est difficile pour les athlètes canadiens, car c’est quasiment l’hiver huit mois par année. Comme on doit s’entrainer dans la chaleur, il faut toujours voyager pour aller faire des camps d’entraînement. Alors il faut payer une chambre d’hôtel pour quatorze nuitées, ce qui peut représenter autour de 2 000 $, il faut payer les billets d’avion, ce qui peut tourner autour de 1 000 $, il faut prendre l’autobus sur place, payer pour la nourriture et la physiothérapie, donc la facture augmente rapidement. Il faut aussi garder à l’esprit qu’on fait plusieurs camps d’entraînement du genre au cours d’une année. Puis, il y a les compétitions, on voyage partout à travers le monde, aux États-Unis et en Europe. Donc c’est clair que ça prend un soutien financier lorsqu’on pratique l’athlétisme, et mon partenariat avec RBC est très bénéfique, car ils prennent soin de tout.