– Par Gabrielle Poulin –
Marat/Sade, aussi connu sous le nom de « La Persécution et l’Assassinat de Jean-Paul Marat représentés par le groupe théâtral de l’hospice de Charenton sous la direction de Monsieur de Sade » est une pièce choisie par James Richardson, metteur en scène et candidat à la maîtrise en pratique théâtrale. Elle fut interprétée pour la première fois le 24 février par des étudiants de théâtre à l’Université d’Ottawa.
Cette œuvre musicale, difficile à saisir seulement par son nom, est une pièce dans une pièce. Les 31 acteurs de la troupe théâtrale jouent le rôle de patients d’un asile qui eux jouent les personnages de la pièce dirigée par le Marquis de Sade. Les acteurs récréent la fameuse scène de l’assassinat du révolutionnaire français Jean-Paul Marat en 1793 de manière à ce qu’il soit presque impossible pour les spectateurs de détourner les yeux de la scène.
N’ayant eu que quelques mois de préparation avant le spectacle, la troupe interprète la pièce avec une attention aux détails des plus impressionnantes. Dès l’entrée en salle, les patients, déjà sur scène, attendent que les spectateurs s’installent, créant ainsi une ambiance sinistre. Les décorations sont impeccables : les cinq musiciens sont eux aussi des patients qui sont confinés dans une cage à barreaux, les rideaux et les planchers sont tachés de crasse et de sang et le célèbre bain de Marat est installé en plein milieu de scène.
De leur côté, les acteurs ont tous apporté des aspects différents à leur personnage. Chloe Madigan, actrice jouant le rôle d’une schizophrène, affirme qu’ « on [les acteurs] avait carte blanche sur le passé de notre personnage ».
Cette approche a donné l’occasion aux acteurs d’inventer l’histoire de leur personnage et de s’immerger complètement dans ce dernier. De ce fait, la performance des acteurs est incroyable, passant du patient paranoïaque, au prédateur sexuel, à celle souffrant d’une maladie du sommeil. À plusieurs reprises, les patients de l’asile se rebellent contre le directeur de l’hôpital, Coulmier, leur procurant ainsi une bonne douche froide. Jérémie Cyr-Cooke, jouant le rôle de Marat, passe la quasi-totalité de la pièce dans son bain. Les acteurs affirment d’ailleurs que l’ajout de l’eau a contribué à leurs performances.
L’humour sombre et les patients à l’allure lugubre sauront hanter ceux qui ont eu la chance, où plutôt le courage, d’assister au spectacle. Gare à vous : le délire est contagieux!