– Par Didier Pilon –

Confortable et accueillant, The Manx Pub est une institution culturelle où l’on se sent chez soi. Au-delà d’une programmation artistique fraiche et divertissante, ce petit bar intime défie les clichés des pubs banals et promeut un sentiment de communauté.

Situé dans un sous-sol au coin des rues Elgin et Frank (seulement deux blocs au sud du pont piéton qui traverse le canal), The Manx dégage une ambiance conviviale et chaleureuse avec ses couleurs rouge vin et ses lumières tamisées. De petites banquettes confortables longent les murs parsemés d’œuvres d’art alentour d’un vieux bar en bois massif. Il est facile de s’y installer et difficile de se convaincre de quitter les lieux.

Lors de sa création, il y a maintenant plus de 20 ans, The Manx venait répondre à une lacune importante dans la communauté artistique et culinaire d’Ottawa. À une époque où presque personne n’avait entendu parler du locavorisme, The Manx a conçu un menu gastronomique qui met en vedette des aliments de haute qualité ainsi que de la viande et des œufs des fermes d’Ottawa. Pour un prix comparable au Royal Oak (12 $ à 18 $ par assiette), il est possible d’y faire bonne chère sur une portion énorme de côtelettes de porc saumurées à la bière et aux canneberges, servies avec des panais pillés à l’érable et une salade de roquette au gingembre. Plusieurs options végétariennes originales sont aussi disponibles au brunch comme au diner et au souper. En particulier, leurs tacos végétariens sont depuis longtemps d’une renommée légendaire dans la communauté végétarienne d’Ottawa.

Le programme culturel du Manx se divise en trois sections : la musique, sous la direction de Rolf Klausener; les arts visuels, sous la direction de Marisa Gallemit; et la série littéraire Plan 99 Reading Series, sous la direction David O’Meara.

Le style musical du pub a changé à maintes reprises au fil des années. Alors qu’au tournant du siècle, l’horaire était dominé d’auteurs-compositeurs-interprètes folkloriques, on y retrouve maintenant de la musique d’ambiance. Cette décision de Klausener, directeur artistique de l’Arboretum Arts Festival et chanteur du groupe The Acorn, tente de faire un compromis entre les concerts en direct et une atmosphère qui encourage la conversation. Ainsi, les musiciens jazz et DJs qui y jouent le dimanche et le lundi parviennent à plaire autant aux amateurs de musique qu’aux gens qui préfèrent prendre une bière calmement, tout en jouant à un jeu de société.

Du côté des arts visuels, Gallemit – une sculptrice de la région qui explore les matériaux récupérés, réutilisés et recyclés – met en scène une nouvelle exposition tous les mois. Avec un souci particulier pour les artistes émergeant, les styles artistiques et même les médiums sont susceptibles de changer drastiquement d’un mois à l’autre.

Finalement, la série littéraire d’O’Meara est unique en son genre. Depuis maintenant 15 ans, le poète lauréat invite des auteurs de renom à lire des extraits de leur œuvre. Au fil des ans, Plan 99 Reading Series a présenté des poètes, des romanciers et des nouvellistes d’un peu partout au Canada, privilégiant les écrivains qui publient chez de petites maisons d’édition.

The Manx offre aussi une bonne collection de bières et de whiskys. Malheureusement, les consommations sont relativement dispendieuses, surtout pour les budgets habitués aux pichets abordables de la Côte-de-Sable. À 7 $ la pinte, sans pichets ou spéciaux de la semaine, les étudiants doivent souvent se contenter d’un verre de moins.