– Par Émilie Deschamps – 

Alors que 2013 en est à ses premiers balbutiements, Allan Rock, recteur de l’Université d’Ottawa (U d’O), regarde 2012 avec enthousiasme et la qualifie d’année charnière pour l’U d’O, sans cacher qu’il reste de grands défis à relever.

Pour contrer la dépression, mieux accommoder les étudiants

La consommation importante d’antidépresseurs chez les étudiants de l’U d’O — il s’agit de la deuxième prescription la plus réclamée à l’Assurance médicaments de la Fédération étudiante de l’Université d’Ottawa (FÉUO) — préoccupe le recteur, mais il n’établit pas de lien direct entre celle-ci et les hausses de frais de scolarité. Il diverge ainsi de la FÉUO, dont la vice-présidente aux communications affirmait en novembre, dans Le Droit: « […] il y a un lien entre la hausse des droits de scolarité et le stress financier, qui peut mener à une dépression ».

Le recteur estime que la consommation d’antidépresseurs est semblable sur tous les campus universitaires. Il explique qu’il a lui-même eu des problèmes de dépression et d’anxiété durant ses études pour lesquels il a cherché l’aide d’un psychiatre. Il ajoute qu’« il ne faut pas cacher ses problèmes de santé mentale », que « ce n’est pas honteux ». « C’est pourquoi je souligne que moi aussi j’ai eu ce type de problème », explique Allan Rock. Le recteur croit donc qu’« il faut renforcer notre capacité d’accommoder et d’aider les étudiants et les membres de la communauté universitaire », mais sans préciser comment l’Université pourrait atteindre un tel objectif.

Cours en ligne: une approche hybride

Les cours en ligne sont dans l’air du temps, mais provoquent aussi certaines inquiétudes, notamment à la division ontarienne de la Fédération canadienne des étudiantes et étudiants, qui rejette l’idée envisagée par le Ministère de la formation, des collèges et universités de créer un institut en ligne qui décernerait des diplômes.

À l’U d’O, le recteur explique que c’est une approche hybride qui sera favorisée, le but n’étant pas que les élèves passent tout leur temps à la maison. Par exemple, un cours magistral en ligne pourrait être suivi d’un groupe de discussion avec un professeur ou un assistant professeur afin de bien assimiler la matière.

Allan Rock se montre très intéressé par les nouvelles options offertes par les technologies, comme les cours en ligne ouverts et massifs, connus en anglais sous le nom de MOOC (Massive online open course). Il cite en exemple un de ces cours offerts par l’Université Stanford en Californie, qui était suivi par 110 000 étudiants. À la fin de ce type de cours, offerts sans frais, les étudiants n’obtiennent pas de crédit, mais ils les suivent parce qu’ils sont intéressés. Contrastant avec cette approche, Allan Rock explique que l’U d’O « voudrait mettre les cours en ligne pour la convenance de nos étudiants et voudrait aussi récolter plus d’argent ».

Il conclut que la situation de l’U d’O en ce qui concerne les cours en ligne sera soumise prochainement à Hal Abelson, un expert dans l’enseignement assisté par les technologies et professeur à l’Institut de technologie du Massachusetts. Celui-ci conseillera l’Université sur une approche à adopter qui sera présentée au Bureau des gouverneurs au printemps prochain.

Un souhait inusité du recteur pour 2013

Interrogé sur la faible participation étudiante dans la politique étudiante et universitaire, le recteur explique  que « c’est dommage parce que […] si on ne participe pas, on part après quatre ans avec une expérience limitée », et considère que « c’est mieux de prendre part, de participer à la Société des débats, de se présenter pour la Fédération étudiante et de manifester contre le méchant recteur ». Ce dernier souhait a été exaucé le lendemain de cette entrevue, alors qu’étudiants et militants autochtones envahissaient la rotonde du pavillon Tabaret pour demander la « décolonisation de l’Université » à travers cinq demandes.