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Démystifier l’évaluation du bilinguisme des candidat.e.s aux éléctions

30 janvier 2017

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TEST DE COMPÉTENCE LINGUISTIQUE À LA FÉUO

Par Charlotte Côté

Beaucoup d’encre a coulé depuis 1991, lorsque Jennex, alors vice-président des finances de la Fédération étudiante de l’Université d’Ottawa (FÉUO), s’indignait de la « bilinguisation » de son poste. Plus de 25 ans plus tard, si les postes de l’exécutif de la FÉUO sont tous bilingues, des inquiétudes planent toujours. Pourquoi certain.e.s candidat.e.s ayant réussi leur fameux « test de bilinguisme » peinent à répondre aux questions en français? Le test est-il rigoureux? Les candidat.e.s pourraient-ils tricher? La Rotonde tente d’éclaircir l’affaire une fois pour toutes.

La semaine dernière, les candidat.e.s aux élections générales de la FÉUO ont été appelés à prouver leur bilinguisme. Ils ont été évalués sur leur compréhension de l’oral, de la lecture et sur leur expression orale dans les deux langues officielles. L’expression écrite des prétendant.e.s au poste de vice-président.e aux services et communications a aussi été notée.

Rappelons que les tests sont administrés par l’Institut des langues officielles et du bilinguisme (ILOB), un organisme indépendant, et que leur contenu est gardé confidentiel. Le directeur des élections de la FÉUO, Qussai Abu-Naqoos explique que ce « fournisseur externe [permet de] maintenir l’intégrité et l’impartialité de la FÉUO ».

Des exigences constitutionnelles bien établies

L’ILOB n’offre pas un test de bilinguisme en soit, mais bien trois tests de compétence qui déterminent si les candidat.e.s satisfont aux critères déterminés dans la Constitution féuosienne. Ainsi, à l’expression orale, les candidats aux postes de v.-p. à l’équité, aux finances, aux affaires sociales ou aux affaires universitaires doivent recevoir la note de 4/5.

Amelia Hope, cheffe des services d’évaluation linguistique à l’ILOB, explique que cette note équivaut à une « maitrise efficace de la langue dans des contextes relativement exigeants », cependant marquée par certaines entraves à la communication. Un candidat peut donc satisfaire aux exigences sans être nécessairement très à l’aise pour s’exprimer, reconnait Mary-Ruth Endicott, coordonnatrice des tests à l’ILOB.

Nick Robinson, étudiant ayant réussi l’évaluation en octobre 2015, décrit : « [Les tests] sont assez faciles. Ceux de compréhension sont sous forme de questions à choix multiples ». Selon Francesco Caruso, actuel v.-p. aux services et communications et candidat à la présidence, les tests devraient évaluer le bilinguisme professionnel des candidat.e.s plutôt que conversationnel : « Pour bien représenter les étudiants francophones sur le campus, [il faut pouvoir aisément] discuter des enjeux postsecondaires en français », affirme-t-il.

La barre est plus élevée pour celles et ceux qui convoitent la présidence, des notes de 5/5 à l’oral et de 3/4 en lecture étant nécessaires pour être admissible. Les exigences sont les mêmes du côté du poste de v.-p. communications, en plus d’une note de passage de 4.5/5 à l’écrit.

Ces exigences seraient-elles trop élevées? Radi Shahouri, candidat au poste de v.-p. communications en 2014, semble être de cet avis : « J’ai été très surpris d’avoir passé le test écrit en anglais mais pas celui français, alors que je suis francophone. »

Il convient d’ailleurs de rappeler que, cette année-là, aucun candidat n’a pu répondre aux exigences de bilinguisme, et qu’un comité s’était donc retrouvé contraint de nommer Roméo Ahimakin au poste.

Un test qui ne change pas

Si recevoir un niveau de 4/5 signifie être un « locuteur compétent » et si être bilingue n’assure pas nécessairement une réussite, pourquoi certains candidats peinent-ils à répondre à des questions en français lors des débats?

Hope, de l’ILOB, explique qu’il y a deux versions des tests de compréhension, présentées en alternance. Ces tests n’étant pas changés au fil du temps, Endicott reconnait pour sa part que les étudiants pourraient partager leur expérience avec d’autres, tout en précisant qu’il faudrait toutefois « apprendre les réponses par cœur » pour réussir l’examen. Pour le test d’expression orale, Hope affirme que les scénarios élaborés et les images discutées changent et rendent « pratiquement impossible » la triche.

Cette année, Hadi Wess, v.-p. social actuel, repassait le test pour renouveler ses scores, et Justin Patrick, candidat au poste des finances, tentait pour la 2e fois de réussir la section orale. Il a confié à La Rotonde : « Le test de compréhension était le même, autant en français qu’en anglais. »

Une question se pose alors : serait-il possible pour d’anciens candidats de former les membres de leurs partis pour réussir le test? « [Ils] peuvent préparer les nouveaux candidats sur ce qui leur sera demandé », affirme Caruso. Wess s’est quant à lui abstenu de commenter.

Le mythe du bilinguisme ?

Pendant ce temps, pas un mot de français n’est sorti de la bouche du président des élections, qui occupe pourtant un poste bilingue. S’il se dit à l’aise en français, Abu-Naqoos avouera qu’il « communicate mostly in English ». Ainsi, il est presque devenu coutume d’entendre divers représentants de la FÉUO se faire une joie de rappeler l’importance du bilinguisme… en anglais.

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Vendredi dernier, les candidats ayant passé le test de bilinguisme ont reçu leurs résultats. Voici la liste officielle des candidats dans la course aux élections de l’exécutif de la FÉUO (2017) :

Présidence

Francesco Caruso (Arrangeons ça)

Hadi Wess (Unis)

Équité

Diyyinah Jamora (Étudiants d’abord)

Leila Moumouni-Tchouassi (Unis)

 Affaires universitaires

Axel Ngamije Gaga (Unis)

Jeffry Colin (Arrangeons ça)

Finances

Rizki Rachiq (Unis)

Tanner Talon

Affaires sociales

Jonathan Chin-Fook (Étudiants d’abord)

 Services et communications

Kathryn Leblanc (Arrangeons ça)

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