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Sports et bien-être

Le temps de se pogner le beigne, ou de ne pas se le pogner

Crédit visuel : Pixabay

Par Noémie Calderon Tremblay – Journaliste

Le gouvernement l’a dit infinitum ces dernières semaines : rester chez vous ! Je ne sais pas vous, mais moi quand je pense rester chez moi, je pense repos, ennui et dormir. Tous des termes qui sont antonymes à la productivité. Pourtant, on va se le dire, depuis le début du confinement, je n’ai fait que très peu de ces trois choses. Constat déconcertant : le COVID-19 n’a pas magiquement effacé mon obsession de faire quelque chose. Toutefois, depuis que ma maison est devenue l’unique adresse de mon existence, je suis un peu déboussolée.

Pendant que le monde est en suspens, je suis en feu ! J’écris, je danse, je chante, je lis, j’écoute des films, je jardine, je journaliste… Je m’inquiète, je divague, je perds le fils et je ne sais plus quelle date on est.

Le chamboulement des routines 

J’ai beau tenter d’être productive avec la chaleur qui monte (mon hypersensibilité aux soubresauts de la météo) et l’effet mono-maison, j’ai la tête dans une espèce de nuage blanc laiteux où je ne vois point poindre la porte de sortie.

Sans aucun doute l’augmentation de mon utilisation d’internet pour toutes sortes de choses comme les réunions, contacts humains, travaux scolaires, en est pour quelque chose. Internet est décidément un trou noir fatiguant et le temps file vite lorsqu’on s’y plonge.

Également, l’importance d’avoir un lieu pour chaque chose m’apparaît. En effet, les différents lieux de notre quotidien donnent un cadre à notre journée. Sans l’Université, les cafés, La Rotonde et les autres endroits où je me stationne l’instant de quelques heures, je suis comme des chaussettes sans commode : perdue.

Depuis que ma maison est devenue le centre des mes activités, mon mode d’apprentissage et de travail à complètement bousculé. Je ne fonctionne plus de la même façon sans endroits, cadres et gens pour m’organiser. Par exemple, je m’accorde plus de pauses, je m’occupe de ma famille, de mon jardin… Je ralentis. 

Il semble que j’ai perdu le rythme de la ville. Je réalise aussi qu’on ne peut pas humainement demander à des gens qui travaillent à la maison d’avoir le même niveau de productivité qu’au travail.

Oui, sans la pression des autres autour de moi, je semble être en train de développer un plus grand je-m’en-foutisme.

Oh, j’entends déjà les critiques qui associeront cette nouvelle caractéristique à de la procrastination. Ce que je cherche plutôt à dire, c’est que je suis plus attentive à ma façon de travailler et à ma santé mentale semble être redevenue ma priorité quotidienne. Les gens s’attendent maintenant à des imprévus, alors je me sens moins coupable de dire non, je n’ai pas eu le temps ou j’ai oublié.

C’est inquiétant ou c’est rassurant ? Je choisis la deuxième option. Nous allons trop vite. Voilà tout.

À noter que je suis plutôt du type qui tente désespérément d’en faire plus que nécessaire. Je suis consciente d’avoir le privilège de pouvoir en faire moins et que beaucoup souhaiteraient travailler moins et n’ont pas la possibilité de le faire. Toutefois, je crois que si plus de personnes (y compris moi-même) prenaient le temps de faire moins et mieux, ça aurait un effet positif sur toute la société. 

Une leçon de décroissance

Je suis sérieusement en train de me questionner sur mon choix de carrière… Est-ce que j’ai réellement envie de travailler fort à ce point ? Est-ce qu’avoir du temps sa portée et de ne pas avoir un horaire surchargé doit nécessairement être un signe d’échec ? Pouvons-nous travailler moins et tout de même vivre une vie économiquement stable ?

Je cherche une alternative à notre façon de vivre. Je suis épuisée, du rythme incessant des internet, des guides pour être plus productifs, des « comment être tout, zen et heureux. »

N’allez surtout pas croire que je suis super heureuse avec l’idée de faire moins de choses. Au contraire, moi aussi j’ai le cerveau rempli de messages subliminaux qui m’envoie des « work hard play hard », « travaillez fort et vous obtiendrez ce que vous voulez » et des exemples de « one self made men and women ».

J’ai de l’ambition, mais est-ce que j’ai envie de participer à ce monde de surconsommation qui dévale la pente ? L’écologie, ce n’est pas une farce plate, j’en suis consciente, mais en essayant de maximiser mes journées, est-ce que je ne suis pas moi aussi en train de participer à la culture du rapide ?

Bref, nous nous devons de retourner au moins et mieux : moins d’éléments sur notre liste de choses à faire, moins d’argent, moins de biens. Et pour y arriver la première étape, c’est de regarder notre horaire de temps et de vérifier les trous pour respirer et réfléchir.

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