– Par Didier Pilon et Alexandre Millaire-
Pour cette édition de Folkfest, le Festival a invité tout un assortiment d’artistes de la région. Le talent déborde dans tous les sens et dans tous les genres avec une douzaine de concerts qui prouvent que la scène musicale d’Ottawa est bien vivante.
La prestation de Lucky Ron a fait preuve d’humour et de verve telle qu’on peut s’y attendre de ce vétéran du folk ottavien. Au large de sa scène habituelle au Château Lafayette, il était accompagné de son groupe, fidèle au légendaire gratteux depuis 26 ans. Chaque commentaire de la foule peut susciter une histoire et chaque histoire fait rire autant plus que la dernière. À la même heure sur la scène Valley, la foule s’est réunie dans le froid et dans la pluie pour la performance de Noisy Locomotive. Le trio d’Ottawa s’est installé sur des chaises avec leur mandoline, banjo et guitare acoustique et a partagé un micro dans l’intimité relative de 350 spectateurs. Leur rythme bluegrass a su réchauffer la foule qui tapait des mains et des pieds, tournoyant sur un petit plancher de danse.
Le lendemain, c’était au tour de High Waters, de Pony Girl et des PepTides de représenter la région. Même si le concert de High Waters a commencé relativement tôt, la foule s’est accumulée à la scène Hill petit à petit. Au rythme rock indie de la formation s’ajoute les longs mélismes en falsetto du chanteur et une panoplie de sons distinctifs, frôlant le psychédélique. Ces caractéristiques, qui évoquent l’influence d’un groupe tel que Radiohead, donnent relief à leurs chansons et un feel particulier au groupe. Ensuite, les sept musiciens de Pony Girl se sont entassés sur la petite estrade et, avec un synchronisme impeccable qui dissimule la complexité de leurs arrangements, ont produit un son uni et hypnotisant. La foule, illuminée par les reflets bleus et violets de la scène, se balançait lentement dans l’atmosphère pleine et pesante, perdue dans la musique. Leur performance, polie et précise, témoignait nettement de l’expérience acquise lors de leur récente tournée dans les maritimes. Finalement, c’était au tour de PepTides. Costumes hilarants, paroles racoleuses et de délicieuses harmonies, ce groupe ne nous laisse certainement pas indifférent. Les quatre instrumentistes et cinq chanteurs – dont l’esthétique rappelle Jesus Christ Superstar – nous ont proposé des chansons d’amour électro, rétro et postmoderne. L’originalité est au rendez-vous pour ce phénomène musico-théâtral local.
Toutefois, quoique la scène se soit ouverte à une programmation locale vaste et variée, l’infrastructure laissait tout de même à désirer. Une petite estrade simple, voire minimaliste, accueillait les musiciens locaux. Les haut-parleurs, empilés les uns sur les autres de chaque côté de la scène, étaient conçus de façon à réduire la portée sonore et les ingénieurs du son ont eu peine et misère à accommoder les chœurs. Toutefois, les musiciens ont bien su compenser avec énergie et enthousiasme.