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Un système agricole durable et abordable sur le campus

17 septembre 2018

Par Nonibeau Gagnon-Thibeault, journaliste 

Vous avez peut-être remarqué un curieux conteneur au nom de The Growcer sur le campus, à côté de l’édifice Thompson. La boîte métallique cultive de façon durable des légumes qui se retrouveront dans les assiettes des étudiant.e.s qui fréquentent la Salle à manger 24/7 de l’Université d’Ottawa (U d’O).

Huit sortes de plantes, notamment du basilic et de l’épinard, poussent dans le système de culture hydroponique à l’U d’O. Ces légumes de l’entreprise The Growcer, développée par deux anciens étudiants de l’U d’O, seront prêts vers la fin du mois d’octobre. Il sera alors possible de se procurer ces aliments frais à la Salle à manger, avec une indication que les légumes proviennent du conteneur.

Un modèle durable

La particularité de ce système agricole est son modèle durable qui nécessite peu de ressources. Les 1 800 légumes dans ce conteneur requièrent 1 900 litres d’eau par mois, soit 95% moins d’eau que l’agriculture de masse. Le tout est alimenté par de l’électricité et une bonbonne de propane. Au niveau du labeur, il ne suffit que de 10 à 12 heures de travail afin que le système soit mis en marche.

De plus, les légumes qui y sont cultivés reviennent au même prix que ceux du marché. Selon le co-fondateur et président de The Growcer, Corey Ellis, « on peut produire des légumes à l’année longue sur le campus même, puis servir les étudiants dans des quantités importantes, tout en gardant les coûts égaux aux légumes importés ». C’est 230 livres de légumes par semaine qui sont produits avec un minimum de ressources.

Répondre à un besoin criant dans le Nord

L’idée de ce conteneur est d’abord une réponse aux besoins alimentaires des communautés Inuites au Nunavut. En effet, les fondateurs de l’entreprise on prit conscience de ce problème social lors d’un voyage à Iqaluit en 2015. En raison des coûts de livraison des longues chaînes d’approvisionnement de l’agricole de masse, les habitants du territoire dépensent en moyenne deux fois plus d’argent que le reste de la population canadienne en alimentation. Selon Statistiques Canada, 32,7% des ménages au Nunavut vivent de l’insécurité alimentaire tandis que la moyenne nationale est de 8,4%.

Le conteneur, résistant au froid extrême, permet de diminuer la dépendance des communautés Inuites aux chaînes d’approvisionnement et du même coup leur apporter une certaine autonomie alimentaire. « On veut permettre à ces gens de faire pousser leurs propres légumes et d’alimenter leurs communautés. Les communautés qui ont notre système peuvent mieux se protéger à l’année longue face à l’insécurité alimentaire », se réjouit le diplômé de l’U d’O en sciences commerciales. Présentement, 12 communautés possèdent des conteneurs de The Growcer.

Pour une autonomie alimentaire

Ellis espère que sa technologie agricole en conteneur puisse rendre les gens indépendants du système agricole de masse. « Il y a deux ou trois compagnies qui ont tout le pouvoir et qui nous exportent leurs aliments. L’idée avec ce qu’on a développé est de donner un outil aux gens pour moins dépendre des chaînes d’approvisionnement », amène Ellis. « Le bénéfice d’avoir ça, c’est que les communautés peuvent compter sur elles-mêmes. Par exemple, s’il y a une intempérie en Californie, cela n’affecterait pas la qualité ou la disponibilité des légumes au Canada ».

Faisant originellement partie du club étudiant ENACTUS, l’entreprise The Growcer « est devenue une entreprise à temps plein », explique Ellis, « on est deux et on continue de travailler là-dessus ». Il est optimiste sur l’avenir de sa compagnie agricole, soulignant qu’un conteneur coûte 180 000$ et qu’il se rentabilise sur quatre ans.

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