Subventions pour l’art francophone : Plus d’un tiers des subventions va aux francophones à Ottawa-Gatineau
– Par Ghassen Athmni –
Le financement des arts dans la région d’Ottawa-Gatineau et ses environs va inévitablement de pair avec la dualité linguistique qui caractérise cet espace. Du côté ontarien, nombre d’organismes publics et sectoriels offrent leur aide en particulier aux artistes francophones et élargissent souvent leur zone de couverture à la région de l’Outaouais. L’existence de telles subventions vise le maintien et la revigoration d’une création artistique francophone face à l’imposante présence anglophone dans ce domaine.
Financement public des arts dans la région
Les deux principales institutions publiques auxquelles il est possible de s’adresser afin d’obtenir un financement dans la région sont le Conseil des arts de l’Ontario (CAO) et le Conseil régional de la culture de l’Outaouais (CRCO), une section régionale du Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ).
Les productions auxquelles les subventions sont offertes varient de l’écriture de chanson à la mise en scène théâtrale en passant par la création littéraire, les arts plastiques et les arts médiatiques.
Il existe aussi des fonds alloués au soutien des structures qui offrent des services artistiques aux citoyens, telles les salles de théâtre ou les associations à but non lucratif qui organisent des évènements culturels. « Ces subventions sont accordées après un examen de dossier, selon la pertinence du projet et la cohérence du budget proposé », explique Claudette Jaiko, responsable des arts franco-ontariens au CAO. L’ensemble des fonds accordés aux artistes et aux organismes franco-ontariens s’est élevé à 2,73 millions de dollars en 2011 (le rapport 2012 n’est pas encore disponible), soit 5,2 % des subventions octroyées sur le plan provincial. 1,45 millions ont été accordés dans la région d’Ottawa-Gatineau, soit 39.4% du total de ce qui a été accordé dans la région. Ces chiffres ne prennent toutefois pas en compte l’ensemble du financement obtenu par des francophones mais uniquement les sommes accordées à titre de subventions aux arts franco-ontariens.
Dans certains domaines, comme en arts visuels, l’expérience joue aussi un rôle important : si un artiste « établi » peut recevoir jusqu’à 15 000 dollars, les débutants ne peuvent se voir accorder plus de 5000 dollars. « Il s’agit d’investir dans des travaux qui représentent la culture francophone en Ontario et au-delà. Il faut bien sûr faire ses preuves pour garantir que le projet corresponde à notre politique et à nos objectifs », ajoute M. Jaiko.
Du côté du CRCO, le soutien financier aux artistes s’est élevé à 172 535 dollars en 2012 contre 319 313 dollars en 2011. Le comité régional accorde aussi des sommes de 5000 dollars à titre de prix à la création artistique ou littéraire. « C’est en fonction de la capacité à représenter la région et de ce dont nous estimons avoir besoin que les projets sont évalués », explique Victoria Raileanu, coordonnatrice aux communications, aux affaires corporatives et au marketing du Conseil.
Structures sectorielles pour les musiciens
Les artistes francophones de la région peuvent aussi demander des subventions à des associations sectorielles telles que l’Association des professionnels de la chanson et de la musique (APCM) ou l’association Musicaction en ce qui concerne la musique ou le Bureau des regroupements des artistes visuels de l’Ontario en arts visuels. Certaines associations communautaires à but non lucratif, comme Réseau Ontario, administrent des programmes du CAO pour la promotion du théâtre francophone. Ce type d’organismes accorde de l’assistance logistique et offre une aide au niveau de la diffusion et de la communication en plus d’accorder des sommes d’argent. Ils offrent en particulier aux artistes la possibilité de travailler sur le long terme, contrairement aux institutions publiques.
Vu les coûts de production et les prix du marché de l’équipement musical, les musiciens ont souvent recourt à des subventions publiques et privées et se tournent généralement vers les associations sectorielles qui leur offrent la possibilité de les représenter sur un moyen voire un long terme.
« Pour nous, les subventions peuvent prendre plusieurs formes : de la simple location d’un espace de répétition équipé, au financement de l’enregistrement d’un album. Je pense personnellement qu’il existe un nombre satisfaisant de sources de financement aux musiciens et chanteurs francophones dans la région », a commenté Ami Jetté, jeune chanteur ottavien qui a participé à divers programmes accordant des subventions.
Les organismes sectoriels de musiciens œuvrant dans la région vont jusqu’à organiser des manifestations culturelles afin de promouvoir les artistes qui en sont membres, ce qui attire aussi les jeunes artistes et les amène à participer à de tels programmes et à devenir membres de ces associations.