
Stages sur la Colline parlementaire : Plus accessibles qu’on ne le croit
– Par Samuel Lafontaine et Maude-Érica Desjardins –
Profitant pleinement du fait d’habiter la capitale nationale, de nombreux étudiants et étudiantes de l’Université d’Ottawa (U d ’O) choisissent d’acquérir de l’expérience professionnelle sur la Colline parlementaire. Plusieurs options s’offrent à ceux et celles qui désirent obtenir un premier poste en politique.
L’objectif d’un stage est de permettre à un individu d’acquérir de l’expérience professionnelle dans un domaine précis. L’acquisition de connaissances théoriques mais également techniques offre la possibilité à des étudiants sans expérience de s’impliquer dans un milieu de travail qui pourrait potentiellement mener à un emploi permanent, tout en agrémentant leur curriculum vitae. De nombreux universitaires profitent de cette occasion pour entrevoir les rouages de cette organisation gouvernementale complexe, durable, structurée et institutionnalisée qu’est le Parlement.
La démarche pour trouver un stage implique souvent une grande diversité de ressources et pourrait en décourager plusieurs. L’U d’O offre donc deux programmes, en dehors du programme coopératif, qui permettent d’accéder à un stage sur la Colline : le programme d’apprentissage par engagement communautaire (AEC) et le programme du Centre d’engagement mondial et communautaire (CEMC).
L’apprentissage par engagement communautaire est un programme scolaire expérimental dans lequel les étudiants contribuent à leur communauté en participant à des placements approuvés par leur professeur. Par la suite, l’étudiant doit produire un travail de réflexion qui permet de remplacer une évaluation telle qu’un examen. Le Centre d’engagement mondial et communautaire (CEMC) permet aux étudiants de faire un stage bénévole, mais sans être associé à un cours universitaire. Par conséquent, l’étudiant doit seulement effectuer pendant une période déterminée les heures de stage sans avoir l’obligation de produire un travail de réflexion. Il est possible d’obtenir pour ces stages une attestation de bénévolat (ADB), un document officiel délivré par l’Université qui confirme le travail de bénévolat accompli. Ce document peut appuyer une demande d’emploi et servir de référence lorsqu’un étudiant postule pour une organisation.
À travers son cours d’Introduction à la politique canadienne, Veronica Rudyk, étudiante en troisième année en sciences politiques, a fait un stage AEC de quatre mois au bureau de la députée Djaouida Sellah du Nouveau Parti démocratique (NPD). « Le jumelage a été fait en fonction de mes intérêts comme étudiant. J’ai été affectée au bureau de Mme Sellah en raison de son travail sur les soins de santé et les femmes autochtones », explique-t-elle. Son travail comportait surtout des travaux de recherche et de la correspondance. Satisfaite de son stage, elle n’hésite pas à encourager un étudiant qui souhaiterait faire la même chose. « Si cet étudiant s’intéresse à la recherche ou la vie politique, c’est le meilleur choix. J’ai eu la chance de voir comment un député gère son temps et les choses qu’il accomplit. J’ai pu faire partie, même pour une courte période, de la gestion de ce bureau et j’ai pu aider avec des sujets assez importants », conclut-elle.
Tout comme Mme Rudyk, Chen-tao LaRochelle est étudiant en sciences politiques. Mais son stage n’était pas dans le cadre d’un cours. Débrouillard, il est allé voir le CEMC qui lui a alors fourni les coordonnées du bureau et qui l’a par la suite pris comme stagiaire. « C’était bien plus facile que ce à quoi je m’attendais », affirme-t-il. Cependant, il se révèle un peu déçu de son expérience. Même s’il en reconnait la valeur et recommande l’expérience, il considère que c’est davantage un atout en cas de première expérience. Ayant déjà été impliqué en politique antérieurement, le stage CEMC n’a pas comblé ses attentes.
Il n’y a pas que l’Université qui peut aider un étudiant à se trouver un stage au Parlement. Chaque été, le Parti libéral du Canada (PLC) et le Parti conservateur du Canada (PCC) offrent un programme de stages rémunérés.
Maxime Hupé a fait un stage l’été dernier au bureau de recherche du caucus conservateur. Diplômé de l’U d’O en administration publique et sciences politiques, il étudie présentement à la maitrise à l’Université du Québec en Outaouais, à l’École nationale d’administration publique. Les participants au programme de stage d’été sont généralement sélectionnés parmi un grand nombre d’applications après un processus « très sélectif ». Cependant, M. Hupé fait figure d’exception, ayant été contacté un mois après le début du stage pour prendre la place de quelqu’un qui s’était désisté. Entièrement satisfait de son expérience, il dit que cela l’a aidé beaucoup. « Le souci du détail est très important en politique et j’ai dû apprendre à vraiment être certain que tout ce que j’envoie soit bien fait », explique-t-il. Selon lui, les contacts que l’on se fait dans un tel contexte sont également très précieux. Enfin, il dit avoir beaucoup appris sur la manière de mener une campagne électorale et que cela l’ait aidé à se faire élire comme commissaire scolaire à l’automne dernier.
Enfin, il existe aussi des programmes de stage pour les gens détenant un baccalauréat. Par exemple, la Chambre des communes a son propre programme de stage parlementaire depuis 1969. Le stage dure dix mois et le participant reçoit un dédommagement de 23 000 $. Également, le Centre consultatif des relations juives et israéliennes (CIJA) offre la possibilité à une dizaine de diplômés chaque année de suivre un stage de neuf mois durant l’année scolaire avec un député d’arrière-banc en échange d’une rémunération de 15 000 $.