Par : Céline Castellino – Correspondante de Suisse
Si l’on devait s’amuser à dresser le portrait de l’universitaire en échange parfait, je serais sûrement une assez mauvaise élève. L’étudiant en échange parfait choisit d’étudier dans un nouveau pays pour comprendre sa culture et apprendre une nouvelle langue. Or, en toute honnêteté, ma volonté de partir en échange provenait d’un désir viscéral de devenir indépendante de mes parents. En effet, du haut de mes 20 ans, je n’avais jamais vécu seule ou en colocation et j’ai saisi cette chance au vol ! À l’heure du départ pour Ottawa, je n’avais que deux certitudes : je parlais couramment l’anglais et le français, avantage indéniable dans cette ville, et j’avais des équivalences de crédits pour mes cours. Le 4 septembre 2017, je me suis donc retrouvée à l’aéroport prête à m’envoler pour Montréal, accompagnée de mes parents, très présents et supportifs pour le début de cette aventure. J’étais fin prête à m’envoler à 7 502 km de ma ville natale pour 4 mois.
Ce qu’il faut savoir sur moi, c’est que j’avais peu ou pas d’idées quant à quoi m’attendre en partant pour Ottawa. Pas de guide touristique d’Ottawa, pas de plans, seulement quelques éloges optimistes sur le Canada de la part d’amis, ainsi que les conseils d’une amie s’y étant également rendue. J’y suis allée spontanément, en croisant les doigts pour que tout se passe bien.
Quand je songe à mes premières impressions du Canada, je dois avouer que c’est la langue qui m’a marquée en premier. À travers des rencontres étudiantes, j’ai découvert les rouages du parler franco-ontarien grâce à des phrases comme : « c’est fucking long, man », « c’mon, c’est ben correct ! », ponctué par l’occasionnel « Tabarnak ! » ou « Criss de câlisse ! ». Autant dire qu’au bout de quatre mois, je mélangeais allègrement le français et l’anglais en compagnie de Franco-ontariens. La poutine a aussi été le premier plat que j’ai goûté en atterrissant à l’aéroport de Montréal ; plat qui est rapidement devenu régulier dans mon régime alimentaire. Quant à la température, un -10°C ensoleillé en novembre me donnait surtout l’impression d’aller en cours dans une station de ski !
Durant ce semestre à Ottawa, j’ai intégré le Mouvement Étudiant Révolutionnaire, par curiosité. Ceci a rapidement transformé mes mercredis soir en Communisme 101, qui se clôturaient souvent en débat et discussions de toutes sortes autour d’un verre au bar le plus proche de l’U d’O. C’est avec ces étudiants que ma conscience des injustices sociales, avant tout féministe, a évolué vers une prise de conscience plus globale, notamment sur la colonisation et les droits autochtones; des problématiques inhérentes au Canada. C’est avec eux que j’ai milité à ma première manifestation antiraciste à Montréal, en novembre 2017. Il va sans dire que j’en garde un souvenir de franche camaraderie.
C’est vers la fin du semestre que j’ai écrit deux articles pour La Rotonde, satisfaisant enfin mon désir d’écriture. Grâce à une équipe qui ne m’a pas laissée le temps de me poser trop de questions, j’ai eu un aperçu du milieu artistique d’Ottawa. Le temps passé avec eux était bien court, mais suffisant pour rencontrer de belles personnes et peut-être me projeter dans un avenir de journaliste. C’est pourquoi je t’encourage, cher lectorat, si l’envie te titille, à t’impliquer dans ton université… Qui sait ce que cela pourrait t’apporter?
À une prochaine,