Photo Emilie Azevedo
Par Maeve Burbridge
Le Musée des beaux-arts du Canada (MBAC) connaîtra un changement quant à sa direction en 2019, année qui marquera la fin de la décennie qui connut Marc Mayer à ce poste et dont la vision a su transcender l’art canadien à une grande échelle. Sa devise : raconter l’histoire des peuples de cette terre que nous appelons aujourd’hui le Canada à travers l’art.
Bien que le fait de mettre en valeur l’art des premiers peuples du Canada fasse partie du mandat du MBAC depuis 1927, Mayer a non seulement su présenter des collections d’art de peuples autochtones, mais a aussi su innover dans le domaine, d’après Geneviève Ménard, directrice des communications pour le Musée.
C’est de 2008 au 18 janvier 2019 que M. Mayer aura été le directeur du MBAC. Tout au long de son mandat, celui-ci a tenté de retracer l’histoire du pays canadien de la façon la plus inclusive et véridique possible. C’est selon une attention particulière accordée à leur importance culturelle et sociale que celui-ci a mis en vedette une quantité impressionnante de collections, d’expositions et d’œuvres autochtones.
Représenter nos premiers peuples
C’est au cours du mandat de Shirley Thomson, directrice du MBAC de 1987 à 1997, que le Musée met sur pied sa première exposition d’art autochtone d’envergure, appelée Land, Spirit and Power. D’après Ménard, Thomson est à la tête de la lignée de directeurs du Musée qui ont changé la façon dont celui-ci aborde l’art autochtone du Canada.
Pour Mayer, il s’agissait de « […] réimaginer la collection canadienne afin de mieux raconter l’histoire, et pour reconnaître que l’art existe sur notre territoire depuis plusieurs milliers d’années », selon Ménard.
Dans un discours datant de 2017, Mayer déclare qu’« il est nécessaire, pour comprendre le Canada, de connaître ses nombreuses cultures, particulièrement les plus anciennes ». En fait, une des plus grandes fiertés de Mayer dans son remaniement de l’approche du Musée quant à l’art autochtone, d’après Ménard, a été les consultations qu’il a réalisées avec les membres de communautés autochtones du Canada. Il s’agissait de comprendre comment le Musée pouvait aborder l’art autochtone de manière aussi respectueuse et sincère que possible. L’ancien directeur a également embauché la première conservatrice d’art autochtone ancien que le Musée des beaux-arts a connue. De plus, Mayer a fait construire un nouveau volet du Musée pour « […] intégrer harmonieusement l’art canadien et autochtone à l’ensemble de la trame historique de l’art au Canada », d’après un communiqué de presse du MBAC datant du 15 janvier passé.
L’art dans ses diverses formes
Marc Mayer a cherché à mettre de l’avant des expositions qui comprennent l’art sous des formes variées. Ménard souligne entre autres sa contribution quant à l’élargissement de notre définition de l’art dont « on parle souvent […] comme étant des photos ou des tableaux qu’on met sur le mur. Le nombre d’objets qu’on inclut est devenu plus grand, au niveau des vêtements et l’artisanat par exemple ». Celui-ci a voulu incorporer davantage de cinématographie, d’artisanat, et de vêtements dans les collections présentées.
Au cours de son mandat, Mayer a cherché à inclure de l’art qui faisait réfléchir à la distinction entre l’artiste et le créateur. L’exemple repris par Ménard est celui de chaussures, qui sont nées objets, mais qui deviennent des œuvres d’art avec l’ajout de perles de verres qui embellissent la base et lui donnent une signification qui dépasse celle d’une simple paire de chaussures. D’après Ménard, Mayer s’intéressait particulièrement à ce genre de processus créatif.
L’ancien directeur du MBAC est également connu pour ses innovations dans le domaine de l’art moderne et de ses réalisations au niveau de l’acquisition d’œuvres d’art internationales, comme celle de la célèbre Comtesse Anna Ivanovna Tolstaïa d’Élisabeth Louise Vigée Le Brun, portrait célèbre d’une femme noble russe, peint en l’an 1796. D’autre part, l’exposition Sakahàn, par exemple, a mis en lumière l’art autochtone contemporain de toutes les régions du monde. Vu le succès impressionnant qu’a été cette exposition, elle se poursuivra après le départ de Mayer.
Pour l’instant, il est impossible de dire qui prendra la relève de Mayer, mais, selon Ménard, la continuation de la mise en valeur de l’art amérindien, inuit et métis demeurera une priorité pour le Musée.