
Forum Social des Peuples: « Ensemble, nous sommes solides » – Nicole Mayor
Par Marc-André Bonneau
Ayant pour objectif de réunir la gauche, le Forum social des peuples a rassemblé près de 2000 participants sur le campus de l’Université d’Ottawa (U d’O). Selon les plans des organisateurs, du 21 au 24 août, plus de 400 ateliers ont eu lieu dans les salles de classe. Les militants se sont réunis dans une marche qui s’est conclue devant le parlement.
Le rassemblement a été présenté en tant qu’espace public critique qui permet de dynamiser les militants pour articuler une réponse quant aux formes de gouvernance actuelles. Les ateliers ont touché 16 différentes thématiques, couvrant des sujets tels que la gouvernance, l’alimentation, l’étude des genres ainsi que les droits des autochtones.
Un pow-wow et d’autres activités portant sur l’art et la résistance se sont déroulés sur la rue Sparks, au cœur du centre-ville. Une série de projections de films activistes et une vigile pour Gaza ont aussi marqué l’événement. Plusieurs ateliers ont été traduits simultanément par un service mis en place par les organisateurs.
Un événement « historique »
En entrevue avec La Rotonde, Roger Rashi, l’un des principaux organisateurs du Forum, a affirmé que ce rassemblement de grande envergure a été possible suite à une décision des mouvements sociaux québécois en 2011. Il était nécessaire de « développer une forme d’action commune contre la droite, notamment contre le gouvernement Harper. C’est ce qui a lancé ce qu’on voit [au Forum] », remarque-t-il.
M. Rashi a expliqué que « le plus grand défi a été un défi politique […]. Nous partions d’une réalité qui est très peu connue au Canada anglais. Il fallait expliquer que sont les forums sociaux, leurs objectifs, leur organisation et les dynamiques que crée l’événement ». L’organisateur a soulevé que la situation est différente au Québec, où des forums sociaux mondiaux ont déjà été organisés dans le passé. Ce déséquilibre a été un défi important pour le succès de l’événement, puisqu’il touchait directement à la capacité de rassembler.
Imposante présence syndicale
Le Forum a été marqué par une forte présence de syndicats. Plusieurs regroupements ont profité de la mobilisation pour afficher leur présence, notamment en distribuant du matériel promotionnel.
Questionné sur l’influence des rassemblements de travailleurs, M. Rashi a affirmé que « si ce n’était pas de la contribution syndicale, on n’aurait jamais eu de Forum. C’est le cas de tous les forums sociaux mondiaux. Sans leur contribution, c’est impossible de les tenir. Mais d’autre part, les syndicats sont très conscients que s’ils ne construisent pas de passerelles avec les autres mouvements sociaux, ils sont eux-mêmes condamnés à échouer ».
Certains groupes, tels que l’Alliance de la Fonction publique du Canada, ont aussi donné plusieurs ateliers, notamment sur la commercialisation des services publics. D’autres rencontres ont porté sur les luttes syndicales, telles que sur l’influence du mouvement syndical en Palestine.
Le comité des jeunes de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), qui a pour mandat de représenter la position des jeunes travailleurs, a affirmé que le Forum a été « une occasion d’échanger avec d’autres organisations et de voir ce qui se fait ailleurs. On peut s’inspirer des bonnes pratiques des autres. Mais c’est aussi une occasion de mobilisation ». De plus, le comité a évoqué que « les liens [tissés] avec d’autres organisations pourront peut-être ultérieurement mener à des actions communes et concertées ».
Un but : la convergence
Le Forum s’est terminé par des ateliers de convergence, lors desquels des porte-paroles ont présenté des pistes de réflexion identifiées par des plus petits groupes avant la fin du rassemblement. L’exercice a permis aux porte-paroles de différents regroupements de partager des pistes d’action concrètes sur des sujets précis.
« Les élections de 2015 ont joué un rôle clé pour créer la dynamique qui anime le Forum. Cela ne veut pas dire que tous les groupes qui sont ici ont la même stratégie par rapport à 2015 », a toutefois expliqué M. Rashi.
Gabriel Nadeau-Dubois, présent à plusieurs activités du Forum, a lui aussi indiqué que l’événement permettrait « de créer des solidarités, des alliances afin d’éviter une réélection conservatrice en 2015 ». Ce dernier a évoqué qu’il espère que « des pistes d’action et des propositions concrètes » soient mises de l’avant pour éviter que les Conservateurs demeurent au pouvoir.
« Ce qu’on propose, c’est que le Forum soit non pas un forum apolitique, mais qu’il soit en dehors de la politique politicienne. Nous n’allons pas prendre parti pour des partis politiques, mais plutôt pour une forme d’action commune des mouvements sociaux, qui va pouvoir remettre la pression sur les structures politiques », a mis de l’avant M. Rashi.
L’organisateur a conclu notre entrevue en mettant de l’avant que le Forum a fourni, pour la communauté universitaire, « énormément de matériel à étudier et à discuter ». Il reste à voir ce qu’en fera cette dernière.