Le Département de recherche de la Faculté des arts a tenu sa dernière conférence de la saison 2013-2014. Le Phédon ou les dernières heures de Socrate s’inscrit dans un programme annuel organisé par le Département de recherche, intitulé « les trésors de la bibliothèque » et qui a pour objectif de donner une analyse contemporaine des livres rares de la bibliothèque de l’Université.
Phédon est l’œuvre choisie par Catherine Collobert, conférencière de cet événement et professeure au Département de philosophie de la Faculté des arts à l’Université d’Ottawa. Son analyse se base sur la version traduite par Jean de Luxembourg, de 1538, dont la transcription fait partie de la collection de la bibliothèque de l’Université d’Ottawa. Cette œuvre constitue un dialogue dans lequel Platon raconte les dernières heures de Socrate et présente l’attitude du philosophe face à la mort.
Mme Collobert a commencé par expliquer que lors de son procès, Socrate ne semblait pas craindre la mort. Son discours ainsi que la manière par laquelle il est mort mettent plutôt de l’avant la sérénité qu’il avait lors de son exécution. « Socrate est mort comme il a vécu, en philosophe. La philosophie est une pratique qui nous permet de ne pas craindre la mort », affirme Mme Collobert en citant Platon. Phédon est alors une explication ainsi qu’une méditation sur la mort et la vie.
Pour expliquer ce postulat, Mme Collobert divise son analyse en trois parties qui traitent de la nature de la relation du corps avec l’âme. La première partie expose le dualisme de Platon et la place qu’occupent le corps et l’âme. Le corps est considéré comme une habitation, l’âme habite le corps et elle part du corps pour vivre une existence séparée. L’âme est perpétuelle et autonome comparativement au corps, car un corps sans âme n’existerait pas mais l’âme existerait sans le corps. Ces deux instances entretiennent une relation d’opposition. L’âme est à la fois perçue comme étrangère au corps tout en le dominant, mais d’un autre côté, le corps détourne l’âme de sa pensée et la maintient dans l’ignorance. Néanmoins, la satisfaction des besoins du corps demeure nécessaire pour la continuation de l’âme.
Le corps présenterait alors un obstacle à la réalisation des désirs de l’âme, ce qui constitue le thème de la seconde partie de l’exposé. Socrate part de l’affirmation que l’âme demeure la priorité de cette coexistence et qu’il est important alors que l’âme ne soit pas aliénée par le corps. La réponse qu’il a donnée à cette problématique est la philosophie « seul lorsque la philosophie s’empare de l’âme que cette dernière n’est plus aliénée », explique Mme Collobert.
Cette explication amène au troisième point de l’analyse, qui parle de la relation optimale entre l’âme et le corps, qui se traduit par la présence de la philosophie.
Mawy Bouchard, professeure agrégée au Département de français et présentatrice de cet évènement, s’est dite satisfaite de la conférence. « C’est une belle conférence pour clore la saison dans la mesure où elle nous amène au début de nos traditions philosophiques avec Platon, au même temps qu’elle nous fait toucher à un moment tournant de la culture européenne avec la renaissance via cette traduction de Jean de Luxembourg, un humaniste qui a revisité les textes de l’Antiquité et qui a permis une relecture des idées de Platon », souligne-t-elle.
Les participants à la conférence ont pu feuilleter le manuscrit de cette œuvre traduite et qui fait partie des trésors de la bibliothèque de l’Université d’Ottawa.