
Le site du Fulcrum rapidement rétabli après un piratage informatique
Par Alex Benimana
Victime d’une attaque informatique dans la nuit du 29 au 30 juin, The Fulcrum, le journal indépendant en anglais de l’Université d’Ottawa, avait vu le contenu de son site Internet totalement effacé. Le site est de nouveau fonctionnel après quelques jours.
« Tout avait disparu »
Il était une heure du matin le dimanche 30 juin lorsque Matt Gergyek, rédacteur en chef du Fulcrum, a reçu un message inhabituel sur Twitter. Le compte Canadian University Press, partageant automatiquement les nouvelles publications, affichait alors le dernier, ou plutôt seul article sur le site du Fulcrum. Intitulé « Le torchon anti-syndicat voit son site effacé en entier», il avait pour seul contenu l’annonce que le journal avait été annulé, avec l’illustration d’un jeune homme pointant un majeur en l’air. L’article était signé « She Who Must Not Be Named ».
Une journaliste travaillant pour le Saskatchewan Chief, alertée par la publication Twitter, a alors contacté Matt, sorti de chez lui à ce moment-là. Ce dernier n’a eu accès à son ordinateur qu’à deux heures du matin pour constater des dégâts. « Tout avait disparu, à part un seul article» à son arrivée, a-t-il confié à La Rotonde. « Les pages de contacts, la page à propos; il n’y avait rien dans la corbeille, toute la structure du site même avait disparu. »
Une sauvegarde de secours disponible
La première réaction de Matt a été de contacter le directeur général du Fulcrum, Dorian Ghosn, qui était encore debout heureusement. « C’est la personne responsable du site Internet, qui communique avec l’hébergeur pour les choses telles que les mises à jour ». Par un compte d’administrateur, le rédacteur a alors pu sécuriser le site et l’accès aux comptes de réseaux sociaux. « C’est tout ce que je pouvais faire à ce moment-là, et on a commencé à réfléchir à l’annonce à faire le lendemain, et décider quelles seraient nos prochaines actions ».
L’unité de cybersécurité de la police d’Ottawa a été alertée dès le lendemain, ainsi que l’hébergeur du site qui disposait de sauvegardes de secours sur les serveurs. Le site du Fulcrum a pu être remis en ligne le 2 juillet. La sauvegarde de secours a initialement rétabli le contenu jusqu’en avril. Il manquait encore la trentaine d’articles écrits depuis à ce moment, l’équipe du Fulcrum travaillant encore au rétablissement total du site. Les articles rédigés jusqu’en fin juin sont désormais disponibles.
Un coupable difficile à identifier
« Nous n’avons pas identifié de virus ou logiciel tentant d’outrepasser la sécurité, le hacker utilisait probablement un programme tentant un grand nombre de mots de passe pour accéder au site. » a affirmé Gergyek. La police d’Ottawa tente actuellement de tracer la source du piratage.
The Fulcrum, comme La Rotonde, a eu à documenter des sujets sensibles ces dernières années, s’attirant au passage l’antipathie de certains. Plusieurs controverses ont éclaté, notamment des accusations de fraude au sein même de la Fédération étudiante de l’Université d’Ottawa, ayant mené à un référendum pour les étudiants, puis son remplacement par un nouvel organisme. Le journal n’a non plus jamais hésité à prendre une position forte, comme face aux politiques du gouvernement ontarien qui menacent directement le financement de la presse universitaire entre autres.
« Tout le monde avait le cœur brisé par cette affaire. » a expliqué Anchal Sharma, ancienne rédactrice en chef et membre du conseil d’administration au Fulcrum aux micros de CTV News. « Nous avons eu des critiques dans le passé de personnes en désaccord avec nos publications, mais personne ne pensait qu’une chose pareille pouvait arriver». Elle a par ailleurs également condamné le piratage via sa page Twitter, affirmant que « [c’était] une attaque flagrante contre le journalisme étudiant » et qu’elle était « incroyablement déçue que cela soit arrivé. »
Pour Matt, c’est « une partie de l’identité de l’Université d’Ottawa qui a failli disparaître » Cependant, selon lui, le rétablissement rapide et tout le soutien reçu par la communauté universitaire et journalistique « montrent au hacker que [cet évènement] [les] a rendus plus forts. »